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Histoire : … d’un non voyant

Sabalibougou 29 janvier 2019. Il est 15 heures. Une femme hurle de toutes ses forces et appelle les voisins au secours.

Quelques minutes après, plus d’une dizaine de personnes étaient là, demandant à la femme, ce qui lui était arrivé.

Pendant ce temps, A.S,  son époux, était à l’intérieur de la maison, savourant tranquillement son déjeuner.

D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement car le chef de famille est aveugle et respecte sa philosophie : « quand il y a du bruit dehors, ne sortez jamais de chez vous. Et quand vous êtes dehors pendant qu’il y a du bruit, rentrez immédiatement chez vous. Vous éviterez ainsi, toute votre vie, le « gèrègèrè ».

Cette sage philosophie du vieil aveugle, connue de tous dans le quartier, lui vaut le pseudonyme de « Gèrègèrè ». Et ce jour, notre homme ignorait que le « gèrègèrè » serait provoqué par lui-même.

Les voisins accourus au secours de sa femme, s’en rendront compte, après que celle-ci leur eût expliqué que son mari était devenu fou car entrain de manger un petit animal tout cru.

En effet, après la « révélation » de la dame, la plupart des voisins ayant effectué le déplacement pour venir au secours de la femme, se sont éloignés de leur domicile, préférant attendre à plusieurs mètres de là, les constats de la dizaine de curieux ayant eu la témérité de franchir la porte du  domicile du couple.

A S était là, le boubou blanc couvert de sang frais.

Les curieux étaient comme paralysés à la vue du spectacle. Ils se ressaisirent cependant, peu après, avant de signifier à A.S. (qui les invitait à partager son repas) qu’il avait du sang sur la bouche et sur le boubou. « Du sang ? » s’étonna notre brave homme avant d’ajouter « ça ne va pas chez vous ? Tenez, regardez ce morceau que je n’ai pu avaler. Il est  certes presque cru mais, je le savoure ».

Dans son geste, A S brandit le « morceau de viande ».

Horreur ! C’était les restes d’un crapaud… à moitié mangé.

Au même moment, deux autres crapauds sautillaient autour d’A.S.

Le problème a vite été compris.

Le pauvre A.S, n’était point devenu fou. Seulement, voilà : un de ces nombreux crapauds que l’on pouvait apercevoir ça et là dans la maison était tombé dans la sauce chaude que lui avait servie son épouse. Et le malheureux qui ne s’était douté de rien, l’avait « attaqué » comme morceau de viande qu’il n’a d’ailleurs pu manger… entièrement.

Des amis du quartier ont demandé aux enfants de débarrasser la petite famille des vilaines bêtes.

Bilan du carnage : 16 crapauds massacrés.

Boubacar Sankaré

 Le 26 Mars

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