Pourquoi voudriez-vous limiter notre débat à «Boua ba bla» et à «Boua ta bla» ? La crise que traverse notre pays doit nous obliger tous à nous interroger sur nos choix, à imaginer une nouvelle dynamique du Mali post-crise et à proposer des voies qui nous y amènent. La proximité des élections présidentielles était une occasion constitutionnelle pour cet exercice. Nous sommes en train encore une fois de faillir à notre obligation de sortir notre pays de la défiance généralisée.
Dans le domaine où je me tromperais le moins, c’est-à-dire la culture, j’y observe des pratiques qui ne nous honorent pas : on a donné beaucoup d’argent à des pauvres rappeurs et autres artistes urbains, jusqu’à présent totalement laissés à eux-mêmes, pour qu’ils disent simplement sur leur page «Boua ba bla» ou «Boua ta bla».
Cependant, aucune politique sectorielle ne leur a été proposée pour améliorer leur condition. Qui peut me dire que Gaspi, Iba One, Petit Guimba et autres… ont un statut qui leur permet demain d’accéder à une retraite ? Qui leur permet demain de bénéficier d’une couverture sociale ? Qui peut me dire que si Gaspi, Iba One, Petit Guimba et autres…, demain, créent une nouvelle œuvre, peuvent accéder à un marché ? Que ce marché les rendrait suffisamment crédibles pour accéder à des services comme les crédits bancaires, les programmes immobiliers et autres prestations de développement que portent des programmes comme l’APEJ ou le PROCEJ….. RIEN !!!
On préfère les garder en «mode survie». Et au besoin les utiliser comme des «kleenex». Vous savez, vous ne pouvez pas demander à quelqu’un en «mode survie» d’avoir de la jugeote. Chers politiques, aidez-nous à protéger le secteur culturel qui est déjà suffisamment moribond. Ne détruisez pas le peu de crédit qui y reste. C’est une des rares richesses qui nous reste. C’est un des rares mécanismes qui nous reste pour construire la confiance des jeunes, pour reconstruire nos symboles communs, pour faire face à la défiance généralisée.
S’il vous plaît… Aidez-nous…. Laissez-nous sortir du petit jeu. Avec mes excuses pour les personnes que j’ai désobligées.
Alioune Ifra NDIAYE
Source: Le Reporter