Dépositaires et gardiens de nos valeurs de civilisation, les chasseurs traditionnels travaillent à la préservation et à la promotion des aspects positifs et séculaires du savoir communautaire, du savoir être et du savoir-faire de la société. Les associations de chasseurs ont réussi à insuffler une nouvelle vitalité à la recherche sur les traditions africaines.
Les chasseurs traditionnels ont un rôle de premier plan à jouer dans la société de nos pays respectifs. La Confrérie des chasseurs (donsos) fut fondée il y a plus de 2000 ans. Les premiers créateurs furent un couple de cultivateurs. Le culte était alors appelé ‘’Santéné Manimouri’’. Il sera rebaptisé ‘’donso’’ beaucoup plus tard. Les chasseurs seront ensuite associés aux rois des empires en tant que gardiens et protecteurs des souverains.
D’autres sources affirment qu’au 13e siècle, le Mali a été déchiré par des conflits interethniques, menacé par les incursions des esclavagistes maures ou arabes. Les chasseurs s’unirent alors derrière Soundjata Kéita pour reconquérir et pacifier un vaste territoire qui deviendra l’Empire du Mali. Par la suite, ils s’impliqueront, parfois violemment, dans la défense des populations opprimées, pour la justice et la paix. D’autres diront que les chasseurs furent les premiers à s’élever contre l’esclavagisme. Ils furent de tout temps et sont encore aujourd’hui protecteurs et guérisseurs ; ils veillent à la sécurité de la communauté. Défenseurs des valeurs traditionnelles, ils revendiquent l’équité et s’insurgent contre la corruption et la perte des principes moraux.
La Confrérie des chasseurs constitua donc un pouvoir parallèle, le refuge de tous ceux qui étaient pour un ordre moral et une politique juste. Ils prônaient la protection des femmes, des orphelins, des faibles et de l’étranger. Cela concernait aussi l’abolition de tout privilège par le sang et la race (…) la liberté d’aller et de venir, la prospérité retrouvée, la proclamation d’une patrie multiraciale.
Des tarés déguisés en ‘’donsos’’
Malheureusement, nous constatons que certains tarés déguisés en ‘’donsos’’ tuent les Peulhs au centre du Mali, précisément dans les villages de la zone de Mopti !
Eux et leurs complices tapis dans l’ombre ne réussiront pas à déchirer le tissu social. Puisqu’une chose est claire, c’est que le Malien est singulièrement plus qu’un Songhaï, un Bambara, un Touareg, un Sénoufo, un Bwa, un Malinké, un Arabe, un Bellah, un Kassonké, un Minianka, un Bozo, un Dogon, un Samogo, un Soninké, un Peulh …
Ce n’est pas aux Peulhs de se défendre, mais à nous tous de parler en leur nom. Le Peulh ne parle pas pour se défendre malgré sa pénitence. Avant même que le Grec Esope ne dise que «la langue est la pire des choses», les Peulhs disaient ceci: d’emngal ko joomamum (la langue est l’ennemi de son propriétaire) et d’emngal ko nafaka (la langue est utile). Personne n’est né avec la haine pour l’autre, mais en tuant l’autre, en mortifiant l’autre, celui-ci peut produire l’imbuvable. Bon sang ! Cessez de tuer des gens parce qu’ils sont des «fulaws», des «poullos», des «fulanis». Putain ! Freinez votre animosité contre des gens dont l’amour est chevillé même sur leurs outres !
Inna Maïga
Source: Le Démocrate