Michaël Blanc, le plus ancien Français détenu en Indonésie, a été remis lundi en liberté conditionnelle après 14 ans de prison et une condamnation souvent jugée sévère qui avait suscité une campagne médiatique en sa faveur dans son pays.
“Il est sorti de prison. Il a signé les papiers de sa libération”, a déclaré Hélène Le Touzey, qui vit en Indonésie depuis l’arrestation de son fils.
“Je suis heureuse, heureuse, heureuse”, a déclaré Mme Le Touzey à la sortie de la prison de Cipinang, dans le sud de Jakarta.
Michaël Blanc n’a pas voulu faire de commentaires, “trop sous le choc”, a-t-elle ajouté, jointe par l’AFP dans une voiture qui la menait, avec son fils, de la prison vers trois bureaux administratifs où l’ancien détenu doit effectuer des formalités.
La libération sous conditions de Michaël Blanc avait été approuvée et il était “libérable” à partir de ce lundi. Mais des dernières démarches administratives risquaient de retarder son élargissement de quelques jours.
Dans une interview à l’AFP peu avant la libération de Michaël Blanc, Mme Le Touzey avait dit “avoir fait son lit, au cas où”. “On a eu tellement de hauts et de bas mais c’est un grand soulagement”, avait-t-elle déclaré, peu avant de s’engouffrer dans la prison dans l’espoir d’en ressortir avec son fils. “C’est une grande joie”, avait-elle dit, tentant de retenir ses larmes.
Le Français, âgé de 40 ans, avait été arrêté le lendemain de Noël 1999 à l’aéroport de Bali avec 3,8 kilos de haschich dans deux bouteilles de plongée. Il avait affirmé qu’elles appartenaient à un ami qui les lui avait confiées pour les transporter.
Il avait été condamné à la perpétuité le 16 novembre 2000, une peine jugée très sévère en France et qui avait suscité une importante campagne médiatique. Finalement, la condamnation était commuée en décembre 2008 à 20 ans de prison, en grande partie grâce à l’engagement extraordinaire de sa mère, qui a tout abandonné pour vivre en Indonésie auprès de son fils.
“Si je n’avais pas été là, il ne serait plus là”
“Si je n’avais pas été là, il ne serait plus là”, avait lancé Mme Le Touzey. “Un moment, il m’avait demandé de partir pour pouvoir en finir avec la vie. Il me disait que je gâchais ma vie, que cela ne servait à rien et que je n’arriverais jamais à avoir sa libération”, dit-elle la voix nouée.
Frêle sexagénaire aux yeux bleus cernés par ses années de combat, cette Mère Courage avait entamé dès 2011 le dossier de libération conditionnelle de Michaël mais tout bloquait sur une loi indonésienne qui interdisait l’octroi d’un titre de séjour à un étranger repris de justice.
De ce fait, les étrangers théoriquement libérables après avoir effectué les deux tiers de leur peine n’étaient pas relâchés, à la différence des Indonésiens.
“Je ne pouvais pas accepter cela. La loi doit être la même pour tous”, explique Mme Le Touzey. “Ca n’a pas été facile”, se souvient-elle. “De temps en temps, j’ai perdu espoir, comme quand je suis restée bloquée devant le mur de l’immigration.
Mais le verrou a finalement été levé: Michaël sera autorisé à rester en Indonésie jusqu’à la fin de sa peine le 21 juillet 2017, plus une année de probation. Il ne pourra pas en revanche rentrer en France.
Michaël logera dans la maisonnette qu’occupe sa mère. Elle n’a pas d’eau chaude, pas de climatisation, et est meublée de bric et de broc grâce à l’aide d’amis. Mais, depuis des années, Hélène y a aménagé la plus belle chambre pour son fils. “J’ai fait un lit tout propre, tout beau”, dit-elle fièrement. Le grand lit deux places aux draps impeccables trône dans la pièce dans un contraste étonnant par rapport à l’aspect rudimentaire du reste. C’est d’ailleurs le seul lit de la demeure. “Moi, je dors sur un matelas par terre”.
Au fil des ans, à se démêler dans le labyrinthe de la bureaucratie kafkaïenne indonésienne, Hélène a élargi le combat pour son fils aux nombreux détenus étrangers perdus dans la maëlstrom des démarches administratives. “Je suis devenue la Madone des prisons”, dit-elle en riant. “Je rends visite, j’écoute, j’apporte quelques bricoles, je suis partie prenante à des dossiers…”
La liberté conditionnelle, elle l’a ainsi obtenue “pas seulement pour Michaël mais pour tous les détenus étrangers” déjà libérables. “Il fallait que quelqu’un ouvre les portes”. Et cette lutte-là, elle ne l’abandonnera pas, même après la libération de son fils. “Je ne vais pas les laisser tomber”.
© 2014 AFP