Le Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM) a organisé, du 24 au 31 décembre 2017, les premiers Jeux nationaux de la jeunesse à Bamako. Une première qui a vu le jour grâce à la persévérance du président du Cnosm, M. Habib Sissoko, déterminé à mettre à contribution les valeurs fédératrices du sport et de l’olympisme pour re-cimenter l’unité nationale en dislocation.
«Le rugby, comme le football, le cricket et les autres sports collectifs, a vraiment le pouvoir de guérir les blessures» ! Une conviction signée du très regretté Nelson Mandela (Né le 18 juillet 1918 à Mvezo et mort le 5 décembre 2013 à Johannesburg, en Afrique du Sud). Boxeur amateur et pourfendeur de l’apartheid, l’ancien président sud-africain fut un homme des sports.
Panser et guérir les blessures sociopolitiques, qui ont brisé le solide ciment de l’unité nationale, est l’un des grands défis à relever pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. Créer un espace de fraternisation entre les jeunes du pays est donc l’une des meilleures stratégies pour rapprocher les cœurs, réconcilier les esprits, faire de notre diversité ethnique un atout et non un handicap et tourner la dramatique page de nos profondes divisions qui ont conduit la République laïque au bord du précipice. On comprend alors toute la pertinence et la noblesse de l’initiative du Comité national Olympique et sportif du Mali (Cnosm) : l’organisation des premiers Jeux nationaux de la jeunesse !
De Kayes à Kidal, de Bamako à Taoudéni, les jeunes du Mali se sont retrouvés pour communier et fraterniser à travers le sport. De nouvelles amitiés ont été tissées, des relations nouées pouvant aboutir à l’union des cœurs sans autres considérations que la force de l’amour. Le sport est souvent plus puissant qu’un tsunami quand il s’agit de briser les barrières entre des individus, entre des communautés, entre des peuples. «Sur le ring, le rang, l’âge, la couleur de peau ou la richesse n’ont plus cours», disait Madiba (Nelson Mandela), un grand pugiliste sur le ring et dans l’arène politique qui a mis KO l’apartheid à partir de ses geôles de Robert Island.
Ainsi, pour la première fois dans l’histoire du sport malien, le Cnosm a organisé des Jeux nationaux ayant enregistré la participation des dix régions administratives du pays ainsi que le district de Bamako. Une belle opportunité offerte aux jeunes du Mali de fraterniser dans 7 disciplines. Il s’agissait du football féminin en salle (6X6), du basket (3X3), de l’athlétisme, du karaté, du taekwondo, du handball et du volley-ball. Près d’un millier de jeunes sportifs et leurs encadreurs ont pris part à ce fantastique rendez-vous d’une semaine. Et cela grâce au sacrifice financier (un budget d’au moins 70 millions Fcfa) accepté par Habib Sissoko et son équipe ainsi que ses sponsors (Sotelma/Malitel et PMU-Mali), car conscients de l’importance des enjeux d’une telle rencontre. Surtout au moment où les filles et les fils du pays étaient également rassemblés autour de l’art et de la culture à travers l’édition spéciale de la «Biennale artistique et culturelle».
Un rêve réalisé pour rehausser l’image du Mali
«Depuis plusieurs années nous avons nourri l’espoir de créer pour notre jeunesse un espace de communion et de fraternisation. Ce vœu était devenu nécessaire face aux menaces diffuses et persistantes qui tentent d’hypothéquer l’avenir», a précisé Habib Sissoko, président du Cnosm, à l’ouverture des jeux. «Les enfants du Mali de brassage, de convivialité et de solidarité semblaient condamnés à la perte de repères culturels et historiques. Alors, le Mouvement Olympique et Sportif a tenu à assurer ses responsabilités», a-t-il ajouté.
