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Invité Afrique : H. Konaté:«Le retour de la CMA à Anefis est une violation des accords»

La mise en œuvre de l’accord d’Alger est-elle en danger au Mali ? Quelles peuvent être les conséquences du regain de tension de ces dernières semaines dans la région de Kidal entre la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et les groupes pro-Bamako de la Plateforme ? Dernier épisode en date, ce vendredi, la CMA a repris le contrôle de la localité d’Anefis, quelques jours seulement après le départ des groupes pro-Bamako de la Plateforme qui les en avaient chassés fin août. La CMA estime que ce retour est «normal» mais pour le ministre malien en charge de la Reconstruction du Nord, Hamadoun Konaté, c’est une violation de l’accord d’Alger. Il était à Paris hier samedi 19 septembre, à l’occasion de la Convention de la section française de la majorité présidentielle.

Hamadoun Konaté ministre Solidarité Action Humanitaire ReconstructionRFI : Monsieur le ministre, comment est-ce que vous réagissez au retour de la CMA à Anéfis ?

Hamadoun Konaté : Nous condamnons ce retour de la CMA à Anéfis, simplement parce que le plan de règlement que la CMA a accepté prévoyait des mesures de règlement qui n’étaient pas le retour de la CMA à Anéfis.

Est-ce que ce n’est pas ce que demandait la communauté internationale en appelant à un retour des positions qui prévalaient le 20 juin ? A ce moment-là la CMA était à Anéfis.

La communauté internationale ne peut pas voir d’un bon œil le retour de la CMA à Anéfis. C’est une violation des accords, parce que c’est une violation du plan de règlement qui a préconisé la mise en place du mécanisme opérationnel de coordination et surtout la mise en place très rapide dans le mois de septembre des patrouilles mixtes. La communauté internationale a demandé que chacun reste dans ses positions. Mais elle n’a pas demandé que celui qui est chassé d’une position revienne occuper la position.
Donc nous condamnons cela fermement et nous demandons maintenant à la communauté internationale, et surtout aux médiateurs, d’appliquer et de faire appliquer le plan de règlement. Nous demandons même que la mise en place des patrouilles mixtes soit avancée, [et] que la Minusma, qui est présente aujourd’hui au niveau d’Anéfis, prenne toutes les dispositions en rapport avec toute autorité compétente pour qu’Anéfis soit libre de la présence de tout mouvement armé.

Vous pensez que la Minusma aurait dû s’opposer au retour de la CMA ?

La Minusma n’a pas soutenu le retour de la CMA, puisque la Minusma a dénoncé cela !

Mais elle n’est pas intervenue pour l’empêcher sur le terrain ?

Que je sache, elle n’est pas intervenue sur le moment, mais je sais aussi que la Minusma n’a pas vu cela d’un bon œil.

Ils auraient dû intervenir selon vous ?

Je ne réponds pas à cette question.

Que faut-il faire à présent ?

C’est que déjà la CMA entende raison et quitte Anéfis. Ça c’est la première chose à faire. Deuxième chose : que le plan de règlement soit mis en application immédiatement, qui ne prévoit nulle part le retour de la CMA à Anéfis. Anéfis n’est plus aujourd’hui une position de la CMA d’après le 20 juin [l’accord d’Alger NDLR].

Est-ce que ce n’est pas un revers tout de même, pour le président IBK qui a mis tout son poids pour obtenir le retrait, le départ du Gatia ?

Le président Ibrahim Boubacar Keïta a demandé que Anéfis soit libéré de la présence de la plateforme, conformément aux dispositions de l’accord. Ce qui a été fait. Que la CMA vienne occuper Anéfis, je ne vois pas en quoi c’est un revers pour le président Ibrahim Boubacar Keïta ! Je ne vois pas ! Le président de la République n’est pas un protagoniste au même titre que la plateforme, que la CMA, encore moins un protagoniste du Gatia, du MNLA, du HCUA ou du MAA.

C’est de nature à remettre en cause profondément la mise en œuvre des accords si cette situation perdure ?

Non. Rien ne peut remettre en cause la mise en œuvre des accords. Je crois que ça fait partie des illusions et des lubies qu’il faut mettre de côté. Bon gré mal gré, les accords seront mis en œuvre. Ce sont les amis de la paix qui prospèreront. Les ennemis de la paix seront combattus. Les dérapages possibles et prévisibles dans ce genre de processus sont en train d’arriver. Mais pour une fois, ce qui a perdu les accords passés ne prospèrera pas cette fois-ci.

Monsieur le ministre, dans ce contexte pensez-vous que les élections régionales et communales prévues le 25 octobre pourront se tenir ?

La non-tenue des élections n’est pas liée à cette situation-là. Elle est liée à des difficultés que les partis politiques ont eu à évoquer, qui ont fait l’objet de discussions au sein du cadre de concertation prévu à cet effet. Et le gouvernement, par un communiqué, a fait savoir qu’il était favorable à un examen bienveillant qui pourrait même déboucher sur des reports.

On estime à 137 000 personnes le nombre de réfugiés qui vivent encore en dehors du Mali. Certains estiment que c’est un préalable avant la tenue de toute élection locale et régionale. Est-ce votre point de vue également ?

Ils ne sont plus 137 000 dehors. Ils sont nettement moins que 137 000 dehors.

Avez-vous des chiffres ?

Je ne peux pas vous les donner à ce stade, mais j’ai un relevé journalier de ceux qui rentrent. Quelles que soient les perturbations, ce processus-là ne sera pas entamé. Deuxième chose, la marche de notre pays et de nos institutions se fera de la manière la plus inclusive qui soit. Je ne dirai jamais que telle chose ne se fera pas, parce que tel parti de notre pays n’est pas rentré.

source : RFI

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