Dans l’Atlantique, les ouragans s’enchaînent depuis quelques semaines. Ce phénomène est-il exceptionnel ?
« C’est la saison ! Dans le bassin atlantique, les ouragans se forment de mai à novembre. Ils naissent des systèmes orageux qui se décalent de l’Afrique de l’ouest, gagnent les eaux chaudes de l’Atlantique, puis se dirigent en s’intensifiant vers le bassin des Caraïbes et le continent américain. Il est vrai que la saison 2017 est assez active, mais pas exceptionnelle. Il y en a eu d’autres dans le passé : 2005, par exemple, l’année de Katrina. »
Certains, comme Irma, sont toutefois particulièrement puissants. Quelles sont les causes de cette forte intensité ?
« La température de l’eau, tout d’abord. Par rapport aux 30 dernières années, l’eau de l’Atlantique tropical est environ 2°C au-dessus de la moyenne. La structure des cyclones, ensuite. Plus leur « cisaillement vertical » est faible, (le cisaillement étant la variation des vents selon l’altitude), ce qui est le cas pour les cyclones actuels, plus ils sont puissants. Enfin, en altitude, les conditions atmosphériques sont très calmes et donc propices au renforcement des cyclones. »
Pourquoi la zone des Antilles est-elle particulièrement touchée ?
« Car c’est une zone tropicale. Là-dedans se trouvent les éléments qui permettent aux amas orageux qui circulent depuis l’Afrique sur l’Atlantique de grossir et de se transformer en cyclone. Un cyclone est par ailleurs un phénomène océanique. C’est-à-dire qu’il a besoin de l’eau comme carburant. Et surtout, il a besoin de circuler sur une zone au faible relief. Du coup, le bassin des Caraïbes et le golfe du Mexique présentent les conditions idéales ! »
Le réchauffement climatique va-t-il intensifier le phénomène ?
« On ne s’attend pas à ce que le réchauffement climatique entraîne un nombre plus important de cyclones, mais à ce qu’il conduise par contre à des phénomènes plus violents, en termes de vents, mais aussi de précipitations. »
Qu’en est-il des alertes ? Car entre l’échelle de Saffir-Simpson et la vigilance Météo France, il est difficile de s’y retrouver.
« L’échelle de Saffir-Simpson classe l’intensité des cyclones, de 1 à 5 en fonction de la force des vents, et permet de les comparer au niveau mondial. Après, chaque pays a son système d’alerte. La vigilance Météo France va de jaune à violet, et correspond au stade d’avancée du cyclone par rapport à la zone surveillée. Il y a aussi un niveau gris, qui est déclenché après le passage du cyclone, quand il y a encore du danger pour les hommes, notamment du fait de crues etc. Autrement dit, l’échelle de Saffir-Simpson est intrinsèque au phénomène météo tandis que la vigilance Météo France traduit l’impact sur les populations. »