Faut-il mourir pour entrer dans le cœur des êtres humains ? Loin d’être saugrenue, cette question doit donner lieu à une profonde introspection. A voir les hommages qui tombent lorsqu’une personne disparait, l’on se demande par moment si c’est la même personne que nous avons connue ou si c’est sa disparition qui arrive, comme par miracle, à susciter une telle reconnaissance ? La mort efface certes l’essentiel des défauts des disparus, pour autant, la vie doit-elle masquer ou empêcher de reconnaître les qualités d’une personne ?
Bien que le verbe « honorer » et la locution « rendre hommage » impliquent l’idée d’« estime, de considération, de mérite que l’on accorde à quelqu’un ou à quelque chose », il y a cependant une nuance sémantique qui les distingue. « Honorer » évoque davantage les sentiments, alors que « rendre hommage » renvoie à une manifestation extérieure comme un geste ou une action.
Au lieu donc d’attendre la fin d’une vie pour rendre hommage, pourquoi ne pas honorer les vivants ? Tous ces mots d’appréciation que le mort n’entendra jamais, le vivant les aurait tellement apprécié… Toute cette sympathie que le défunt ne saurait sentir, le vivant en ressentirait le plus grand bien. Tout cet élan d’amour qui ne fera plus battre son cœur aurait pu rebooster un cœur défaillant.
Aimons-nous vivons, ne soyons pas avares en reconnaissance et n’ayons pas peur d’honorer les gens avant leur dernier voyage. Parce que la vie n’est pas éternelle, faisons de telle sorte que les instants vécus sur cette terre soient des passerelles entre ici et l’au-delà. Que ceux qui partent, nous quittent le cœur rempli de joie et que nous qui sommes encore là, que nous ayons moins de larmes à verser car conscient d’avoir donné du réconfort avant le rendez-vous fatidique.
Salif Sanogo