La grève des pénitenciers en cause
48 heures après son ouverture, les travaux de la première session de la Cour d’Assises de Bamako au titre de l’année 2018 sont au point mort. La raison est due à la grève de 72 heures des surveillants de prison commencée le mercredi dernier. La reprise des travaux est annoncée pour le lundi prochain.
Les surveillants de prison demandent l’application de la loi n°031 du 07 juillet 2016 portant Statut des fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée. Le secrétaire général du syndicat, M. Abdoulaye Fofana avait déclaré à nos confrères de ‘’ le Challenger’’ que ‘’L’univers carcéral est un milieu dont personne ne veut entendre parler. Aucune maison d’arrêt au Mali ne répond aux normes standard.
Les surveillants sont en nombre très insuffisant. Il leur manque la formation. Les moyens de travail sont, à la limite, inexistants. Alors que dans les prisons actuellement, il y a toutes sortes de détenus. « Courant décembre 2017, nous avons déposé un préavis de grève et, une commission a été mise en place pour sa gestion. Il ressort de ses conclusions, la nécessité de la constitution d’une commission de suivi des décrets relatifs à l’allocation des primes et indemnités et une plus grande célérité à donner au processus d’élaboration et d’adoption desdits décrets.
L’administration, une fois de plus, a manqué de bonne foi en privilégiant des manœuvres dilatoires, considérant l’espace carcéral comme un pis-aller».
Toute chose qui aura poussé le syndicat à déposer un préavis de grève de 72 heures. C’est ainsi que n’ayant pas eu de suite favorable à leurs doléances, les agents pénitentiaires sont allés en grève avant-hier mercredi, 02 mai 2018. Cette grève qui s’achève aujourd’hui a eu pour conséquence de perturber le déroulement normal des travaux de la Cour d’assises de Bamako.
En effet, depuis son ouverture le lundi dernier, les travaux sont arrêtés car il n’y pas de personnel pour accompagner les détenus de la prison à la Cour d’Appel de Bamako.
UN CAS D’INFANTICIDE
Mais avant la reprise annoncée pour le lundi prochain, il faut rappeler que la Cour a vidé le lundi dernier, le dossier qui opposait dame Fatoumata Dembélé et le Ministère Public. Il ressort dans les faits rapportés par l’arrêt de renvoi que ‘’dans la nuit du 12 au 13 Janvier 2016, la demoiselle Fatoumata DEMBELE accoucha d’un nouveau-né. Après avoir bu une potion que lui avait remise sur demande Mama Coulibaly Alias Bavieux. Celui-ci lui demanda de ne pas consommer ledit produit en temps de grossesse à cause de son caractère abortif. Fatoumata Dembélé lui répliqua qu’elle ne souffrait que de simples maux de ventre, mais qu’elle n’était pas enceinte. Après l’accouchement dans les pires circonstances, elle réussit à couper le cordon ombilical à l’aide d’une lame abandonnée sur le toit de la maison après en avoir réclamé sans succès à la petite à Safiatou Kané avec laquelle elle partageait la chambre. Elle déposa soigneusement son nouveau-né sur le toit de la maison dans un plastique à l’abri des regards sans informer aucun membre de la famille. Le nouveau-né y resta durant toute la journée sans être alimenté et vers le crépuscule, elle monta le chercher puis alla l’abandonner sur un tas d’ordures au bord du fleuve. Lorsque sa patronne apprit la nouvelle de son accouchement, celle-ci l’interpelle. Reconnue coupable d’infanticide, elle a été condamnée à 5 ans de prison ferme.
Par Mahamane TOURE
Source: Nouvel Horizon