Une parka noire, sans drapeau ni signes distinctifs. Si les joueurs de l’équipe nationale de football d’Iran ont choisi de rester couverts, mardi 27 septembre, pendant les hymnes précédant la rencontre entre leur pays et le Sénégal, organisée dans la banlieue de Vienne, la météo automnale autrichienne n’était pas à incriminer.
Les coéquipiers de Sardar Azmoun, star du football iranien, ont masqué leur maillot national, en protestation contre le régime de leur pays, alors que les manifestations suite à la mort de Mahsa Amini, interpellée par la police des mœurs pour ne pas avoir « correctement » porté le voile, se poursuivent malgré la répression. Au moins 76 personnes ont été tuées en une dizaine de jours, selon l’ONG Iran Human Rights.
A moins de deux mois de la Coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre), où la Team Melli (l’équipe nationale) doit affronter l’Angleterre, les Etats-Unis et le Pays de Galles, les joueurs iraniens ont décidé de défier le régime théocratique.
Sur Instagram, l’attaquant vedette de l’équipe a assumé son soutien au mouvement de protestation, qui se répand dans le pays. « La [punition] ultime est d’être expulsé de l’équipe nationale, ce qui est un petit prix à payer pour même une seule mèche de cheveux d’une femme iranienne. Ça ne sera jamais effacé de notre conscience, a écrit Sardar Azmoun, lundi. Je n’ai pas peur d’être évincé. Honte à vous d’avoir si facilement tué le peuple et vive les femmes d’Iran. » Son compte a été désactivé avant de réapparaître quelques heures plus tard. Comme lui, plusieurs autres internationaux iraniens ont marqué leur soutien aux manifestants en mettant un fond noir sur leur photo de profil.
« Je serai toujours votre soutien, je veux être le premier à l’être »
Mercredi, le joueur iranien, attaquant du club allemand du Bayer Leverkusen a de nouveau publié une story, s’excusant en outre auprès des autres joueurs si ses prises de position troublaient l’équipe. Mais Sardar Azmoun a réitéré son soutien aux femmes de son pays. Et il ne mâche pas ses mots contre le régime. « Mon cœur s’est vraiment brisé pour Mahsa Amini et les personnes innocentes. Ils ont quitté le monde et laissé une douleur dans le cœur des gens que l’histoire n’oubliera jamais, écrit le joueur de 27 ans, sur Instagram. Je serai toujours votre soutien quand quelque chose de mal vous arrivera, je veux être le premier à l’être. »
Cette protestation intervient alors qu’en Iran, les femmes sont toujours officiellement interdites de stade et doivent se grimer en hommes pour pouvoir assister à des matchs. En 2019, une jeune femme s’était immolée devant l’entrée d’un tribunal à Téhéran, de crainte d’être emprisonnée. Cette affaire avait poussé la Fédération internationale de football (FIFA) à émettre une directive pour que l’Iran ouvre les portes de ses stades au public féminin. Le régime l’a permis dans quelques cas, mais, en mars, 2 000 femmes ayant un billet pour un match contre le Liban n’ont pas été autorisées à assister à la rencontre.
Il vous reste 35.75% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.