Pourquoi à quelques mois de l’élection présidentielle, une opportunité de passer le relais, a-t-on éprouvé le besoin de déposer Robert Mugabe ; affectueusement appelé camarade Bob ? A-t-on oublié la sagesse africaine selon laquelle : « Le roi, ou le vieillard ne saurait être exposé à la honte ; qu’il prenne, la bonne ou la mauvaise décision » ?
Les raisons apparentes évoquées, ressassées par les médias occidentaux et relayées par certains médias africains nous donnent une lecture simple, pour ne pas dire simpliste des évènements.
Curieusement eux qui sont le plus souvent vétilleux quand il s’agit de problème de légitimité, de respect de la constitution, de démocratie, de bonne gouvernance et autre légalité, dans les pays africains, ne pipent mot sur ces aspects. Ils ont hâte que Mugabe passe la main, même s’il n’a pas atteint la ligne requise de remise du témoin.
Certes, le doyen des chefs d’Etat ne peut avoir la prestance d’un jeune-homme de quarante ans, mais il n’est pas atteint d’un degré de sénescence tel, qu’il soit incapable de parachever son mandat. On argue son épouse, Grâce Mugabe d’être arrogante et d’être démesurément ambitieuse. Mais, observons autour de nous. Existe-il une seule première dame africaine qui ne soit pas condescendante et qui ne s’immisce pas dans les affaires de l’Etat ?
C’est dire que les comportements de Grace ne pourraient constituer un motif de destitution de son mari. Certes, le pays traverse des moments difficiles. Mais qui suit de près son évolution, malgré les écueils de toutes sortes qu’on lui dresse depuis des décennies, on devrait plutôt féliciter la gouvernance Mugabe de l’avoir hissé dans le peloton de tête pour certains indices de développement humain tels l’éducation et la santé. Ainsi, avec un taux d’alphabétisation de 89%, il est au -dessus de la moyenne mondiale qui est 86% selon le PNUD.
La raison de cette conjuration, il faut la chercher ailleurs. Certaines sources nous révèlent que ce plan de déposition de Mugabe dont la mise en œuvre a été enclenchée la semaine dernière, a été élaboré il y a plus d’un an. Le déroulement du processus montre que rien n’est spontané et que tout était préparé. On a sans doute abusé de la bonne foi et peut-être de la naïveté de beaucoup d’anciens combattants et des militants de la ZANU-PF, tel l’ancien vice-président, Emmerson Mnangwa. Le but recherché, est d’humilier le père de la nation, de le discréditer et de mettre en cause toute son œuvre ; par conséquent, barrer le chemin de sa succession à tout celui qui provient de la ZANU-PF. L’objectif ultime étant de restaurer l’ordre ancien : confier le pays à une race de zimbabwéens prêts à abandonner leur pays à des rapaces. Nous ne serions pas surpris que dans moins d’un an, qu’une chasse aux sorcières soit engagée contre tous les anciens collaborateurs de Robert Mugabe et dont la première victime sera Emmerson Mnangwa. Il sera à ne pas en douter, accusé de crime contre l’humanité, si entre temps il n’a pas été trucidé.
Ce qui est sûr, le Zimbabwe est entré dans une période de turbulences. A l’allure où vont les évènements, il serait difficile que toute la partie du continent constituant l’ancien empire du Monomotapa, qui avait atteint son apogée au 15éme siècle, c’est-à-dire : le Zimbabwe, le Mozambique, une partie du Botswana et de l’Afrique Sud, ne sombre dans une indicible tragédie.
…sans rancune
Source: Delta News