Outre les inquiétudes autour des approvisionnements en gaz et en pétrole, les Nations Unies alertent sur un risque élevé de famine dans plusieurs régions du monde. Au coeur des préoccupations, le marché des céréales.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est un homme qui s’exprime généralement avec modération, en évitant le catastrophisme. Mais lorsqu’il a pris la parole, lundi 14 mars au soir, il n’a pu cacher son inquiétude. Le Portugais craint, par effet en chaîne de la guerre en Ukraine, un “effondrement du système alimentaire mondial”, en d’autres termes “un ouragan de famines” dans de nombreux pays.
La raison est simple : à elles deux, l’Ukraine et la Russie représentent un bon tiers des exportations de céréales dans le monde. Dans le lot, du maïs, du blé, du tournesol, de l’orge. L’Ukraine avait d’ailleurs la réputation d’être le “grenier à blé” de l’Union soviétique.
Le déclenchement de la guerre déstabilise donc tout le marché mondial, pour plusieurs raisons. L’Ukraine ne peut plus exporter, puisque ses ports de la mer Noire sont bloqués. La récolte de cette année n’aura sans doute pas lieu. Et les sanctions prises contre la Russie vont perturber également les exportations russes. Résultat : non seulement, certains pays importateurs vont manquer de céréales, mais surtout les prix vont flamber. Dans plusieurs pays, les prix du pain ou de la farine ont déjà augmenté.
26 pays dépendent du blé russe ou ukrainien
Certains pays d’Afrique ou du Proche-orient sont particulièrement concernés. En Afrique d’abord, des pays comme le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin, dépendent très directement du blé russe ou ukrainien. La Mauritanie est elle dépendante à 100%. Toute cette région d’Afrique située près de la bande du Sahel est concernée, cela représente 19 pays au total.
La deuxième région du monde la plus touchée est le pourtour sud et est du bassin méditerranéen. En Turquie plus de 80% du blé importé provient de Russie ou d’Ukraine. Le pays est déjà confronté à une inflation galopante. Le Liban est dans la même situation, une catastrophe pour un Etat dont l’économie est devenue exsangue. De plus, l’approvisionnement de l’Egypte, plus gros importateur mondial de blé, dépend à 80% des deux pays en conflit. Le coût du pain a déjà fortement augmenté.
La Libye, la Tunisie, l’Algérie souffrent également. Si les prix continuent de grimper, les Nations Unies craignent, non seulement la multiplication des zones de famines, mais aussi le développement d’émeutes de la faim dans de nombreux pays.
Une situation aggravée par le climat
Une situation d’autant plus grave qu’elle s’inscrit dans un contexte déjà défavorable en raison du réchauffement climatique. Rien qu’en Afrique, 26 millions de personnes sont en situation d’urgence alimentaire, selon les estimations de l’ONU.
Les mauvaises conditions climatiques, combinées aux conflits dans les pays du Sahel, ont provoqué des baisses très fortes des récoltes, au Niger, au Mali, au Burkina.
La seule solution est de recourir à d’autres fournisseurs comme le Brésil et les Etats-Unis. Un recours qui soulève d’autres questions notamment concernant le respect des normes environnementales dans certains de ces pays comme le Brésil.
Source: TV5