“Ces chiffres s’expliquent notamment par la performance du Maroc, qui a vu son taux de croissance passer de 1,2 % en 2016 à 4,1 % en 2017, stimulé par la hausse de la productivité agricole, qui a profité d’une bonne saison pluviale conjuguée aux impacts positifs du déploiement du Plan Maroc Vert”, lit-on dans un rapport sur “les Perspectives économiques en Afrique 2018″, présenté par l’économiste régionale de la BAD à Tunis, Mme Assitan Diarra-Thioune.
L’économiste a souligné également que cette performance économique, due aussi à une production de pétrole plus importante que prévue en Libye, qui a permis au pays de réaliser une croissance de 5,1% en 2017, reste supérieure à la moyenne affichée par le continent dans son ensemble (3,6%) et place la région de l’Afrique du Nord en deuxième position en Afrique” avec 4,9 % en 2017 contre 3,3 % enregistrés en 2016.
Portée par son programme de réformes macroéconomiques et structurelles, l’Egypte a affiché, elle aussi, une croissance de son PIB, de l’ordre de 4 % en 2017, a ajouté la même source, précisant que les perspectives demeurent positives pour 2018 et 2019 grâce, notamment, aux réformes engagées dans l’ensemble des pays de la région.
“La région se porte globalement bien”, a-t-elle commenté en notant que quatre pays de cette sous-région en l’occurrence l’Egypte, la Lybie, le Maroc et l’Algérie, ont tiré sa croissance. Cependant, les transformations structurelles escomptées peinent à se concrétiser et les économies des pays concernés restent peu diversifiées, même si l’Egypte, le Maroc et la Tunisie ont relativement réussi à diversifier leurs ressources, a-t-il noté.
Elle a relevé que la croissance de l’Afrique du Nord devrait atteindre respectivement 5 % en 2018 et 4,6 % en 2019, mais reste “volatile et fragile”, étant donné que cette région souffre du paradoxe “croissance sans emplois”.
Ainsi, cette croissance positive réalisée sur la période (2011-2017) est peu créatrice d’emplois, outre la faiblesse de la part de la population active dans la région (moins de 50%) avec des taux de chômage élevés en comparaison à d’autres régions du monde, a expliqué la BAD, rappelant que 30,5% de la population jeune dans la région, qui représente 40%, sont au chômage, faisant état d’une inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi notamment en Egypte et en Tunisie.
Selon le document, les économies de la région peinent à accélérer le processus de leur transformation structurelle, citant à titre d’exemple, l’économie tunisienne qui est relativement diversifiée, mais elle reste fortement dépendante de la croissance de la zone Euro, son premier partenaire commercial et économique.
S’agissant de la composition des exportations des pays de la région, le rapport fait état d’un modeste niveau de diversification et sophistication des exportations, recommandant dans ce sens à mener des politiques macroéconomiques prudentes et rompre progressivement avec les politiques budgétaires expansionnistes adoptées par certains pays, depuis 5 ans, pour contenir la demande sociale pressante, à réduire les déséquilibres budgétaires et accroitre l’efficacité de la dépense publique à travers un accroissement des dépenses en capital au détriment des dépenses courantes.
Il s’agit également de compter davantage sur les ressources nationales pour leur développement économique afin d’éviter l’accumulation de la dette et d’adopter, en matière monétaire, les régimes de taux de change qui permettent d’absorber les chocs exogènes.
De son côté, le ministre tunisien du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, M. Zied Laadhari, a soutenu que les secteurs qui génèrent la croissance ne sont pas forcément ceux qui créent de l’emploi.
A titre d’exemple, le secteur de l’Energie crée une forte valeur ajoutée mais peu d’emploi, alors que le secteur agricole crée énormément d’emplois mais dans l’informel, a-t-il fait remarquer. Il y a ensuite cette “inadéquation” entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi dans les pays de la région, a-t-il observé en recommandant de réformer le secteur de l’Education pour qu’il puisse produire des profiles “employables” sur le marché.