L’Association pour la défense de la culture peulh (Tabital Pulaaku) a organisé, le samedi 26 janvier, au Palais de la culture Amadou Hampaté BA, un meeting pour dénoncer l’insécurité grandissante au centre du pays, ainsi que les crimes et autres assassinats perpétrés à l’endroit de la communauté Peulh. Et face à cette situation, Tabital Pulaaku exige le désarmement des milices.
«Trop c’est trop», «le sang des innocents ne doit plus jamais couler», «l’Etat se doit d’être responsable et impartial», voici entre autres slogans qu’on pouvait lire sur des pancartes au cours de ce rassemblement de la Communauté peulh.
Plus de 3 000 personnes ont répondu présents à l’appel de l’Association Tabital pulaaku, ce samedi, pour dire non «aux exactions contre la communauté peulh ».
Le président de l’Association Tabital Pulaaku, Abdoul Aziz DIALLO, a tiré la sonnette d’alarme et dénoncé les attaques ciblées contre la communauté peulh.
Selon M. DIALLO, l’objet de ce meeting est largement partagé par les Maliens. Il soutient : «la vie des populations, rythmée par des exécutions, des arrestations, des détentions arbitraires, des assassinats ciblés perpétrés par des groupes terroristes et des milices des chasseurs donsos sont suscités et ou encouragés sinon tolérés par les autorités».
Quant à Oumarou SARRE, représentant des griots de la communauté peulh du Mali, il a fait savoir que la solution ne se trouve que dans le dialogue sans oublier le rôle que doivent jouer les autorités. Toutefois, il a invité les autorités publiques à prendre leurs responsabilités pour mettre un terme aux exactions.
« Il faudra que l’Etat se ressaisisse et qu’il s’assume pour protéger tous les Maliens. Nous, en tant que griots, sommes là aujourd’hui, pour jouer notre rôle de conciliateur, car nous avons toujours été là pour dire aux communautés : ne prenez pas les armes», a rappelé M. SARRE.
Pour sa part, l’Imam Mahmoud DICKO, président du Haut conseil islamique du Mali (HCI), et membre de la communauté peule, a appelé à l’apaisement et plaidé pour la paix et le vivre ensemble. «Mon rôle ici, c’est de faire la Fatiya, pas de faire un meeting. Sinon, je trouverais les mots justes pour dire tout au Gouvernement. Je dois me calmer et je vous demande de vous calmer», a dit l’imam DICKO.
Pour Amadou DICKO, président de la jeunesse Tabital-Pulaaku, l’Etat malien a une part de responsabilité dans cette inaction. «Une fois que nous recevons des informations, nous les remontons. Nous les envoyons aux ministères de la Défense, de la Sécurité, au Premier ministre, au gouverneur, à toutes les autres autorités maliennes dont nous avons les contacts. Mais, malheureusement, elles ne réagissent pas. Elles jouent toujours le médecin après la mort. Elles viennent juste pour compter le nombre de morts. Pour éviter que la situation ne s’embrase encore, moi je pense pertinemment ce qu’il faut faire: c’est de combattre tous les terroristes. Si je dis les terroristes, même les chasseurs donzos. Ce sont des terroristes. Ils terrorisent, ils tuent des gens, ils pillent et incendient des villages, ils égorgent et dépiècent les gens ; et combattre les terroristes djihadistes. Sans cela, rien ne va aboutir. Après ce combat, entre nous, c’est très facile s’il s’agit d’un petit problème foncier, la justice peut jouer son rôle. Il faut toujours la justice. Parce que quand l’Etat reste toujours partial, ça va être très compliqué. Nous avons voté pour un Président de la République, qui a nommé un gouvernement, et c’est à cette autorité de nous sécuriser, nous et nos biens», a préconisé M. DICKO.
A signaler que ce meeting de Tabital Pulaaku intervient au moment où la crise sécuritaire au Centre a provoqué plus de 60 000 déplacés, à travers le Mali selon le rapport d’une ONG.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin.