Le général Ariel Sharon, ex-Premier ministre et ancien homme fort de la droite israélienne, s’est éteint samedi après-midi au terme d’un coma de huit ans.
Si les hommages se sont multipliés côté israélien, les dirigeants palestiniens ont eux qualifié Ariel Sharon de “criminel” et déploré qu’il n’ait jamais été traduit devant la justice internationale.
“L’hôpital Sheba à Tel Hashomer annonce avec tristesse le décès de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon qui a été prononcé il y a une heure”, a déclaré le professeur Shlomo lors d’une conférence de presse.
La nouvelle avait été annoncée plus tôt par les services du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le fils du défunt.
“Il n’est plus, il est parti quand il l’a décidé”, a indiqué Gilad Sharon à l’hôpital Sheba, près de Tel-Aviv, où son père était hospitalisé, dans des propos diffusés par la chaîne 2 de télévision.
L’état de santé d’Ariel Sharon, qui n’avait pas repris conscience depuis une attaque cérébrale le 4 janvier 2006, s’était détérioré depuis le 1er janvier et avait empiré ces dernières heures.
Plusieurs personnalités publiques israéliennes ont rendu hommage à l’ex-Premier ministre, surnommé “le bulldozer”.
“Mon cher ami Arik (diminutif d’Ariel) Sharon a perdu sa dernière bataille aujourd’hui”, a déploré le président Shimon Peres dans un communiqué.
“Arik était un soldat courageux et un dirigeant audacieux qui aimait sa nation et que sa nation aimait”, a-t-il ajouté.
“Il fut un des plus grand protecteurs d’Israël et un de ses plus importants architectes”, a-t-il estimé, en soulignant qu’il “ne connaissait pas la peur”.
La ministre de la Justice, Tzipi Livni, également chargée des négociations avec les Palestiniens, a exprimé sa “grande tristesse”.
Ariel Sharon restera dans l’Histoire comme l’artisan en 1982 de l’invasion du Liban, alors qu’il était ministre de la Défense, mais aussi comme le chef de gouvernement israélien qui aura évacué les troupes et les colons de la bande de Gaza en 2005.
Une commission d’enquête avait conclu à sa responsabilité pour n’avoir ni prévu ni empêché les massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982, perpétrés par une milice chrétienne alliée d’Israël.
Il avait été contraint à la démission, ce qui ne l’avait pas empêché de devenir Premier ministre en 2001, poste auquel il avait été réélu en 2003.
“Sharon était un criminel, responsable de l’assassinat d’Arafat et nous espérions qu’il comparaisse devant la Cour pénale internationale (CPI) en tant que criminel de guerre”, a déclaré à l’AFP Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, le mouvement du dirigeant historique palestinien.
Jusqu’à la mort en novembre 2004 de Yasser Arafat, qu’il avait fait assiéger par les chars israéliens depuis décembre 2001, Sharon avait multiplié les menaces à son encontre, nourrissant les soupçons d’un empoisonnement, qu’Israël a toujours nié.
Un porte-parole du Hamas, au pouvoir à Gaza, Sami Abou Zouhri a qualifié dans un communiqué la mort de Sharon d'”exemple pour tous les tyrans”.
“Notre peuple vit un moment historique avec la disparition de ce criminel aux mains couvertes de sang des Palestiniens et de leurs dirigeants”, a dit le porte-parole du mouvement islamiste, dont le fondateur, cheikh Ahmad Yassine, a été assassiné en 2004 par l’armée israélienne sur ordre de Sharon.
© 2014 AFP