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Impunité : La source majeure des violations des droits humains en Afrique

Hier 10 décembre marquait le 71è anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). La commémoration internationale vise à invoquer de profondes et intenses réflexions sur l’importance vitale des 30 articles contenus dans ce document historique.


Cependant, l’événement survient dans un contexte préoccupant en Afrique où la persistance de l’impunité constitue la source majeure de graves violations se multipliant sur le continent avec notamment pour cibles les personnes appartenant aux minorités ethniques, religieuses, politiques ou sexuelles.
Les dispositions législatives réservées aux libertés individuelles et collectives sont de moins en moins appliquées dans de nombreux pays africains en raison de la mauvaise gouvernance de l’administration judiciaire. La magistrature ne dépende généralement que de la volonté de la minorité dirigeante. Des rapports des Nations Unies, ces dernières décennies, ont révélé des milliers de cas de violations en Afrique avec l’impunité comme étant un des principaux facteurs d’encouragement. Anciens dictateurs et criminels peuvent généralement dormir tranquille. Après les conflits et autres séries de répressions sanglantes commises par eux, la réconciliation prônée plus tard par le gouvernement passe souvent avant la justice. Dans plusieurs cas, les dictateurs sont lavés de tous les crimes qu’ils ont commis comme le prix à payer pour retrouver la paix civile et revenir à la démocratie.
Pourtant, la déclaration juridique qui stipule que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont douées de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », préfigure dans la Constitution de la plupart des pays africains. En dépit des pressions fortement et incessamment exercées par les associations internationales des droits de l’homme, y compris, les organisations des Nations Unies sur les pouvoirs judiciaires africains, l’impunité persiste ravageusement sur le continent au mépris des exigences de la Déclaration Universelle des Droits l’Homme.
La plupart des conventions juridiques internationales signées par les Etats africains, depuis plusieurs décennies, contre diverses formes de violations et dont certaines ont même été ratifiées, peinent encore à être appliquées aussi bien que les sanctions judiciaires à prendre contres de possibles transgresseurs.
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui devrait techniquement servir de base juridique référentielle pour chaque pays du monde en vue de mieux prévenir les cas de violation, a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies depuis le 10 décembre 1948 à Paris en réaction aux atrocités commises lors de la deuxième guerre mondiale. La commémoration annuelle de l’adoption de ce document fondateur est une source d’inspiration pour chacun d’entre nous de promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme. Le document énonce les droits fondamentaux de l’individu, leur reconnaissance et leur respect par la loi.
Le Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dans son préambule, affirme : « La reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, la justice et la paix dans le monde. La méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité, et l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme »
Commémorant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, Guillaume N’Gefa, Directeur de la Division Droits de l’Homme de la Mission des Nations Unies au Mali, dit, « Si nous ne défendons pas assez les droits humains et que nous nous détournons d’eux lorsqu’ils sont maltraités, ils disparaitront lentement et mourront. Si cela arrive, le coût en vies humaines et la misère seront immenses et l’humanité entière paiera un lourd tribut. Il est essentiel de tenir les Etats pour responsables. Mais ces droits sont trop importants pour être laissés aux seuls Etats. Ils sont trop précieux pour nous tous et pour nos enfants ». Chaque année, l’anniversaire de son adoption est l’occasion de s’interroger sur la façon dont les règles régissant les droits de l’homme sont observées à travers le monde où le respect des droits des enfants et les femmes figurent parmi les plus brûlantes préoccupations.
Malgré les 71 ans de la DUDH ainsi que les 30 ans de l’instauration du régime démocratique en Afrique pour mettre fin aux partis uniques et leur cortège de violations, la question des droits de l’homme reste encore mal résolue sur le continent, notamment, à cause de l’insuccès de la lutte contre l’impunité par les activistes. Les cas de violations des régimes africains autoritaires ou mal élus, les violences basées sur le genre et autres crimes misogynes dans les sociétés africaines retardataires, les atrocités commises dans les zones de conflit et des actes d’injustice impunément perpétrés par la classe haut-placée contre des couches socialement défavorisées, sont des cas de violations répétés et qui sont constamment signalés par des défenseurs des droits de l’homme sur le continent.
Dans une récente interview, un haut responsable du Réseau Ouest-Africain des Droits de l’Homme (ROADH), a déclaré que : « L’impunité organisée au plan politique équivaut à un déni de justice pour les victimes. Seule le succès d’une lutte farouche contre l’impunité à travers la responsabilisation de l’Etat de droit et la mise en place d’une Justice réellement indépendante, permettrait d’amoindrir les violations des droits de l’homme en Afrique».
Moulaye DIOP

Source: Le Point du Mali

 

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