Bâti au cœur du centre commercial de Bamako, l’institut national des Arts (INA) est un centre d’apprentissage culturel et artistique du Mali. Cette école a été créée en 1933, sous le nom de Maison des Artisans soudanais, puis rebaptisée Ecole artisanale de Bamako, avant de devenir Institut national des Arts, en 1963. Avec la prise d’une nouvelle décision dont les autorités ont déjà commencé la mise en œuvre, les étudiants manifestent leurs oppositions.
Ils étaient nombreux à battre le pavé, ce lundi 14 février 2022, pour dire « non » à tout changement de lieu de l’institut national des Arts. Cette école, construite depuis des années au cœur du centre-commercial sis dans la rive gauche de Bamako, sera bientôt ramenée à la rive droite de la capitale malienne(Bamako), précisément dans la zone dite aéroportuaire. Les travaux de la construction du nouvel INA sont à plus de 90%.Le chantier a même fait l’objet d’une visite, ce 14 février, par une délégation ministérielle de l’Artisanat, de la Culture et de l’Industrie hôtelière accompagnée des membres du CNT. Certains étudiants disent être opposés à cette nouvelle décision du Gouvernement. Laquelle vise à ramener l’école dans la zone dite aéroportuaire. Ainsi, pendant que les autorités étaient sur le chantier pour la visite, les étudiants, quant à eux, manifestaient pour dénoncer la vente et le changement du lieu de l’école. « Vendre l’INA c’est effacer une partie de mon histoire » ; « INA est ma vie » ; « Non à la vente de l’INA » ; « Touche pas à mon identité » ; « Stop, non à la privatisation de l’Ina », sont entre autres les messages qu’on pouvait aisément lire sur les banderoles et les affichages. À visages découverts, ils sont sortis pour simplement dire « non » à toute idée de ramener l’institut national des Arts à une autre zone ou quartier de Bamako. Devant la presse, les étudiants ont manifesté. Ils soutiennent être dans l’insécurité dans la zone aéroportuaire de Bamako-Sénou, un lieu où les nouvelles autorités souhaitent ramener l’institut. Ces contestations surviennent suite à la démolition des milliers de maisons par les nouvelles autorités, sur la même zone, pour « occupation illégale » de l’espace destiné à la construction des infrastructures aéroportuaires. Selon un manifestant, aucun pays ne peut avancer sans sa culture. « On nous dit que l’INA doit quitter ce quartier centre commercial pour être construit au niveau de la zone aéroportuaire. Nous ne sommes pas d’accord avec cette décision », explique le manifestant. Scandant la non vente de l’institut, les étudiants tiennent à souligner que le changement du lieu de l’école n’agencera personne parmi eux. En tout cas, pas ces étudiants issus des familles pauvres dont beaucoup se réclament. Présent sur la scène, Amadou Guindo dit Tapa rapporte que cela lui fait deux (2) ans en train d’apprendre au sein de cette école. Un lieu dont la vie n’est pas du tout facile pour un pauvre étudiant, selon lui. « Bien vrai que l’INA est bâti dans un quartier peuplé, puisqu’au cœur de Bamako, je sais comment je suis en train de vivre. À tel point que vivre ici est dur, tu ne trouveras personne capable de te prêter même 100F », évoque Amadou Guindo qui précise : « Alors s’il faut encore quitter ici pour vivre esseulé dans la zone aéroportuaire de Bamako-Sénou où personne n’est présente, cela va être compliqué pour nous tous ».
Des démolitions de maisons se passent dans cette zone dite aéroportuaire, depuis que plusieurs parmi les étudiants n’étaient pas encore venus au monde. Des chefs de familles sont chassés du lieu avec leurs enfants et femmes, sous prétexte que l’espace non destiné à usage d’habitation est dangereux. Et pourquoi décider de construire l’Institut national des Arts à cette même zone ? S’interroge M.Guindo. Le manifestant annonce que l’apprentissage du monde des Arts et de la musique sera mis en cause, le jour où les autorités décideront de changer le lieu. « Cet institut contient des ressortissants de presque toutes les régions du Mali. Nous prions vraiment le Gouvernement de ne pas nous amener dans un autre endroit », a-t-il dit. Pour Zé Mamadou Berthé, cette nouvelle décision du Gouvernement n’est pas compréhensible, compte tenu des difficultés quotidiennes des étudiants. Le manifestant révèle que « cette histoire est une affaire de tous et nécessite l’implication de tout le monde ». « Nous quittons ici (centre commercial) pour aller où ?», S’interroge-t-il.
Mamadou Diarra