INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE
Le financement des frais d’hospitalisation de Seydou Traoré, dit Bamanan, animateur à Radio Djekafo, la prorogation du mandat des députés, l’effritement de la majorité « pestilentielle », pardon présidentielle, et le carnage de Sobane… Tels sont, entre autres, les sujets abordés dans cette interview imaginaire. Ou presque.
Mr le président, vos gestes de générosité en faveur de l’étudiant Mamoutou Diarra et de Seydou Traoré, animateur à Radio Djekafo, a été salué par l’opinion nationale et internationale. Quel sens donnez-vous à ces deux gestes ?
Aucun ! J’ai juste fait parler mon cœur. Vous me connaissez. Je suis très sensible à certaines situations. C’est pourquoi, d’ailleurs, pour un oui ou pour un non, je pleure.
S’agissant du jeune Mamoutou Diarra, aujourd’hui en formation pour devenir sapeur-pompier, j’ai voulu, à travers mon geste, faire des émules. J’ai voulu pousser d’autres jeunes maliens à suivre son exemple.
Mais pour le cas de Seydou Traoré, dit Bamanan, j’ai été sensible au SOS lancé par ses collègues sur les antennes de leur radio. Connaissant les conditions de vie et de travail des hommes de média au Mali, j’ai juste fait le « geste qui sauve ». Et chaque fois qu’un compatriote est dans cette situation, je n’hésiterai pas à refaire la même chose, dans la mesure de mes moyens.
Ceux qui semblent bien vous connaître vous décrivent comme un « homme à la générosité sans limite ». Est-ce vrai ?
Ah bon ?! Je n’en sais, strictement, rien. Ce que je sais, par contre, tout homme doit aider son prochain, dans la mesure de ses moyens. Qu’il soit président de la République ou vendeur de balaie.
Combien avez-vous remis à la famille de l’animateur pour ses soins ?
J’ai fait ce que je dois faire. Un point c’est tout !
Certains parlent de 14 millions CFA, d’autres 16 millions CFA…
N’en parlez à personne : je leur ai remis 21.000 euros, l’équivalent de 14 millions CFA.
Mr le président, le Mali vient d’être endeuillé, deux mois après ce que d’aucuns ont appelé le « massacre d’Ogossagou » par un autre carnage, celui de Sobame qui a fait une centaine de morts. A quand la fin de l’horreur dans notre pays ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de présenter mes condoléances aux familles des victimes et souhaiter prompt rétablissement aux blessés. Ceci dit, je condamne avec la plus grande fermeté cette attaque lâche et barbare et promet de prendre toutes les mesures nécessaires pour que pareille horreur ne se reproduise plus.
Mr le président, au lendemain des « massacres d’Ogossagou », vous aviez, aussi, ne promis « plus jamais ça ! ». Et pourtant, c’est encore arrivé, dimanche 9 juin, à Sobame…
C’est vrai ! Avec la mise en place du plan de sécurité intégré au centre du pays, je croyais pouvoir tenir ma promesse. Mais, visiblement, il s’est avéré insuffisant. Il nous faut, désormais, trouver autre chose pour assurer la sécurité des populations et de leurs biens.
La majorité présidentielle est sur le point de voler en éclats, avec le retrait d’une quinzaine de partis et de mouvements politiques. Qu’en pensez-vous ?
Existe-t-il une majorité présidentielle ? Je n’en sais, strictement, rien. Car, son action n’est pas visible sur le terrain.
Et que pensez-vous de la création de l’ARP (Action Républicaine pour le Progrès), dirigée par Tiéman Hubert Coulibaly ?
Si l’ARP veut vraiment m’aider, pourquoi elle a quitté la majorité présidentielle ? A mon avis, cette plateforme a été créée parce que ses initiateurs se croient oubliés par mon régime. C’est juste pour réclamer leur part du gâteau.
Le mandat des députés vient d’être prorogé pour la seconde fois, alors que plusieurs partis politiques s’y opposent…
Ce que nos concitoyens doivent comprendre, c’est qu’on n’a pas le choix. Avec tous les problèmes qu’on doit gérer au quotidien, on n’a pas eu le temps de préparer les élections législatives. Voilà pourquoi, nous avons décidé de proroger le mandat des députés.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchaîné