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Journée de la femme au Mali : la fête dans la division !

Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, célèbre aujourd’hui la Journée internationale de la femme sous le thème : « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement ». Le gouvernement du Mali, à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a retenu le thème national : « L’autonomisation des femmes et des filles, à travers l’engagement de tous contre les Violences basées sur le Genre ».

Ce thème est loin de refléter le comportement des femmes qui se crêpent le chignon, depuis plus d’une année, pour le contrôle de la principale organisation féminine, la CAFO. À cause de cette guerre de clan, les femmes du Mali sont plus que jamais dispersées, oubliant du coup leurs place et rôle dans la lutte contre les VBG.

Hier jeudi, à seulement quelques heures de la fête consacrée à la femme, le siège de la principale organisation féminine du Mali était déserte. Pire, les responsables des associations s’y font rares comme de la neige à Nioro du Sahel. Nous avons fait un tour au siège de la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali (CAFO). Il est 10 heures, lorsque notre équipe de reportage arrivait sur les lieux. Contrairement aux autres années, une ambiance très ennuyeuse prévalait à cet endroit, qui abritait les avant-goûts de ce rendez-vous festif. Mais cette année, les portes des bureaux étaient fermées à double tour. Seule l’épouse du gardien était dans la cour en train de faire son ménage.

Une heure après notre arrivée, une femme se présente enfin. C’est Mme Fanta DIAPRA, la présidente de l’association, pour l’aide aux jeunes filles déscolarisées, membre de la CAFO. Selon elle, la Cafo a deux tendances, notamment celle de Mme TRAORE Oumou TOURE et de DEMBELE Oulématou SOW.

« Nous, nous ne reconnaissons qu’une CAFO qui est celle dirigée par Mme TRAORE Oumou TOURE. Maintenant, c’est Mme KEITA Fanta DAMBA qui assure l’intérim de cette CAFO en attendant une Assemblée générale élective », a-t-elle lancé.

La crise scolaire s’invite dans le débat

Pour les préparatifs de la journée d’aujourd’hui, Mme DIARRA a tenté nous rassurer : « C’est vrai que l’ambiance n’est pas comme les années précédentes, mais on fera quelque chose. Les responsables sont en villes dans des rencontres. On se réunira certainement après leurs activités de la ville », a-t-elle dit, la voix hésitante. Cependant, Mme DIAPRA nous a confié qu’elle n’a pas trop le cœur à cette fête, cette année. Selon elle, les femmes ne peuvent pas faire la fête avec leurs enfants (les élèves) qui sont dans la rue. Moi personnellement, je n’ai pas trop la tête à une quelconque fête », a-t-elle dit.

Rappelons que la CAFO est un regroupement d’ONG et d’Associations féminines du Mali qui veut contribuer à valoriser le statut de la femme par des activités de formation et d’information, de plaidoyer et de lobbying. Elle apporte un appui technique à ses membres, à travers des activités d’appui-conseil et d’orientation en matière de recherche de financement. Elle assure l’interface entre ses membres et les autorités publiques.

Le camp Houley dans son coin

Au même moment, le camp Mme DEMBELE Oulematou SOW, présidente de la FENACOF et de l’autre tendance de la CAFO se bat de son côté. Selon nos informations, Mme DEMBELE et ses camarades célébreront la journée du 08 mars avec leurs homologues de San.

« Nous allons faire cette fête avec les femmes de San, pour prouver à nos à sœurs de l’intérieur que la fête du 08 Mars n’est pas à Bamako seulement », a dit une de ses proches. Elle a garanti que dans la mouvance de la journée du 08 mars, la tendance Houley poursuivra sa tournée dans les autres régions du Mali.

Rappelons que l’affaire de la CAFO se complique au jour le jour. Elle continue de diviser les femmes maliennes, à créer la haine entre elles, surtout dans cette mouvance de 08 mars où chaque tendance veut être vue sur l’estrade nationale. En effet, depuis l’Assemblée générale extraordinaire du 30 décembre 2017 lors de laquelle Mme Dembélé Oulematou Sow a été élue présidente par une partie des membres de la CAFO, le torchon brule entre ce nouveau bureau et la tendance déchue dirigée par la présidente intérimaire proposée par l’ex-ministre Oumou Touré. Les deux tendances se sont retrouvées devant la justice. Dans un premier temps, l’affaire a été jugée au tribunal de la commune III et la tendance Oulematou Sow a dit avoir gagné le procès. Quand elle a voulu s’installer, le camp Oumou s’est opposé durant des jours.

« Malgré notre victoire, nous n’avons pas voulu d’affrontements. On a accepté à ce que le bureau soit fermé pour attendre le verdict de la cour d’Appel comme elle (la tendance Oumou) a déjà fait Appel », nous relate un membre du bureau dirigé par Mme DEMBELE Oulematou Sow. Et depuis, le siège est fermé et ne s’ouvre qu’occasionnellement. Faut-il le rappeler, ledit siège est encore sous le contrôle de la tendance Oumou.

L’indifférence du Département de tutelle

Quant au ministère de la Promotion de la femme, l’enfant et de la famille, selon nos informations, elle n’a entrepris aucune initiative pour instaurer un dialogue entre les deux parties. D’ailleurs, elle été claire lors d’une réunion préparatoire de la journée du 08 mars. « Nous ne donnerons aucun sous à la CAFO cette année. Si une association veut être financée, qu’elle monte son projet, en nom son propre. Je ne vais pas entrer dans une situation de mésentente. Pour l’instant, la CAFO ne figure plus sur la liste des priorités de mon département », a-t-elle lancé lors d’une réunion. Toute chose qui nous fait croire que cette guerre entre les femmes leaders de notre pays n’est point une priorité d’un département qui a pourtant la vocation de réunir toutes les femmes pour un Mali apaisé.

En tout état de cause, la fête du 08 mars de cette année est loin d’être un symbole de cohésion et d’unité des femmes du Mali, dans le contexte actuel. Les autres leaders de la société civile sont donc interpelés, pour dire que la question de décrispation au Mali ne se limite plus au seul niveau politique.

PAR CHRISTELLE KONE

Source: info-matin.

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