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Humeur de Facoh : Les droits de César

La chute d’IBK en août 2020, au lieu d’apaiser et d’assainir le champ politique, ne fit que donner une faim de loup à beaucoup d’hommes politiques qui se croyaient finis pour avoir fait la preuve de leurs incompétences avérées dans divers gouvernements d’ATT et même du dernier président mais qui, ayant apporté un pot d’eau aux combattants des premières lignes, se mirent à croire à nouveau à un destin national plus imaginaire que réel. Considérant sans doute que le peuple malien prend ses vessies pour des lanternes, ils ont le toupet, en dépit de leur impopularité relevée par maints autres hommes politiques, de revendiquer sinon un poste de ministre dans le gouvernement de Transition de Moctar Ouane, du moins la présidence du Conseil national de Transition (CNT) en construction. Hommes sans doute dotés de peu de mémoire, ils ignorent probablement qu’ils sont étiquetés comme des pilleurs de l’économie nationale et que leurs discours de revendication à l’emporte pièces, soit pour séduire le CNSP, soit pour le faire chanter au nom d’une gloire imméritée, indisposent fâcheusement ce peuple. La dignité exige, après avoir lutté et atteint l’objectif général, de s’asseoir sagement à sa place au lieu de revendiquer à cors et à cris une victoire plus que problématique obtenue par plusieurs fronts de lutte.

 

Dans la lutte contre l’UDPM de GMT, plein de partisans qui pourtant exposèrent leur vie  beaucoup plus publiquement que certains révolutionnaires qui en récoltèrent des tonnes de bénéfices, n’eurent  pas droit aux honneurs et ne réclamèrent rien. Certains moururent mêmes avec leurs secrets, soit par dépit soit par dignité. Jules César, après la guerre des Gaules (le debellico gallico) ne se proclama pas tout de suite Consul mais attendit la décision du Sénat romain pour l’être. Il en alla de même pour feu Abdramane Baba Touré, président de l’Adéma parti politique en 1992 et qui bien que présidentiable à souhait, se désista en faveur d’Alpha Oumar Konaré. Pareille situation est inimaginable aujourd’hui au sein du M5-RFP où chacun bataille pour sa propre chapelle.

Les vrais politiciens savent ce qu’est l’honneur en politique, mais non les amateurs, les opportunistes et les marchands d’illusions qui certes peuvent avoir leurs petits moments de gloire mais finiront toujours la tête enfouie dans le fumier selon le mot d’Aimé Césaire.

Sous la IVè République française, beaucoup d’hommes politiques refusèrent le poste de Président du Conseil (actuel Premier ministre) pour des raisons soit personnelles, soit politiques. Chez nous où la politique est devenue un exercice pour s’enrichir de l’Etat, on est encore à l’horizon de la course aux honneurs confondus avec le pécule. Qu’on se souvienne seulement du mouvement citoyen d’ATT qui faillit mettre fin au multipartisme chez nous et qui enregistra l’adhésion de toute la classe politique pour ne pas encourir le courroux du général et bénéficier de ses largesses. Et si aujourd’hui des bureaux politiques voraces adoptent cette idéologie  corrompue du positionnement, cette gageure nous vient de loin. Le CNSP est bien dans son rôle face à cette classe politique sclérosée et qui ne songe qu’aux dividendes dans les affaires.

Georges Clémenceau, homme politique français d’envergure sous la IIIè République de son pays, surnommé “le taureau du Vaucluse”  (son département d’origine) par ses compatriotes écrit quelque part, nous paraphrasons, l’homme politique honnête est rare. En lui, si ce n’est la famille qui commande, c’est la fratrie.

 

Facoh Donki Diarra

(écrivain Konibabougou)

SourceMali Tribune

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