Demander au Président Ibrahim Boubacar Keïta de rendre compte de sa gestion en ce moment précis serait, pour parapher l’éminent professeur Amadou Keïta dans sa réflexion sur la démocratie malienne, plonger dans l’économie morale de l’illogisme.
Lui demander de justifier les raisons qui l’ont poussé à lever les mandats d’arrêts contre certaines personnes poursuivies pour crimes et toutes sortes d’atrocités contre le peuple malien et de les accepter en sus comme candidats de son parti aux élections législatives en cours, reviendrait tout simplement à remettre en cause la confiance que nous lui avons accordée en le plébiscitant à la Magistrature suprême. Réclamer toute de suite «l’honneur du Mali» tant promis, en dépit du fait qu’il soit solidement écorné avec la cacophonie qui prévaut actuellement à Kidal, présagerait à n’en point douter l’effritement du «capital-confiance» accordée au Président IBK par le peuple malien. Solliciter «le bonheur des Maliens», demeure dans le même ordre d’idées tout de même inapproprié, surtout en ce moment où nous en avons le plus besoin du fait de la cherté de la vie, de l’instabilité de notre armée, de l’inaccessibilité des soins de santé, de la corruption qui va crescendo, de l’instrumentalisation politique de la justice et de nombreux autres préoccupations auxquelles nos concitoyens restent toujours confronter…
De tous ces constats, découle une réalité : juger IBK aujourd’hui n’est pas chose aisée. Tirer une conclusion de son quinquennat, en moins de trois mois de gestion, relèverait d’un véritable parcours du combattant. Et s’hasarder de faire le bilan d’une gestion qui n’est même pas encore effective d’un point de vue structurel bien entendu, serait prétendre faire des omelettes sans casser des œufs. En d’autres termes, l’heure n’est point aux critiques subjectives et aux conclusions actives. Mais plutôt, à l’observation, à l’analyse, à la patience, et par ricochet, aux critiques objectives. Ou du moins à un sursis et une présomption de confiance pour IBK, le Premier ministre et son gouvernement.
De cette réalité, résulte un vœu : celui de voir enfin IBK arrêter de pleurer et de capituler face au dictat de la France, pour s’attaquer aux vrais problèmes des Maliens ! Car, en lieu et place de ses larmes, le citoyen lambda préférerait plus des solutions aux multiples problèmes socio-économiques qui l’assaillent au quotidien. Au delà des promesses et mises en garde, le peuple s’attend à des actions concrètes et salvatrices. En dehors des faveurs et manigances de la France, le Mnla et ses alliés méritent également une bonne baffe. Et ce pour l’honneur des victimes d’Aguelhok, le bonheur de leurs parents, veuves et orphelins et la justice d’Abord. Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président, Kasi ni mousalaka dabila !
Source: Le Flambeau