L’Afrique a rapidement développé une forte culture technologique au cours des cinq dernières années, la technologie devenant de plus en plus accessible et de moins en moins coûteuse. Le financement en capital de risque a suivi le rythme de cette croissance, passant de 277 millions de dollars en 2015 à 560 millions de dollars en 2017 (+ 102 %).
Cependant, une grande partie de ce financement a été concentrée dans un petit nombre de pays, l’Afrique du Sud (environ 160 millions de dollars), le Kenya (environ 147 millions de dollars) et le Nigeria (environ 115 millions de dollars) étant les seuls pays africains à avoir reçu plus de 50 millions de dollars en financement de démarrage. Ce financement a également été fortement concentré dans les technologies financières. En 2017, 33 % de l’ensemble des fonds levés sont allés à la FinTech, ce nombre étant passé à 40 % en 2018. La concentration sur les startups de la fintech est une prise de conscience évidente par les investisseurs du potentiel inhérent à l’espace des services financiers qui reste à explorer.
Et bonne nouvelle pour 2019, comme en 2018, c’est la disponibilité des fonds qui va être au cœur des échanges, discussions ou conférences. Les perspectives sont aussi très prometteuses avec plus d’un milliard de dollars de financements attendus dans le secteur des nouvelles technologies à l’horizon 2020. Alors que la population du Continent avait très peu accès aux services bancaires, l’accès massif au téléphone a permis un essor du domaine des technologies financières, les fintechs, mais aussi de l’énergie, de la santé, de l’éducation. De plus en plus d’Africains se saisissent des opportunités qu’offrent les technologies et ainsi créer des licornes en devenir. Le magazine américain Time a publié son premier Top 50 des entreprises qui inventent le futur. Six startups africaines s’y sont illustrées aux côtés des géants comme Apple, Netflix, SpaceX et Domino’s.
Bitland, la blockchain pour des cadastres sécurisés : Ghana
Parmi ces pépites du futur figure, en haut de la liste Bitland fondée par Narigamba Mwinsuubo, originaire du Ghana. Au Ghana, où l’accès au titre foncier est coûteux et complexe, cette startup utilise la technologie de la blockchain (qui sert de fondement à la monnaie virtuelle, le Bitcoin) pour développer des cadastres fiables. Elle permet à des propriétaires d’enregistrer leurs parcelles dans un registre sauvegardé et sécurisé par la blockchain. Pour cela l’entreprise coopère avec les autorités locales. Présent dans quatre autres pays, le Nigeria, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et Maurice, Bitland est bien parti pour résoudre durablement un problème qui touche presque tous les pays du continent. En août dernier, le gouvernement zambien a annoncé son partenariat avec la filiale du géant américain du commerce de détail Overstock. En effet, le continent dépend essentiellement du foncier rural, mais 60 % des terres rurales sont régies par le droit coutumier. La blockchain permet ici de répertorier les terrains et de stocker l’information de façon transparente, publique et sécurisée, garantissant ainsi la propriété du bien répertorié.
BRCK Inc, ouvrir le web à tous : Kenya
La société kenyane BRCK Inc, cofondée par les deux piliers de la plateforme d’alerte Ushahidi , Erik hersman et Julia Rotish, a mis au point un routeur portatif qui permettrait de se connecter à Internet de n’importe où. Grâce à un modem WiFi mobile alimenté par batterie il permet l’accès à Internet et la connectivité dans les pays en développement. La gamme de produits de BRCK s’est élargie au cours des cinq dernières années pour inclure des kits éducatifs portables avec un contenu en cache, un modem plus grand pouvant fournir une connexion Internet 3G à 100 appareils et un système WiFi public gratuit.
Ona, des données, des données, et encore des données : Kenya
Cette startup qui a démarré ses activités il y a cinq ans a créé un système de cartographie numérique qui aide les agents de santé des zones rurales à identifier les endroits où les patients ont besoin de leurs services. « J’ai consulté la liste et y ai reconnu la plupart des noms. C’est donc une excellente affirmation que nous allons dans la bonne direction et avons un impact », a déclaré dans la presse locale le patron d’Ona, Matt Berg. En utilisant les technologies de cartographie et de données de sa plateforme mobile du même nom, Ona a développé d’autres applications. Ona, dont les principales opérations sont à Nairobi, emploie 36 personnes. Elle a également des bureaux à South Burlington, dans le Vermont, aux États-Unis. C’est un groupe d’ingénieurs en logiciel, d’analystes de données, d’experts en santé publique et de concepteurs. En tant qu’entreprise sociale qui construit des systèmes de données pour conduire le changement, l’entreprise utilise la technologie pour fournir des services vitaux aux personnes dans le besoin.
Babymigo, le réseau social pour la mère et l’enfant : Nigeria
La société nigériane Babymigo fondée en 2017 par Adeloye Olanrewaju et Cletus Ajibade consiste en une plateforme qui permet aux mères et aux femmes enceintes de poser des questions sur la santé, la maternité, mais aussi le nourrisson et d’obtenir des réponses instantanées d’experts médicaux ainsi que de mères expérimentées. Babymigo propose également des groupes de discussion qui permettent aux membres de parler à des experts, de trouver des mères du même groupe d’âge et de la même ville, ainsi que des livres et des comptes rendus sur les services de maternité et de garde d’enfants hyperlocaux. La plateforme intègre également des fonctionnalités permettant aux utilisateurs d’identifier et d’assister à des événements hors ligne, des cours orientaux et des rencontres.
AgriProtein révolutionne l’industrie alimentaire avec des asticots : Afrique du Sud
Deux sociétés sud-africaines figuraient également sur la liste. AgriProtein fondé au Cap, en Afrique du Sud, par les frères Jason et David Drew, résout le problème de l’alimentation animale durable pour les éleveurs de volailles et de poissons en récoltant des protéines d’insectes dans des élevages de mouches. Les dirigeants d’AgriProtein affirment que les farines de mouche constituent une alternative écologique à la farine de poisson. La ferme-mouche phare d’AgriProtein, qui produit 27 tonnes de protéines d’insectes par jour. Son modèle a déjà conquis d’autres pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. AgriProtéine a été fondée en 2008. Selon ses fondateurs, elle a réuni 105 millions de dollars lors de la dernière levée de fonds en 2018, notamment auprès de la Fondation Bill et Melinda Gates. Aujourd’hui, la société possède des usines de fabrication de mouches à Cape Town et à Durban. Chaque usine contient 8,4 milliards de mouches et absorbe 276 tonnes de déchets alimentaires par jour. Les mouches pondent chaque jour 340 millions d’œufs sur les déchets.
En plus des cinq startups africaines, Wonderbag, une association sud-africaine à but non lucratif créée il y a 10 ans, figure également sur la liste. Son produit, le Wonderbag, est une mijoteuse portable non électrique qui permet aux utilisateurs de finir de préparer leurs repas en utilisant un récipient très isolé. Actuellement, le Wonderbag est fabriqué à Tongaat, dans le KwaZulu-Natal, puis vendu aux Sud-Africains et exporté vers des pays comme les États-Unis et l’Australie. Il existe également d’autres sites de fabrication en Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest et en Turquie. Sa fondatrice, la Sud-Africaine Sarah Collins, a reçu en mai dernier le prix de Femme de la décennie en entrepreneuriat au Forum économique mondial de New Delhi, en Inde. Cette entrepreneure a déclaré qu’elle cherchait juste des moyens d’aider à autonomiser les femmes et les grands-mères dans les communautés rurales. Pari gagné !
Source: sharknews.fr