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« Jeunesse : Le Mali, c’est vous »

C’est par ces quelques mots sous forme de serment que Modibo Keita, renversé par le coup d’Etat de 1968, s’adressant aux jeunes, a dit adieu au peuple Malien. Avant d’être emporté par son destin, le premier Président de la jeune République du Mali avait encore quelque chose à dire à la jeunesse de son pays. A méditer au matin de la reconstruction.

C’était il y a cinquante ans exactement, un coup d’Etat militaire mettait fin à 8 années de présidence de Modibo Keita et sonnait le glas de la Première République du Mali. Alors qu’il était prévu qu’il soit déjà revenu à Bamako, en ce matin du 19 novembre 1968, l’homme qui est à bord du bateau « Général A. Soumaré » n’est déjà plus le chef de l’État. Mais il s’apprête à rentrer dans l’histoire. Tandis qu’à Bamako, c’est le chaos et quelques tanks de l’armée patrouillent dans les rues, le « Général A. Soumaré » a poursuivi son périple jusqu’à Koulikoro. Une foule grandissante s’est rassemblée à la descente du bateau pour écouter le dernier message du Président déchu. C’est à la jeunesse qu’il choisit d’adresser son dernier message : « prenez le flambeau et tenez-le bien haut. Il faut veiller, car le Mali ne sera que ce que vous en ferez ». C’était il y a cinquante ans. Et ces paroles raisonnent encore, comme une prémonition.

Je viens de relire l’ouvrage du Professeur Tidiane Diakité « Appel à la jeunesse Africaine ». La première des leçons que j’ai tirée des écrits du Professeur Diakité, c’est qu’il n’y a pas de fatalité : le développement est un cheminement dont il faut respecter les étapes. Le second enseignement, et c’est mon propos du moment, c’est que la jeunesse Africaine ne doit pas désespérer de son avenir parce que cette terre n’est pas maudite. Et précisément, de Bamako à Tombouctou, de Ménaka à Mopti, de Kayes à Taoudeni, la jeunesse Malienne est sacrée à cause des périls qu’elle a traversés. Mais la jeunesse c’est la ressource d’un pays, c’est sur elle que se construit la refondation.

Aujourd’hui, à mon tour et en souvenir de nos anciens, je m’adresse directement à cette force vive : croyez en votre avenir, ne cédez pas aux prosélytes du radicalisme que sont Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin, ne croyez pas ceux qui vous promettent une revanche collective, n’écoutez pas les vendeurs de fanatisme. Les vidéos du JNIM ne sont que mises en scène destinées à vous affaiblir, leur propagande 2.0 ne cherche qu’à vous embrigader pour vous utiliser. Iyad ag Ghaly et ses derniers hommes de main ne sont que des marchands de mort.

Votre avenir, c’est celui du Mali. La jeunesse c’est l’espérance. Moi qui ai largement dépassé l’âge respectable des cinquante ans, j’envie cette jeunesse, cette énergie, cette capacité à rêver, j’ai envie d’embrasser avec vous l’avenir parce que c’est le défi qui nous attend. Ce défi, c’est vous, « la jeunesse », qui le porté.

Et n’oubliez pas ce que disait déjà en 1968 un de nos anciens: « le Mali, c’est vous ».

Aïcha Sangaré

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