L’opération qui prend fin le 15 août 2022, consiste à identifier ces nouveaux moyens de transport pour parer à toute éventualité en cas d’accident et de prise en charge de sinistre
Nous sommes le jeudi 18 novembre 2021. Non loin de la Cathédrale de Bamako, un conducteur de mototaxi percute deux motocyclistes, à l’arrêt au niveau des feux tricolores. Le jeune visiblement paniqué, ne semblait pas bien maîtriser son engin. Heureusement pour lui, il n’y a pas eu de blessé. Un des engins a été légèrement endommagé. Ces genres d’incidents ne sont pas rares depuis la mise en circulation des mototaxis et des tricycles appelés «katakatani». La prolifération de ces engins dans la circulation pose d’énormes problèmes en termes de sécurité routière.
Certains conducteurs de ces deux ou trois roues ignorent complètement le Code de la route et ne disposent pas de permis de conduire. La plupart des mototaxis et tricycles ne sont pas non plus immatriculés et n’ont pas de carte grise. Un problème de responsabilité se pose donc en cas d’accident et de prise en charge des sinistres.
Selon les statistiques 2020 de la protection civile sur le taux d’accidents impliquant ces nouveaux moyens de transport, les mototaxis étaient impliquées dans 78% des cas de décès provoqués par les accidents impliquant les engins à deux roues, soit 359 sur 460 cas de décès. Selon le lieutenant-colonel sapeur-pompier Bakary Dao, l’excès de vitesse et la méconnaissance du code de la route par les conducteurs de mototaxis sont à l’origine de ces malheurs. Ces chocs, précise l’officier supérieur, surviennent souvent au niveau des carrefours où les règles sont exigeantes.
Face à cette situation, la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, a lancé le lundi 15 novembre à la direction régionale des transports terrestres et fluviaux du District de Bamako, une opération spéciale d’immatriculation des tricycles, mototaxis et vélomoteurs.
Ce lancement faisait suite à deux instructions interministérielles. Selon ces instructions n°2021-001 et n°2021-002 du 12 novembre 2021, l’opération prendra fin le 15 août 2022. Les engins concernés par l’immatriculation sont ceux pourvus de deux ou trois roues et d’un moteur de cylindrée comprise entre 80 cm3 et 125 cm3 ou assimilés.
Le dossier d’immatriculation comprend : le formulaire de demande de mise en circulation de l’engin, le certificat de mise à la consommation délivré par les services de douanes, la vignette ou la facture d’achat antérieure au 15 novembre 2021, le justificatif de paiement de la redevance au titre des prestations de la direction des transports terrestres, maritimes et fluviaux fixée à 5.000 Fcfa. S’y ajoute le justificatif de paiement de la redevance de sécurité routière fixée à 1.000 Fcfa, un timbre fiscal de 1.500 Fcfa par cheval vapeur, le procès-verbal de constatation de l’engin délivré par un expert de la direction nationale des transports terrestres, maritimes et fluviaux, à titre gratuit, le justificatif de paiement de la plaque d’immatriculation fixé à 5.000 Fcfa.
CATÉGORIES A1 ET A2- Pour l’obtention du permis de conduire pour les tricycles, motocyclettes et vélomoteurs, l’instruction n°2021-002 s’applique aux permis de conduire des catégories A1 et A2 pour la conduite des vélomoteurs, motocyclettes et tricycles avec ou sans side-car pourvus d’un moteur dont la cylindrée est comprise entre 80 à 125 cm3 ou assimilés. L’âge requis pour être candidat à l’examen est fixé à seize (16) ans révolus pour l’obtention du permis de conduire de la catégorie A1 et à dix-huit (18) ans pour la catégorie A2.
Le candidat doit fournir un dossier comprenant le formulaire de demande timbrée à 1.000 Fcfa, un extrait d’acte de naissance, une copie du jugement supplétif ou de la fiche d’identification nationale, quatre photos d’identité, le justificatif du paiement de la redevance de la direction nationale des transports terrestres, maritimes et fluviaux fixée à 2.000 Fcfa, le justificatif du paiement de la redevance de sécurité routière fixée à 1.000 Fcfa.En cas d’ajournement, seul le paiement de la redevance transports terrestres, maritimes et fluviaux est exigé au candidat, soit 2.000 francs CFA.
À Bamako, trois sites ont été retenus : la direction régionale des transports terrestres et fluviaux du District de Bamako, la cour du ministère des Transports et des Infrastructures et l’Institut national de formation professionnelle pour les bâtiments, les transports, et les travaux publics. Nous y avons fait un tour quelques jours après le lancement.
À la direction régionale, l’engouement des conducteurs de mototaxis et de tricycles n’était réel au passage de notre équipe. Une dizaine d’engins étaient arrêtés d’un côté de la cour. Plusieurs autres étaient parqués plus loin. Un groupe de conducteurs attendaient le début des examens. Moussa Doumbia figure parmi eux. Il est sur les nerfs. «Je suis venu pour passer le permis. On nous a dit que les épreuves débutent à 7h, mais je suis venu depuis 5 h du matin.
Voilà qu’il est 8h passées et on les attend toujours. Nous félicitons l’État pour cette décision vis-à-vis de nous, mais il faut que les agents en charge de l’opération la prennent au sérieux. S’il faut que nous passions toute la journée à attendre. Nous devons verser la recette journalière au propriétaire de l’engin», déplore-t-il. Abdoulaye Doumbia, un autre conducteur de mototaxi, félicite les autorités pour le lancement de cette opération. «Nous demandons aux autorités de prendre des dispositions pour nous sécuriser. On nous agresse, nous tue dans l’exercice de notre métier. On a besoin d’être sécurisé», plaide le conducteur.
Le président du centre confirme l’engouement autour de l’opération. «Les gens viennent. Les examens débuteront dans peu de temps. Nous avons enregistré une trentaine de candidats aujourd’hui. Il y a aussi de l’engouement pour les cartes grises», se réjouit Modibo Ouologuem.
Sur les deux autres sites, le constat était presque le même. La présidente du centre sis dans la cour du ministère des Transports et des Infrastructures, Kouma Mariam Kouma, informe que les gens viennent se renseigner avant de faire leur demande. Le président du centre qu’abrite l’Institut national de formation professionnelle pour les bâtiments, les transports et les travaux publics, Moussa Niangaly, dit avoir reçu plusieurs dossiers de carte grise.
Aminata Dindi SISSOKO
Source : L’ESSOR