Avec la multiplication des groupes armés d’autodéfense dans toutes les régions du Mali, le pays est sur le point de basculer dans une explosion de violence. Selon l’ancien ministre d’IBK, Boubacar Alpha Bah alias Bill, le Mali est dans un état où se trouvait la Somalie avant que ce pays ne bascule dans l’horreur absolue. Cette déconfiture de la situation sécuritaire est un sujet moins inquiétant pour beaucoup de Maliens préoccupés par les postes politiques et les avantages financiers de la transition en cours.
Selon Boubacar Alpha Bah, le Mali a atteint un niveau où aucune armée étrangère ne pourra stabiliser la situation en dehors des citoyens eux-mêmes. Mais personne ne s’indigne de la présence des milices d’autodéfense en lieu et place des forces de défense et de sécurité qui doivent être les seules à disposer des armes de guerre. La protection des biens et des personnes ne doit pas être confiée à des milices qui n’ont aucune notion des droits et devoirs enseignés aux soldats professionnels.
Les groupes d’autodéfense sont accusés des crimes les plus graves de la crise malienne comme les tueries de civils dans les villages du Pays Dogon. Des villages ont ainsi été incendiés, des animaux et des femmes et enfants brûlés dans ces incendies. Ces crimes atroces ont été accompagnés des actes de représailles entre les communautés Dogon et Peulh qui se partagent le même espace de vie dans la région de Mopti. Chacune des deux communautés a son groupe d’autodéfense revendiquant la protection des civils.
Mais toute cette pagaille est partie du nord du pays où les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger ont été mis en exergue. L’erreur a été de permettre à des groupes armés d’être traités sur les mêmes pieds d’égalité que les forces de l’Etat. Un désarmement préalable des milices du nord aurait pu permettre une montée en puissance de l’armée qui est la seule force habilitée à posséder les armes.
A Bamako, on se mobilise pour dénoncer tout sauf cette anomalie sécuritaire entretenue d’abord par la communauté internationale. Jamais la population civile ne s’est organisée pour dénoncer la lenteur du désarmement des milices du nord au sud du pays. Les partis politiques, les groupes de pression que constituent les syndicats n’ont pas estimé nécessaire de revendiquer le désarmement rapide des civils qui se baladent avec des fusils dans les villes et villages loin de la capitale.
Nouhoum DICKO
Source : L’Alerte