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Initiative en faveur du coton africain : LE PLAIDOYER FORT DU PREMIER MINISTRE ABDOULAYE IDRISSA MAïGA DEVANT L’OMC

Devant le Conseil général de l’Organisation, le chef du gouvernement a fait une déclaration solennelle de quatre pays producteurs : Bénin, Burkina Faso, Mali, Tchad

Le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, est intervenu jeudi 30 novembre devant le Conseil général de l’Organisation Mondiale du Commerce pour faire une déclaration solennelle sous forme de plaidoyer au nom des quatre pays auteurs de l’initiative sectorielle en faveur du coton dont ils sont producteurs. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Tchad et du Mali, connus sous l’appellation «C4».
Le Conseil général est un organe de direction de l’OMC qui se réunit entre deux sessions de la Conférence interministérielle, organe suprême de décision de l’OMC. Depuis le passage en 2003 de l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, c’est la première fois qu’un homme d’Etat africain s’adresse au Conseil général.
Pour le déplacement au siège de l’OMC à Genève, le Premier ministre était accompagné notamment du ministre du Commerce, Abdoul Karim Konaté, de celui de l’Agriculture, Nango Dembélé et du Directeur général de la Compagnie Malienne du Développement du Textile (CMDT), Baba Berthé.
Dans sa déclaration devant le conseil général de l’OMC, le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a transmis les salutations et remerciements du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, à ses pairs du Bénin, du Burkina Faso et du Tchad, pays co-auteurs, en 2003, de l’Initiative Sectorielle en Faveur du coton. Au nom du président de la République, il a également adressé ses remerciements aux pays africains et aux Pays les Moyens Avancés (PMA), producteurs et exportateurs de coton et produits dérivés, pour l’intérêt particulier et l’attention que les membres accordent à cette question emblématique du coton à l’OMC depuis plus d’une décennie.
Dans la même veine, le Premier ministre a, au nom du chef de l’Etat, attiré l’attention des membres du Conseil Général sur l’importance que le C-4 accorde au système commercial multilatéral inclusif, transparent basé sur des règles qui fonctionnent pour tous. Abdoulaye Idrissa Maïga a expliqué que le C-4 apprécie hautement l’engagement de l’Organisation Mondiale du Commerce à soutenir les efforts de nos pays en vue d’une meilleure intégration de leurs économies dans le système commercial multilatéral. Une telle intégration est nécessaire pour créer des conditions favorables au développement du commerce et des investissements et assurer un développement durable.
Le C-4 est engagé à œuvrer pour garantir le renforcement de ce système multilatéral par des résultats concrets et mesurables qui auront, à terme, des impacts significatifs sur les conditions de vie de millions de personnes, qui, jusqu’à présent, ne parviennent pas à capter les avantages et les opportunités qu’offre le Commerce International, a soutenu le chef du gouvernement. Pour lui, «nous devrons travailler de manière à transcender nos divergences et à trouver des solutions réalistes et pertinentes qui prennent en compte les dures conditions de vie de millions d’Africains qui n’arrivent plus à vivre décemment de leur labeur quotidien, parmi lesquels des populations rurales, notamment des femmes, des jeunes et des personnes d’un âge avancé».
Abdoulaye Idrissa Maïga est convaincu que les membres de l’OMC sont en mesure, lors de la 11ème Conférence ministérielle de Buenos Aires, d’envoyer un message fort et positif à l’opinion publique internationale en parvenant à des résultats concrets, justes, équilibrés et acceptables pour tous. Parlant de coton et se référant à la négociation de l’OMC en 2003, le chef du gouvernement estime qu’il parait indispensable d’envisager de réserver au coton un traitement «ambitieux, rapide et spécifique» tel que préconisé par le mandat de Hong Kong en 2005. Le chef du gouvernement n’a pas apprécié la réticence de certains membres de l’organisation de répondre au cri du cœur des communautés productrices de coton des Pays les Moins Avancés, en particulier les pays africains. Alors que dans ces pays, cette filière emploie plus de 80% de la population active dans les zones productrices de coton. Trente-six (36) pays africains produisent et exportent du coton, ainsi que plusieurs autres pays en développement et Pays Moins Avancés, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. C’est pourquoi, le Premier ministre a expliqué que le C-4 voudrait souligner l’importance du coton, secteur d’activités dans lequel travaillent avec acharnement plusieurs millions de personnes. Il n’a pas non plus manqué de souligner le dur labeur des populations productrices de coton et les attentes de celles-ci à y vivre. Toute chose qui semble impossible en l’absence d’un marché international juste et ouvert.