Malgré «l’immensité de la charge», le Cnosm s’est engagée depuis 2012 à faire de tous les lieux de rencontres sportives nationales, continentales et mondiales, «des moments de glorification du Mali». Ainsi, la surprise du monde fut grande quand la délégation malienne s’est présentée avec enthousiasme et fierté aux Jeux olympiques de «Londres 2012» alors que le pays traversait une grave crise institutionnelle et sécuritaire.
Un peu plus de 5 ans plus tard, c’est «dans un esprit de paix et de cohésion patriotique» que près de mille jeunes Maliens (environ 900 participants) ont participé aux 1ers Jeux nationaux de la jeunesse. Une première qui est la concrétisation d’un vieux rêve si cher au président Habib Sissoko au point de lui couper le sommeil. «Voilà que notre rêve se réalise. Du 24 au 31 décembre 2017 Bamako a abrité les Jeux nationaux de la jeunesse malienne, les premiers de l’histoire du Mouvement olympique national», s’est-il légitimement réjoui. «Ce rassemblement sportif fera date, eu égard au jeune âge des athlètes… En ce moment de reconstruction de la conscience nationale ébranlée par tant de défis, le sport doit prendre toute sa part dans la quête de l’unité de notre pays», a déclaré le président Sissoko.
Un pari gagné par le Cnosm au bénéfice de la nation
Intégrant des valeurs d’éveil et d’éducation de la jeunesse, cette initiative est une précieuse contribution à «la naissance de la citoyenneté nouvelle» indispensable à l’émergence du Mali nouveau ! Et il est indéniable que les Jeux nationaux, comme la biennale, ont contribué au «raffermissent de la foi de notre jeunesse en un avenir radieux pour la patrie et pour les institutions sportives nationales». Et comme l’a rappelé si pertinemment le président du Cnosm et la Zone II de l’Association des comités nationaux d’Afrique (ACNOAZ), «la force de la jeunesse rend le Mali plus fort et plus conquérant». En favorisant le dialogue entre les participants, ces jeux ont suscité un contact fructueux garantissant «la culture de la bonne gouvernance et l’unité du monde sportif national».
À l’ouverture, Habib avait souhaité que ce rendez-vous soit «un accélérateur de la cohésion nationale» afin de conforter la place du sport dans le rayonnement international de notre pays. Pour les observateurs, c’est un pari gagné aujourd’hui. Et cela grâce au soutien du président de la République et de son épouse, du ministère des Sports, du président Thomas Bach du CIO… C’est d’ailleurs dans «l’esprit de l’Agenda 2020», que le CNO du Mali a également placé ces jeux. Il a réaffirme du coup son adhésion aux recommandations prioritaires de programme, à savoir l’accès universel des activités physiques et sportives aux femmes et aux hommes de tous âges ; l’optimisation de la contribution du sport au développement durable, à la paix et la protection de l’intégrité du sport.
Au finish, le bilan est positif, car, même si le sport exige un vainqueur (district de Bamako) et un vaincu, ce sont les jeunes qui sont sortis victorieux de cette rencontre ayant contribué à garder constamment «la jeunesse malienne éveillée et orientée essentiellement vers des objectifs nationaux». Elle a forgé un cadre idéal d’unité pour permettre aux jeunes Maliens de contribuer au combat de la paix et de la cohésion nationale. L’esprit dans lequel les compétitions se sont également déroulées augure d’un «futur palpitant du sport malien dans un Mali apaisé et prospère».
Cet espoir est légitime car loin du domaine des vœux pieux. En effet, Nelson Mandela, un grand sportif, dans l’âme et dans le cœur, n’a jamais caché sa conviction que «le sport a le pouvoir de changer le monde, le pouvoir d’inspirer, d’unir les gens comme personne. Le sport peut réveiller l’espoir quand il n’y a pourtant désespoir et tout autour». Le Cnosm a ressuscité cet espoir. Il est du devoir de nous tous (Etat, Collectivités territoriales, presse, sponsors…) de l’aider à garder le flambeau allumé pour toujours !
Moussa BOLLY
Le Reporter