Un professeur d’université malien basé en Belgique démontre comment la France, via ses médias, étouffe les résistances à son dessein néocolonialiste en Afrique : en salissant ceux qui se dressent en obstacle à ses projets pernicieux sur le continent. Intelligent et la fibre patriotique toujours intacte en dépit de tout, Soumeylou Boubèye Maïga “qui déjoue les pièges, relève les défis et incarne un minimum de stabilité”, est désormais la cible à abattre des néocolonialistes impénitents. Il regrette que “les médias de la haine”, tels des chiens enragés, soient lâchés contre lui et fassent croire qu’il est lié à l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon le 2 novembre 2013 à Kidal, sans autre preuve. Vont-ils réussir à faire sauter ce verrou ? Les Maliens, conseille notre universitaire, devraient faire chorus avec le Tigre pour mieux résister aux géomètres et topographes de la séparation de leur pays.
Il y a une limite à la forfaiture et à l’ignominie que la décence commande de ne pas franchir. Malheureusement, certains médias français semblent en avoir fait leur deuil depuis belle lurette, leurs plumes et leurs micros s’étant piteusement mis au service de la basse et sordide œuvre de déstabilisation du Mali.
De façon cyclique et avec une hargne jamais égalée, la cinquième colonne distille son venin meurtrier pour espérer anéantir l’once de patriotisme et de fierté qui émerge chez les Maliens. A supposer que tel ne soit pas le projet, mais alors comment interpréter les perfides insinuations et les affabulations grotesques accouchées dernièrement par des médias de la haine visant à souiller l’image du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga qu’ils tentent d’incriminer dans l’horrible assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon le 2 novembre 2013 à Kidal ?
Hommage aux soldats morts
Comme Victor Hugo, “Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai (…) Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe un bouquet de houx vert et de bruyère”. Au moment où le monde entier est à Paris pour célébrer la fin de la Première Guerre mondiale (armistice), le dernier des écervelés penserait tout simplement à la paix. Laquelle guerre où, 200 000 de mes ancêtres y ont perdu la vie.
Pour la liberté. Pour la paix. Pour la démocratie. Mais nous n’oublions pas les missions salvatrices où nous avons été réveillés par des coups de canon et de bombes. Nous n’oublions pas ces longues journées de gésine. Nous n’oublions pas le génocide rwandais où la responsabilité des soldats français a été clairement située par Mediapart. Votre Mediapart. Nous rendons hommage à tous les soldats tombés sur le champ de l’honneur au Mali, comme ailleurs dans le monde. Nous leur rendons hommage et prions pour le repos de leur âme.
Maintenant, cela suffit. Nous ne voulons plus de morts. Que les médias arrêtent de distraire et divertir le peuple malien.
La faute originelle
Face aux menaces d’éclatement de son intégrité territoriale qui se font jour de façon de plus en plus pressante, les Maliens devraient émerger de leur torpeur et se convaincre, une fois pour toutes, qu’il n’y a rien à espérer de la France, l’ancienne puissance coloniale, engagée dans un projet fort controversé et douteux de pacification et de stabilisation du Sahel. Pour Paris, c’est très commode de s’engager dans des opérations de sauvetage cosmétique du Mali pour bien masquer la faute originelle qu’elle a commise en cassant illégalement la Libye, et en bourrant d’illusions indépendantistes le crâne d’un ramassis de mercenaires et d’apatrides touaregs en guenilles pour qu’ils retournent les armes contre la terre nourricière.
C’est là qu’il faut aller chercher les causes profondes de la mort regrettable, à tous égards, des journalistes français. Les conjurés se sont-ils brouillés sur les modalités de sécession du Nord du Mali ? L’une des parties a-t-elle réalisé très tôt que le projet territorial était bancal et a conclu à la supercherie de l’autre ? Ou les deux alliés de circonstance ont-ils compris qu’ils se sont engagés trop légèrement dans un bourbier qui risquait d’avoir raison de leur projet ou plutôt de leur appétit de gloutons au regard de la résistance patriotique des Maliens et du soutien de leurs amis sincères ?
L’homme du sursaut national
Toujours est-il que le projet de démantèlement du Mali est en cours d’exécution et la puissance (néo) coloniale voudrait voir tombées toutes les têtes susceptibles de recréer un sentiment national chez les Maliens. Parmi les leaders capables de ce sursaut, figure forcément et en bonne place, l’actuel Premier ministre. L’homme est intelligent, volontariste, bagarreur, visionnaire et tisse inlassablement sa toile d’araignée dans les cercles et milieux de pouvoir d’Afrique et d’ailleurs.Malgré les adversités du moment, il obtient, tant bien que mal, des résultats qui forcent respect et admiration. La réussite électorale de l’été dernier porte son empreinte et il ne ménage aucun effort pour éteindre les feux perlés que des pyromanes professionnels allument pour embraser le front social. Sous l’impulsion du chef de l’Etat, SBM est solidement installé aux commandes de l’action gouvernementale et, malgré la grisaille ambiante, les coups bas et les complots pernicieux ourdis depuis des capitales étrangères, le Mali avance fièrement et déjoue le dessein maléfique de ceux qui voudraient le maintenir à terre. Que les pseudos médias, en réalité des officines à la solde de leurs maîtres aux mains souillées de sang des innocents maliens, aillent chercher d’autres munitions ; celles qu’ils utilisent en ce moment n’ébouriffent même pas les plumes d’un moineau a fortiori blesser le Tigre.
Il en faudra sûrement plus pour distraire SBM de sa trajectoire et je prédis que le soufflé retombera piteusement aussi rapidement qu’il était monté. Comme le ridicule ne tue plus nulle part sur cette terre, que les médias de la haine télécommandés au gré des circonstances, s’empressent de fabriquer d’autres accusations ou preuves plus plausibles, car celles qu’ils avancent sont trop minces et cousues de fil blanc.
Anguille sous roche
Si je puis me permettre d’attirer leur attention sur des détails aussi imposants que les Pyrénées, je leur suggérerais d’aller fouiner du côté des forces françaises qui règnent en maîtres absolus au nord du Mali. Ces forces disposent sur le terrain d’une logistique incroyable, voient tout, écoutent tout, sont au courant de tout, imposent leurs quatre volontés jusqu’aux chèvres et moutons, mais détournent leur regard pudique lorsque deux pauvres journalistes sont froidement assassinés sous leur nez. Avouez que c’est intriguant, qu’il y a anguille sous roche, que leur mutisme assourdissant est lourd de suspicion et, que, au mieux elles ont partie liée avec les terroristes qui écument cette partie du territoire malien, au pire elles sont une bande de joyeuses fêtardes qui ne contrôlent rien. Ou, si, elles sont occupées à prélever indûment sur la généreuse nature du Mali des richesses qui prennent des voies détournées pour arriver en Hexagone. C’est cela la triste réalité de la guerre au Mali : un arbitre supposé neutre et impartial qui s’aligne ostensiblement dans un camp pour l’aider à porter la charge contre son partenaire de jeu, en prenant soin de fouler au pied toutes les règles y compris les plus élémentaires de fair-play. Et la partie flouée a beau protester, sa voix ne porte pas, personne ne l’écoute, tout le monde veut sa perte.
Les lignes rouges
L’enquête sur la mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon est susceptible de se transformer en grain de sable qui peut mettre à mal cette belle mécanique conçue pour dépecer le Mali à l’aune des intérêts du capital international associé aux milieux criminels, acteurs d’une économie parallèle très florissante. De grâce, si l’armée française ne peut pas accepter que la vérité soit faite sur la mort tragique des journalistes de RFI, qu’elle tienne la bride sur le cou des médias qui s’agitent en criant au loup de façon aussi tapageuse qu’inutile. La substitution de coupable qu’ils tendent avec un art consommé de la manipulation ne saurait prospérer et les Maliens, si accueillants voire si dociles soient-ils, n’accepteront pas plus longtemps qu’on les salisse en s’en prenant gratuitement à leur honneur.
Attaquer bassement Soumeylou Boubèye Maïga avec des arguments spécieux, comme le font les médias de la haine à la solde du conglomérat militaro-politico-financier français allié du capital international, c’est franchir les lignes rouges. Cela, les Maliens ne l’accepteront, ni ne le toléreront. A bon entendeur, salut !
Drissa Kanambaye
Université catholique de Louvain-Belgique Président du CSDM-B
Le surtitre et le Titre sont de la Rédaction
Source: Aujourd’hui-Mali