Et Abdoulaye Idrissa Maïga d‘appeler les membres de l’OMC à saisir l’occasion qu’offre la 11ème Conférence ministérielle de décembre 2017 pour donner une réponse appropriée au mandat du 1er août 2004, et au mandat de Hong Kong de décembre 2005 sur le coton, spécifiquement sur le troisième pilier en négociation qui porte sur le «soutien interne». Sur ce point, le chef du gouvernement a interpelé les pays développés et ceux en développement pour trouver une solution juste et équitable à la sempiternelle et épineuse question du «soutien interne».
Aujourd’hui encore, et malgré tous les efforts du C-4, plus de 70% de la production cotonnière bénéficient des soutiens internes accordés majoritairement par des pays développés et des pays en développement de l’OMC. Cette pratique produit autant d’effets de distorsion sur le prix du coton que la subvention à l’exportation ou tout autre pratique commerciale similaire, a-t-il regretté, ajoutant : «vous connaissez pourtant les graves conséquences sur les économies et la vie sociale des populations de nos pays. Vous connaissez aussi les statistiques incontestables qui plaident largement en notre faveur. Vous savez fort bien qu’une réduction significative immédiate, voire totale à terme, du soutien interne est une condition vitale pour la filière coton qui se meurt à petit feu dans les PMA. Alors, osez !», a-t-il lancé tout en exhortant les membres de l’organisation d’agir dans ce sens dès maintenant. En faisant une telle demande, le Premier ministre est loin de s’apitoyer sur le sort des pays victimes. «Il s’agit de justice et d’équité, fondamentalement. Vous le savez : Lorsque l’on sème les inégalités et la pauvreté, on récolte inexorablement des réfugiés avec tout le lot de tragédies auxquelles nous assistons, hélas» !, a regretté Abdoulaye Idrissa Maïga. Il a écarté toute idée d’aumône et de faveur particulière. Mais, explique-t-il, le C-4 demande tout simplement le respect par tous et l’application stricte des règles et principes qui constituent le fondement même de notre organisation commune, socle du système commercial multilatéral. Pour lui, l’aide au développement la plus précieuse que les pays du C4 attendent des « puissants » n’est autre que le respect en toute transparence de ces règles et principes déjà définis, afin de permettre aux populations laborieuses, de vivre dignement et décemment de leur travail. «Si on n’y prend garde, à la longue, à cause de l’iniquité qui prévaut dans les échanges internationaux, des milliers de nos producteurs se verront contraints de renoncer à la production du coton devenue in fine insuffisamment rentable», prévient-il. Tout simplement parce que selon lui, le coton assure la survie de plus de 20 millions de ménages en Afrique. Et qu’aujourd’hui, il est gravement menacé. Le chef du gouvernement estime que l’octroi des subventions aux producteurs de certains pays développés est source d’énormes pertes économiques pour les Africains mettant ainsi en péril la survie de plusieurs millions de personnes.
Le Premier ministre a fortement regretté les promesses non tenues durant des années «laissant plutôt le champ libre au triomphe de la justice de la force sur la force de la justice». Il a, dans la foulée, lancé un appel pressant aux dirigeants des grandes nations qui font prévaloir le principe d’égalité de toutes vies humaines afin qu’ils fassent preuve de cohérence morale en conformant dans les échanges commerciaux leurs principes démocratiques aux idéaux qui découlent des valeurs morales défendues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme dont la communauté internationale va célébrer le 70e anniversaire en 2018. «Il y va de leur honneur ! Il y va de la dignité des producteurs de coton de pays démunis», a-t-il plaidé tout en attirant l’attention sur les avantages socio-économique de l’acceptation des règles plus justes dans les échanges internationaux. «Un résultat significatif sur le soutien interne au coton en négociation sera alors un signal conséquent et une grande satisfaction pour la 11ème Conférence ministérielle qui pourra alors prétendre qu’elle aura accompli son devoir et atteint ses objectifs».
Abdoulaye Idrissa Maïga va plus loin. Il en a appelle à un sursaut de la part de tous les membres de l’OMC en vue de l’adoption de solutions concrètes lors du processus des négociations en cours, afin de préserver et promouvoir les filières cotonnières dont dépend la vie de millions de personnes.
À cet, égard, précise-t-il, le  C-4 reste ouvert à toutes les initiatives contribuant à la recherche d’une solution acceptable à la question du coton. Il a incité les uns et les autres à plus de courage politique et plus de solidarité dans l’intérêt de tous et pour faire de la 11ème Conférence ministérielle une conférence de référence.

Source : Primature

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