Aïssata et Maï, âgées respectivement de 32 et 38 ans, partagent depuis quatre ans, le même toit, les mêmes repas et le même époux à Niarela. Mais, « naturellement », tout (et même rien) oppose les deux femmes. C’est pourquoi, les deux dames qui passent rarement une journée sans s’engueuler ou en venir aux mains. Et les guerres querelles sont devenues si fréquentes entre les deux coépouses, que les voisins les appellent ironiquement la chienne et la chatte.

Fatigués en effet d’intervenir pour séparer régulièrement les deux dames, les habitants du coin se sont convertis en spectateurs passifs et savourent régulièrement les spectacles qu’offrent Maï et Aïssata.

L’époux des deux dames, résigné à vivre dans cette atmosphère infernale, ne vient que pendant la nuit à la maison. Et au moindre bruit, il s’enferme dans sa chambre. Et, vendredi dernier, encore vers 14 heures. Maï et Aïssata devaient encore offrir un spectacle aux voisins, mais cette fois-ci, des plus féroces et sanglants. Pour une banale histoire de mangue.

En effet, alors que les épouses ennemies prenaient le repas de midi, une mangue tomba de l’arbre sous laquelle elles mangeaient.

Maï se leva, prit le fruit, et sans le laver, le mangea. Aïssata piqua alors une colère bleue car la mangue devait être partagée, puisqu’appartenant à l’arbre du mari commun.

Injures et insanités se succèdent et les deux femmes en vinrent encore une fois aux mains. Cette fois-ci, la bataille sera cruelle. Aïssata a arraché le bout du sein droit de sa coépouse et celle-ci lui a mutilé l’oreille gauche. Les deux femmes ont été évacuées vers l’hôpital. Mais cette fois-ci, le pauvre mari a décidé d’en finir définitivement. Les deux épouses ont été renvoyées dans leur famille paternelle respective.

Boubacar Sankaré