Au Mali, un récent rapport dresse un tableau des plus inquiétants sur l’utilisation d’internet. Dans cet état des lieux, les problèmes relevés concernent les tarifs de la connexion Internet, la qualité des services et le respect des cahiers des charges par les opérateurs.
Coupure d’Internet, lenteur, variabilité du débit de la connexion résument, entre autres, les plus grands cauchemars des internautes maliens. C’est, en substance, ce qui ressort du rapport d’étude sur l’état des lieux de l’Internet au Mali. L’antenne locale d’Internet Society (ISOC-Mali), qui a conduit cette étude en collaboration avec la fondation Tuwindi, a présenté ce rapport, le samedi 29 juin 2019, au Conseil national du patronat.
Selon Bakary Kouyaté, président d’ISOC-Mali, l’étude fait suite aux nombreuses plaintes des internautes maliens quant au coût, la performance, la résilience et la disponibilité de la connexion. Le but recherché était de collecter des données sur l’état de l’Internet au Mali. Pour y arriver, ce sont 20 questions qui ont été posées à un échantillon de 2 000 usagers (1 000 en présentiel et 1 000 en ligne).
Des prix trop élevés
Ce sont des internautes travaillant dans tous les secteurs d’activités, notamment la société civile, le secteur académique, le secteur privé, la communauté technique, l’administration publique, les blogueurs qui ont été interrogés. « C’est la coupure de la connexion qui constitue le premier cauchemar des internautes maliens », indique le rapport.
Sur le coût d’Internet au Mali, seuls 23,7% pensent qu’il est abordable. Les autres 73,13% estiment qu’Internet est cher. Cet avis n’est pas partagé par les opérateurs (Orange Mali, Malitel et Telecel) et l’Autorité malienne de régulation des télécommunications/TIC et des postes (AMRP) dont la mission est de réguler. Ils estiment que le Mali offre les prix les plus bas de la sous-région, sans arriver pour autant, selon l’étude, à convaincre les utilisateurs.
Mauvaise qualité
En ce qui concerne la qualité de la connexion de l’Internet, ce sont 56,3% qui estiment qu’elle est souvent coupée et 26,8% ont estimé qu’elle est assez souvent coupée. Une minorité de 12,6% a affirmé ne pas subir de coupure. Ainsi, ce sont 87% des internautes, interrogés, qui se plaignent des coupures de connexion.
Sur la lenteur, les personnes interrogées viennent conforter la thèse selon laquelle la qualité d’Internet au Mali est très mauvaise. En ce qui concerne la variabilité, le constat est aussi très amer. En effet, 90% de l’échantillon affirment que leur connexion est bien lente à certaines heures de la journée. Résultat, 60% des internautes ne sont pas satisfaits de leur connexion.
Quant à l’usage fait d’internet, l’étude nous apprend que WhatsApp est le réseau social le plus utilisé avec 22,5% d’utilisateurs. Ensuite, vient Facebook (19,9%), la recherche d’informations (15,7%) et l’e-mail (13,2%). Les enquêteurs se sont aussi intéressés aux opérateurs chez lesquels les internautes sont abonnés. Les personnes enquêtées sont abonnées à 70,3% chez Orange Mali, à 25,4% chez Malitel et 3,9% chez Telecel.
Que faire ?
ISOC-Mali n’a certes pas de solutions miracles, mais a fait des résolutions pour que chaque acteur impliqué contribue à trouver la solution. Il s’agit, entre autres, de revoir les tarifs de la connexion Internet à la baisse, contrôler la qualité des services Internet fournis par les opérateurs, résoudre les quatre cauchemars des internautes maliens (disponibilité, résilience, coût de la connexion Internet, qualité de service), respecter les cahiers de charges dans l’ensemble du district pour commencer et enfin organiser un forum d’échanges sur la gouvernance locale de l’Internet.