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Guerre en Ukraine et conséquences historiques sur l’ordre financier mondial : La libération financière de l’Arabie saoudite grâce au réalisme de Mohammed ben Salmane

La guerre en Ukraine initiée le 24 février, a mis en évidence une opposition frontale entre l’Occident et la Russie. À tel point que l’on a parlé depuis un mois de risque de troisième guerre mondiale, y compris nucléaire.

Nous vous avons convié pour un entretien à ce sujet, car vous nous avez laissé entendre qu’il y a un tout autre enjeu derrière cette guerre en Ukraine. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

En effet, la récente opération militaire en Ukraine menée par la Russie en Ukraine dévoile peu à peu des conséquences en cascade, qui témoignent d’une lutte d’influence faisant rage depuis plus d’un siècle.

En 2014, c’était un accord d’association de l’Ukraine avec la Russie qui avait été torpillé par l’organisation d’un changement de régime, par l’OTAN et les États-Unis en tête, avec la complicité de l’UE et de certains intérêts israéliens. Ce changement de régime, dit « Euromaïdan » avait abouti à la mise en place, à Kiev, d’un nouveau régime, idéologiquement et radicalement opposé à la Russie. Ce nouveau régime mena une guerre inavouée contre l’Est du pays, et plus globalement une guerre sociétale contre les populations russophones d’Ukraine.

De multiples provocations armées avaient alors eu pour but de conduire la Russie à une intervention militaire qui l’aurait discréditée aux yeux du monde, à une époque où elle n’avait pas encore les reins assez solides, économiquement, pour se le permettre. Malgré les troubles et l’incendie criminel d’Odessa qui piégea des dizaines de militants pro-russes (2 mai 2014), malgré l’affaire sordide du vol MH17 (17 juillet 2014), une sorte de nouveau « coup du Lusitania », malgré les mercenaires et autres « conseillers étrangers » multipliant leurs sales opérations contre le bassin du Don (Donbass), la Russie eut alors la sagesse de « contrôler » la situation par des méthodes asymétriques et en sous-main, sans céder à la volonté d’escalade de l’OTAN. Elle ne fit que contrer discrètement les manœuvres hostiles, gagnant un temps qui allait s’avérer précieux pour assurer sa résilience économique.

En 2022, cette résilience économique en bonne partie acquise, la situation est différente. C’est à la suite de bombardements ininterrompus et d’une préparation provocante d’une offensive ukrainienne contre le Donbass que la Russie intervint finalement contre l’Ukraine : un malheureux État, détourné par des forces subversives mondialistes puissantes, qui s’y livraient à plusieurs types d’activités qui devenaient intolérables pour la Russie. Notamment, des recherches sur les armes biologiques sponsorisées par les États-Unis et par l’OTAN, avec des conséquences potentiellement incalculables contre la Russie, mais également contre l’Europe1.

La presse et les chancelleries occidentales se sont alors empressées de ne voir que la Russie pour seule responsable de cette situation, avec une hypocrisie consommée. Or dans la réalité, « l’agresseur est celui qui force son adversaire à recourir aux armes », disait déjà Frédéric II de Prusse. Il était devenu nécessaire pour la Russie d’intervenir, mais le réel agresseur, c’est une alliance composite entre les États-Unis, le Royaume-Uni et certains intérêts israéliens, emmenant l’OTAN et l’UE à leur suite.

Cependant, c’est un renversement du monde que nous annoncions déjà il y a deux ans, qui est en train de se manifester sous nos yeux. Il peut potentiellement mettre fin à plus d’un siècle de bellicisme pétrolier anglo-américain, et de domination occulte sur un grand nombre d’États du monde par des leviers financiers abusifs, au premier rang desquels : le pétrodollar.

Le pétrodollar serait-il donc avant tout un levier financier abusif, utilisé par les anglo-américains pour dominer le monde ?

