Esseulé et battu lors des deux tours de la présidentielle, le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé bave sur la décision de la Cour constitutionnelle et s’engouffre inexorablement dans une aventure sans issue.
Soumaïla Cissé sur les traces de Jean Ping, l’opposant Gabonnais. À force de surfer sur une impopularité supposée du président sortant, l’ancien ministre des Finances, lâché au second tour par nombre d’opposants censés le soutenir, en a pris plein la figure, la claque des urnes. Malgré tout, Soumi ‘’résiste’’ et appelle ses partisans à défier la République. Le porte étendard de la plateforme ‘’Ensemble restaurons l’Espoir’’ n’est pas prêt à lâcher du lest. Pour une deuxième fois consécutive, après le scrutin du 12 août, répondant à son appel ses soutiens ont manifesté à Bamako, ce week-end pour contester les résultats du second tour de la présidentielle. Cela, tant bien même qu’ils ont été validés par la Cour constitutionnelle qui a déclaré IBK président élu. Après s’être autoproclamé président élu en contradiction de la loi électorale Soumaila, selon ses proches, compte s’auto investir, le 4 septembre prochain, date initialement prévue pour l’investiture du président légalement élu. Une aventure sans issue, d’autant plus qu’IBK a été unanimement félicité par la Communauté internationale. À 68 ans, arrivé deuxième à trois reprises à l’issue de la présidentielle, Soumaïla Cissé fait mine de ne rien entendre des messages de félicitation de la Communauté internationale serinés par la télévision nationale à l’adresse de son adversaire. S’il a surpris plus d’un en s’empressant de féliciter IBK en 2013 avant la proclamation officielle des résultats, cinq ans après le député de Niafunké surprend à nouveau. Mais dans le sens inverse.
Et désemparé, l’opposant s’est mis volontiers le pouvoir judiciaire dans le dos. Et cela, en remettant en cause l’intégrité des neuf sages de la Cour constitutionnelle, qui ont sans état d’âme vidé toutes les requêtes formulées par ses conseils. Au nombre desquelles une relative à la démission de la présidente de la Cour constitutionnelle jugée ‘’impartiale’’. «Je n’ai pas la tête de quelqu’un qui démissionne. Je ne démissionnerai pas» a lâché Manassa Danioko, sourire narquois face aux caméras. Faut-il le rappeler, la dame juge, seule femme à la tête d’une institution de la République au Mali, avait été, du temps du projet de la révision constitutionnelle avorté, verbalement lynchée par Ras Bath, porte-voix de l’opposition et ses proches.
Berné par la grande mobilisation de la marche contre la révision constitutionnelle et le soutien du porte-parole du Collectif pour la Défense de la République, (CDR), Ras Bath, le candidat de l’URD Soumaïla croyait dur comme fer que son heure était venue. Mais hélas! Erreur fatale et surprise désagréable.
En réponse à cette protestation le président IBK, réélu à sa propre succession, lui, brandit la carotte et le bâton. S’il a tendu la main à son opposant l’appelant à gérer le ‘’réel’’ plutôt que «l’illusion», IBK n’exclut pas de sévir lorsque cela est nécessaire pour affirme-t-il « préserver le Mali».
L’arrestation musclée de Paul Ismaël Boro, soutien de dernière minute de Soumaïla Cissé, soupçonné d’être auteur d’un projet de déstabilisation, annonce un lendemain bouillant sur la scène politique.
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan