Il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’avec la prochaine signature de l’accord de paix, l’armée verra ses rangs grossir de déserteurs. Ils seront comme à l’accoutumée reçus avec une prime à la rébellion, à savoir l’attribution de grades immérités au détriment des dignes fils qui ont vaillamment défendu la souveraineté de l’Etat au prix de leur vie.
Depuis janvier 2012, notre pays est plongé dans une crise sécuritaire sans précédent. Cette chien lit a été orchestrée par le mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) en complicité avec les groupes terroristes de tout acabit qui ont envahi le septentrion de notre pays, faisant subir à la population des trois régions (Gao, Tombouctou, Kidal) des actes d’atrocités innommables. L’armée malienne a payé un lourd tribut à Aguel hoc où plus d’une centaine de soldats ont été ligotés et égorgés de sang-froid. Ces crimes odieux sont imputables aux rebelles qui figuraient auparavant dans les rangs de l’armée malienne.
Cet épisode désastreux demeure toujours vif dans la mémoire collective. L’ex-Président ATT, ne voulant pas que cette cruelle réalité ne soit pas découverte, a pris le soin de ne laisser diffuser aucune image sur la chaine nationale. Les quelques rares images qui étaient postées sur le net ont été sciemment supprimées pour ne pas heurter la sensibilité des Maliens. Le régime était pris dans un engrenage infernal et n’a pu contenir les réactions des manifestants. La suite est connue.
Comme pour boucler définitivement ce cycle de rébellion, le peuple a placé sa confiance en IBK, qui jouissait en son temps de préjugés favorables pour gérer efficacement le dossier du nord. Mais, depuis sa prise de fonction, le locataire de Koulouba pédale dans la choucroute. La gestion de la crise du nord constitue à n’en pas douter un caillou dans le soulier du président. En dépit de la présence des forces internationales pour appuyer le Mali dans ses efforts d’unification du territoire, le processus évolue à pas de tortue. De toute évidence, les négociations inter-maliennes sont arrivées à des phases décisives. Selon nos sources, un accord est attendu au mois de février.
L’histoire risque de se répéter
Dans son adresse à la nation du 20 janvier, le Président Keita a semé le doute dans l’esprit de biens de ses compatriotes quant à sa capacité de résoudre définitivement le dossier sécuritaire du nord. « La restauration de l’autorité de l’Etat s’inscrit en bonne place dans les priorités de mon gouvernement et de mon mandat. Toutefois ici également, le dialogue reste un moyen privilégié et incontournable, même si je mesure l’état d’esprit militaire à ce sujet.
Il s’agit bien évidemment d’un dialogue franc et constructif qui ne saurait, en aucun cas, mettre en cause la forme républicaine du Mali, ni son indivisibilité, et encore moins sa laïcité. Je mesure l’amertume et les attentes des Forces Armées et de Sécurité par rapport au processus d’intégration à venir, suite au retour en son sein de certains acteurs jadis identifiés comme leurs adversaires sur le terrain. Je voudrais dire à tous que je les comprends.
Cependant, mon rôle est celui d’un chef de famille, chargé de veiller à la concorde, à la quiétude et à l’unité nationale. Mais par-dessus tout, je suis chef d’Etat. Je ne m’y déroberai pas », a déclaré IBK.
Ainsi, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’avec la future signature de l’accord de paix, l’armée verra grossir ses rang grossir de déserteurs. C’est dire que ceux qui ont retourné leurs armes contre la mère patrie en le poignardant referont surface avec leurs treillis militaire. Ils seront comme à l’accoutumée reçus avec une prime de rébellion à savoir l’attribution des grades immérités au détriment des dignes fils qui ont vaillamment défendu la souveraineté de l’Etat au prix de leur vie.
De sources militaires, quand un militaire quitte le rang, il doit être purement et simplement radié du corps. Et pourtant, la loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur sans exception. Les déserteurs ne sont pas des supers Maliens. Ainsi, au nom de la paix, IBK est en passe de piétiner les lois de la république. Il peut tout de même se ressaisir. L’application du processus démobilisation, désarmement et réinsertion
(D.D.R) prévu dans l’accord préliminaire de Ouagadougou ne signifie nullement les intégrer dans les rangs de l’armée, mais il est loisible de les réinsérer autrement. Ceux qui ont pris les armes contre le Mali, qu’ils aient eu l’occasion ou pas de tuer leurs frères d’armes doivent être radiés. « L’intention vaut l’action », dit l’adage. L’histoire risque de se répéter si l’on n’y prend garde. Tout semble indiquer avec ce schéma d’intégration qui se dessine que le chef de l’Etat n’a pas suffisamment tiré les enseignements du passé.
Même si les autorités françaises semblent s’engager dans cette voie de les utiliser dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Un moustique ne saurait fabriquer une moustiquaire efficace », a-t-on coutume de dire. Surtout quand on sait que les différentes rebellions que le Mali a connu ont toujours été provoquées et entretenues par les déserteurs de l’armée. Il urge d’extirper la mauvaise graine. Sinon on n’en finira pas avec ce cycle de rébellion.
Boubacar SIDIBE
Source: Le Prétoire