Le mardi dernier, des individus non identifiés, armés de fusils, ont attaqué la brigade territoriale de la ville de San. Le bilan fait état d’un blessé grave évacué sur Ségou et de nombreux dégâts matériels San, chez le président de la Transition, le colonel-major à la retraite, Bah N’Daw.
Cette ville, située à 344 km de Bamako, porte le nom du cercle dans la région de Ségou. San est aujourd’hui la 18ème région du Mali suivant la loi n°017-2012 du 31 janvier 2012 portant création de 11 nouvelles régions dont la région deSan. C’est cette ville qui a été
frappée de plein fouet
par le terrorisme.
En effet, le mardi dernier, aux environs de 20 heures, des coups de feu ont été entendus dans les alentours de la gendarmerie située au centre- ville, selon quelques
témoignages. « Nous avions pensé, au départ, que ces coups de feu provenaient d’une festivité
organisée par les dozons (une milice de chasseurs qui existe dans la ville) » raconte cette habitante de la ville. « Mais, les tirs étaient beaucoup plus insistants et répétitifs. Très vite, l’information a circulé que la ville était attaquée par des terroristes. Nous nous sommes mis très vite à l’abri dans les maisons tout en priant Dieu d’épargner nos vies ».
Les tirs nourris vont continuer tard dans la nuit. En même temps, les réseaux sociaux étaient
inondés d’informations dont certaines font état de 12 morts et de plusieurs dégâts matériels.
Cette information a été
démentie par le gouver-
neur de la région de San,
le colonel Ousmane San-
garé qui parle plutôt d’un
blessé évacué sur l’hôpi-
tal de Ségou et de dégât
matériel sans pour au-
tant donner plus de pré-
cision. Certaines
informations font état de
quatre véhicules incen-
diés et d’une dame qui,
par peur, a sauté du mur
du camp et s’est retrou-
vée la jambe fracturée.
Elle aussi, aurait été éva-
cuée. L’autre blessé éva-
cué, serait un gendarme.
Selon certaines sources,
la ville de San était en
alerte quelques jours
avant l’attaque du mardi
dernier. « Nos forces de
sécurité avaient reçu une
information que la ville
sera attaquée. Elles
(forces de sécurité)
étaient donc en alerte
mais ne savaient où,
comment et quand allait
avoir lieu l’attaque »
nous indique cette
source sous le couvert de
l’anonymat.
L’attaque de San faite
suite à une série d’at-
taques terroristes qui a
eu lieu dans la même pé-
riode. Il s’agit de ce qui
s’est passé à la frontière
Mali-Burkina Faso vers
le poste de Hermakono
où plusieurs véhicules
ont été incendiés ainsi
que les postes de
contrôle. Des attaques
répétitives, ciblées qui
rappellent le contexte
difficile dans lequel le
Mali se trouve de plus en
plus.
Les attaques « terroristes
» se rapprochent de plus
en plus de Bamako, la ca-
pitale. Faut-il toutes les
mettre au compte de
ceux qui veulent instau-
rer coûte que coûte l’Etat
islamique au Mali ? Car,
pour certains observa-
teurs, ces attaques ci-
blées constituent un
moyen de pression pour
ceux et celles qui veulent
imposer un autre régime
politique au Mali qui
n’est pas celui de la Ré-
publique laïque.
Si le banditisme a, lui
aussi, pris de l’ampleur
ces derniers temps, le
terrorisme reposant sur
un idéal politique est
quant à lui, celui qui pose
le plus de problème aux
forces de défense et de
sécurité maliennes et ses
alliés. Si pour certains,
les « têtes pensantes » de
ce « terrorisme » sont
bien installées à Bamako,
il ne faut pas oublier non
plus que ceux et celles
qui exécute sur le terrain
sont bien connus de tout
le monde. Il s’agit d’Iyad
Ag Ghali et d’Amadou
Kouffa et leurs alliés.
Le récent débat au Mali
était : faut-il discuter
avec ces deux « terro-
ristes ». Si la France,
marraine de la lutte anti-
terroriste au Sahel, a tou-
jours opposé un niet
catégorique à cette op-
tion, les autorités ma-
liennes, restent divisées
sur le sujet.
Dans sa déclaration de
politique générale, le
premier ministre Moctar
Ouane a laissé entrevoir
cette possibilité même si
le président de la Transi-
tion, Bah N’Daw, lui,
semble s’aligner sur l’op-
tion française. En tout
état de cause, ce débat
reste ouvert.
L’ancien président de la
République, Ibrahim
Boubacar Kéita, avait été
aussi clair sur la question
en disant qu’il n’y a rien
à négocier avec les
groupes terroristes du
moment où on ne parta-
geait pas les mêmes va-
leurs. Il avait fini par
accuser ouvertement
l’Imam Mahmoud Dicko
de nourrir l’ambiance
d’instaurer l’Etat isla-
mique au Mali. Il sera
victime, quelques mois
plus tard après cette dé-
claration, d’un coup
d’Etat. Aujourd’hui, les
attaques terroristes ont
repris de plus bel comme
pour rappeler l’impé-
rieuse nécessité de négo-
cier avec les groupes
terroristes.
Source: Le Pouce