En donnant le ton des Assises nationales sur le Nord, le vendredi dernier, au CICB, le Président IBK a invité à se débarrasser des frustrations du passé pour un nouveau contrat social qui exige de tous des sacrifices sur lesquels lui-même ne lésinera.
Il a annoncé un développement équitable, à travers une régionalisation, qui ne saurait en aucun cas s’accommoder de la violence.
Les Assises qui ont duré du 1er au 3 novembre (un jour de plus que prévu) ont réuni les délégués des régions et de l’extérieur, des personnalités, autour de 3 thèmes :« La réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble » ; «L’approfondissement du processus de décentralisation »; et « Le lancement du programme de développement accéléré des régions du Nord ».
Cheville ouvrière des Assises nationales sur le Nord, le chef du Département de la Réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, Cheick Oumar DIARRAH, à l’ouverture des travaux, a rappelé que cette initiative faisait partie du programme du Président Ibrahim Boubacar KEITA.
En effet, a-t-il précisé, IBK envisageait, depuis deux ans, un tel forum pour discuter de cette question qui est au cœur du développement du pays.
Aussi, ce rêve est-il devenu réalité avec la tenue effective des Assises nationales sur le Nord qui représentent un tournant crucial pour le pays.
Et pour cause, a justifié le ministre DIARRAH, il s’agit du plus grand forum, après celui de la décentralisation, qui met face à face les fils du pays pour parler d’une préoccupation nationale.
Ainsi, a-t-il indiqué, il s’agissait de débattre de questions fondamentales relatives à la décentralisation, au plan de développement accéléré du Nord, à la réconciliation et à la cohésion sociale…
Le ministre DIARRAH a enfin émis le vœu que la rencontre soit le début d’un contrat social ainsi que la refondation de la république et de la démocratie.
Le Président IBK a vu dans le grand rassemblement de ses compatriotes la saveur de l’amour de la Patrie. Il a vu dans ce moment de communion, la matérialisation de la Devise : « Un Peuple-Un But-Une Foi » ; la belle étoffe de notre nation métissée. C’est pourquoi il a exhorté ses compatriotes à ne pas laisser abîmer cette belle symbiose en nous hissant à la hauteur de notre humanisme d’antan.
Ce cadre des Assises a été voulu et souhaité par l’ensemble du pays, car ce pays a connu un cataclysme majeur qui a ébranlé les fondements de la république ; la nation a subi l’humiliation la plus grave de son histoire. Dès lors, a martelé le Président IBK, il nous faut guérir le Mali ; mettre fin aux répétitions cycliques de crises ; fonder une paix durable pour un avenir prometteur pour nos enfants ; refonder l’État avec une authentique régionalisation, point du développement régional, tout en restant arrimé à l’âme nationale. Pour cela il invité ses compatriotes à bannir la violence pour que les champs fleurissent d’espérance au-dedans et au dehors ; à éviter la stigmatisation d’un groupe ; d’autant plus que la grande majorité des touareg se sentent maliens et sont choqués lors qu’on dit qu’il y a un problème touareg.Il a exprimé sa pleine conscience que la stabilisation du pays passe par la résolution du problème du Nord.
S’agissant de l’objectif des Assises, IBK a expliqué qu’ils visent à discuter, débattre sereinement, fraternellement, convivialement, de manière communielle.
Il a assuré que rien n’est tabou pour que des solutions ou des pistes de solutions heureuses puissent être trouvées. De même, pour lui, pour les combats à mener contre le crime, le narcotrafic, tous doivent se sentir concernés.
Il a mis l’accent sur le brassage entre les populations et la solidarité nationale qui a toujours été de mise et dont l’une des expressions était les échanges commerciaux entre les populations du Nord et du Sud ; la nécessité de changer de mentalité et de comportement. Ce pour quoi il n’y a pas de miracle à la manière de gens debout, dignes et fiers qui ne tendent pas la sébile.
Dans cette veine, a-t-il annoncé, il a instruit le Gouvernement de prendre des mesures vigoureuses par rapport à la discipline, à l’éthique, à la remise au travail parce que le Mali de demain sera l’œuvre de nous tous et que la souveraineté, l’indépendance, l’honneur ont un prix à payer.
En plus, il s’agit de bâtir un pays réconcilié avec son histoire, une société respectueuse du passé et tournée vers l’avenir avec un État juste, impartial et solidaire.
IBK qui a rappelé qu’il n’agit jamais sous une violence imposée ; mais conformément à l’intérêt du peuple, a fait savoir qu’il continuera à appliquer les termes de l’Accord de Ouaga et à libérer des prisonniers si c’est le prix à payer pour la paix. Tant pis pour ceux qui ne sont pas dans la logique du Mali. Ce qui n’entache en rien son grand respect pour la loi, a-t-il précisé.
En outre, il a rappelé que le Mali est un et indivisible. C’est pourquoi il s’est engagé à créer les conditions dedans pour que chacun se sente proche, notamment à travers une régionalisation qui offrirait de meilleures conditions d’administration. Ce qui doit être fait par rapport au développement le sera partout, particulièrement au Nord.
Mais là également, a-t-il mis en garde, il ne saurait être question d’indépendance ou d’autonomie et qu’il ne gère pas les pancartes de quelqu’un.
Reconnaissant envers la communauté internationale, le Président IBK a une nouvelle fois martelé que c’est à nous d’abord de trouver la solution à nos problèmes.
Il est favorable qu’on nous accompagne ; mais qu’on ne cherche pas à nous en imposer.
Ce pays de vieille civilisation peut trouver en lui-même les ressources nécessaires pour se relever.
Après trois jours d’intenses travaux en ateliers, la clôture des Assises est intervenue hier au CICB.
La cérémonie a été présidée par le ministre de la Justice, Mohamed Ali BATHILY qui avait à ses côtés le ministre de la Réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, Cheick Oumar DIARRAH, la représentante de la société civile, Oumou TOURE.
Par Bertin DAKOUO
Source: Info-matin