Le 23 septembre dernier, le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, réceptionnait à Sirakoro, à quelques encablures de Bamako, les quatre premiers groupes d’un lot de huit, acquis par le gouvernement de Transition pour renforcer les capacités de EDM-Sa en vue de circonscrire aux coupures intempestives d’électricité frappant régulièrement les Maliens et perturbant sérieusement l’activité économique. Une triste réalité que le ministre Lamine Seydou Traoré s’est engagé à changer positivement à travers une plan de redressement de la société EDM-Sa. Un plan qui porte aujourd’hui ses promesses, et toutes ses promesses !
En effet, pour sortir la société EDM-Sa de la situation catastrophique dans laquelle elle est plongée depuis des années du fait essentiellement de la mauvaise gestion, le ministre Lamine Seydou Traoré a préconisé deux grandes orientations stratégiques : la mise en œuvre d’une politique de maîtrise des coûts et de revenus-assurance avec un vaste plan de lutte contre la fraude ; et la transformation du business model, c’est-à-dire du plan d’affaires de la société, avec à la clé un vaste plan d’investissements dans les sources d’énergie moins onéreuses que sont le gaz, le solaire, l’hydroélectrique et l’éolien.
Pour ce qui concerne la première stratégie, il s’est avéré que la fraude est pour beaucoup dans les problèmes de EDM-Sa. En effet, la fraude développée autour de la société EDM-Sa générait une perte d’environ 7 milliards de FCFA par an répartis entre les branchements directs illicites consistant à passer le compteur de EDM-Sa ; les manœuvres délictueuses sur les compteurs se matérialisant par les rétrogradations d’indexes, le blocage du tambour du compteur, ou l’introduction d’éléments étrangers pour ralentir ou bloquer l’évolution normale des indexes. Pour arrêter cette fraude, le ministre Traoré a opté pour un assainissement de la base de données clientèle avec la mise en œuvre d’une grande opération de contrôle continu du réseau de distribution sur toute l’étendue du territoire national.
Cette opération devra permettre à terme d’améliorer le taux de facturation et de la trésorerie, d’augmenter le chiffre d’affaires de la société, de réduire la saturation illicite du réseau et d’offrir un meilleur service à la clientèle par un égal traitement des abonnés. « Il ne s’agira plus de traquer seulement les fraudeurs, mais surtout d’appliquer aux contrevenants des mesures punitives pour éviter la répétition des irrégularités », avait soutenu Lamine Seydou Traoré, qui prévenait que les sanctions pouvaient aller de l’enlèvement du compteur à des poursuites judiciaires contre les indélicats et leurs complices.
Le ministre Lamine Seydou Traoré annonçait aussi le lancement d’un appel d’offres en vue de choisir des fournisseurs crédibles de carburant et surtout pour pouvoir sécuriser ce secteur qui était aussi caractérisé par un monopole de fait au profit d’une société. Cet appel d’offres a abouti au choix de deux fournisseurs tacites : un principal et un suppléant. Donc, sur ce plan, l’approvisionnement des groupes électrogènes en carburant est assuré. Face à la vétusté des postes de transit, un plan de rénovation a été engagé. Les moyens ont été trouvés, mais puisque le temps de réalisation pour des travaux d’une telle envergure est incompressible, il fallait donc trouver une solution à court terme.
Sur ce registre, le ministre a misé sur la mise en place de capacités supplémentaires sur différents sites pour prendre le relais à chaque fois que les postes de transformation tombaient en panne pour donner l’électricité à la population en attendant leur réparation. Pour faire en sorte que le Mali soit dépendant de l’importation d’énergie, le ministre Traoré a mis en œuvre un plan d’installation d’une centrale de 200 milliards de FCFA avant la période de pointe de l’année 2022 qui commence normalement vers février. Cela pour pouvoir faire face non seulement à la demande croissante annuelle de 10% environ, mais aussi faire face aux éventuels aléas de la fourniture faite par la Côte d’Ivoire.
Aussi, pour renforcer le réseau électrique de la société EDM-Sa, le ministre Traoré est parvenu à obtenir de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) un appui de 8,5 milliards de F CFA, lors 124ème Conseil d’administration de l’institution basée à Lomé, en juin dernier. Un appui visant à mettre à niveau les infrastructures de distribution de la société EDM-Sa pour faire face à la demande d’énergie qui croît à deux chiffres, occasionnant de nombreux désagréments dans l’approvisionnement. En clair, il s’agit de renforcer le réseau de transport et de distribution de la société EDM-Sa en mettant fin aux surcharges des ouvrages électriques et en améliorant la sécurité de l’approvisionnement en électricité des villes.
Il s’agit spécifiquement de transporter l’énergie de Kayes (centrale Albatros) vers la capitale, permettant ainsi d’évacuer toute la production d’énergie de cette centrale vers les consommateurs. Ce sont au total 10 postes de transformation qui seront renforcés, notamment à Sirakoro et Lafia, où il s’agira de remplacer le transformateur 15 kV, 30 MVA par un de 15 kV, 60 MVA. Il est également prévu l’installation de huit kilomètres de câbles souterrains entre le poste de Lafiabougou et Darsalam ainsi que l’installation de bancs de condensateurs additionnels à Badala, Balingué, Kalaban, Kati, Kita, et Kodialani. Mais pour le moment, la priorité est de renforcer l’interconnexion pour arriver à la fourniture de 100 MW contre 60 à 80 MW actuellement.
Une autre solution préconisée par le ministre Lamine Seydou Traoré pour le développement harmonieux du partenariat public-privé est le partenariat Public-Privé. Il s’agira de faire en sorte que des opérateurs privés puissent réaliser un nouveau réseau et se faire rembourser dans le temps avec le produit généré par ces investissements. Déjà, des contrats pour réaliser un investissement de 1.400 milliards de FCFA dans notre pays ont été conclus avec des opérateurs privés, les partenaires techniques et financiers ont mobilisé 400 milliards de FCFA, et 500 milliards de FCFA seront mobilisés par l’État, soit un total de 2.300 milliards.
Youssouffa Kéita