Issouf Yago, Politologue, explique dans un entretien qu’il nous a accordé, ce qu’est la démission du président, quels sont les critères qui peuvent l’amener, mais, surtout, dans le cas du Mali, quels sont les risques pour nous. Interview.
Le Flambeau : Pourquoi de plus en plus de Maliens réclament la démission du Président de la République ?
Issouf Yago : En principe, la démission est un acte volontaire du détenteur d’une charge publique qui peut estimer à un moment donné ne plus être en mesure d’exercer sa fonction, voire éprouvée des difficultés à accomplir convenablement les charges incombant à sa mission. En effet, il y a des cas où la personne concernée engage sa responsabilité personnelle sur un projet de réforme institutionnelle comme ce fut le cas du Général De Gaulle, après l’échec du Référendum du 27 avril 1967 sur le Sénat et la régionalisation.
Enfin, il y a des cas où le Président est contraint à la démission et cela s’apparente à une interruption de l’ordre institutionnelle aux allures de « coup d’Etat » qui ne dit pas son nom.
Maintenant, pourquoi les Maliens réclament la démission du Président IBK ? Chacun a ses raisons, mais d’aucuns pensent que les gouvernants ne font pas assez face à la montée de l’insécurité.
Mais nous pensons qu’appeler à la démission du Président n’est pas la solution face à la menace terroriste, car le seul départ du Président ne mettra pas fin au problème. Il faut plutôt l’union sacrée autour des institutions de la République, car l’un des objectifs est de nous braquer les uns contre les autres…
La démission du Président ne va-t-elle pas entraîner une instabilité politique ?
L’hypothèse d’une démission du Président ne semble pas être la solution aux problèmes actuels du Mali. Elle ne réglera rien et bien au contraire va contribuer à affaiblir les institutions du Mali. La démission quasi forcée de l’ancien Président n’a pas été une solution et plus loin, récemment en Bolivie depuis la démission forcée d’Evo Morales, le pays connait une crise politique avec les conséquences dont on ignore pour l’instant.
Ce dont le Mali a besoin aujourd’hui, c’est l’union pour faire face à l’ennemi commun qu’est le terrorisme et les menaces connexes au-delà des contingences et des colorations politiques car il s’agit de l’existence de la Nation qui est en jeu.
Affaiblir les institutions par ces périodes serait contreproductif et fera le jeu des ennemis qui n’attendent que cela pour étendre leur influence sur d’autres régions du pays.
Aujourd’hui, au Mali, quelles peuvent être les conséquences d’une instabilité politique ?
Les conséquences d’une pareille situation, dont on ne le souhaite pas, ne seront pas uniquement politiques mais beaucoup plus globales. Elle aura un sérieux impact sur l’économie malienne, sur les institutions et peuvent même contribuer à une désorganisation de l’appareil militaire. Aujourd’hui : l’essentiel est ailleurs : C’est de Sauver le Mali et cela passe par des postures responsables et pleine de lucidité de part et d’autre ; du côté des gouvernants et que des gouvernés. Comprendre que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine au cours de laquelle nous perdrons certainement beaucoup de batailles, mais le plus important est de gagner la guerre en démontrant que nous sommes : Un Peuple-Un But-Une Foi.
Propos recueillis par Soumba Diabaté
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