De fait, c’est le cas, mais cela suppose de comprendre l’histoire de l’Arabie saoudite et des autres pays de l’OPEP, comme ayant été historiquement les otages des jeux pétroliers anglo-américains.

En effet, depuis le dépeçage de l’Empire ottoman, puis le redécoupage britannique du Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale (aboutissant au partage de 1932 délimitant l’Irak et la nouvelle Arabie saoudite2), puis avec le « passage de relais » aux États-Unis à la faveur de la Seconde Guerre mondiale, entériné par le pacte du Quincy de 1945 avec le roi Ibn Saoud (dont les objections sur la Palestine furent tout simplement ignorées), l’Arabie saoudite n’a cessé d’être l’otage de la géopolitique pétrolière anglo-américaine. Or derrière le pétrole, ce sont les grandes manœuvres financières permises par le pétrole, qu’il faut comprendre…

Dès les années 1960, ces grandes manœuvres financières de Wall Street agissaient déjà directement contre les intérêts stratégiques des États-Unis. Elles aboutirent à la déconnexion entre le dollar et l’or, le 15 août 1971, parallèlement à de multiples intrigues contre les États qui détenaient des réserves d’or conséquentes, ou qui le produisaient directement, aux premiers rangs desquels la France et l’Afrique du Sud3.

Puis, ces grandes manœuvres des cénacles mondialistes, spécialement du Bilderberg à Saltsjöbaden (Suède, janvier 1973) organisèrent un « changement de paradigme » pour mieux contrôler l’économie du monde. Ce changement de paradigme allait remédier à la démonétisation du dollar (déconnecté de l’or en août 1971), pour fortifier à nouveau le dollar d’une autre manière, afin de renforcer le rapport de force financier mondial en faveur des États-Unis.

Ce fut alors le « scénario » des « chocs pétroliers » : une hausse de 400% des revenus de l’OPEP annoncée à SaltsJöbaden par l’américain Walter Levy. Annoncée, non pas comme un risque à conjurer, mais sous l’angle de la canalisation nécessaire du flux des « pétrodollars » qui allaient prochainement déferler, ce que le secrétaire d’État américain Henry Kissinger appela plus tard le « recyclage des pétrodollars ». Henry Kissinger organisa secrètement les conditions de la guerre du Kippour contre Israël, afin de susciter une situation qui allait permettre d’attribuer officiellement et injustement la responsabilité exclusive de ces chocs pétroliers « aux Arabes »4. Ceci, alors qu’ils avaient été conçus à Wall Street, à la City et au sein des cénacles financiers internationalistes : imposant leurs choix à la Maison-Blanche, et capables pour parvenir à leur fins d’incapaciter le président Nixon par le Watergate (1972-1974), lorsqu’il comprit le rôle qu’on essayait de lui faire jouer5.

Si je vous suis bien, les chocs pétroliers n’ont pas été la conséquence de la guerre du Kippour, mais ils ont été auparavant voulus par les banques anglo-américaines ? Dans quel but ?

Dans un but désirant avant tout contrôler exclusivement le développement des nations. Ces « chocs pétroliers » eurent deux conséquences majeures.

Premièrement, le bridage du développement industriel des pays développés comme des nations émergentes. De fait, pour la majorité des pays du monde, cette crise du pétrole signifia en effet la fin du développement, et la nouvelle incapacité à financer le progrès agricole et industriel : le renoncement aux espoirs d’une vie meilleure qui avaient émergés pendant les années 19606.

Deuxièmement, surtout, le soutien artificiel au dollar américain, alors que, déconnecté de l’or, il n’aurait dû valoir que sa valeur en papier après 1971. Du fait de la domination du marché pétrolier d’après-guerre par les compagnies pétrolières américaines, la cotation du prix de pétrole se faisait en dollars depuis 1945. Une hausse soudaine et brutale du prix du pétrole équivalait donc à une hausse de la demande en dollars américains pour financer cet indispensable pétrole7.

L’influence impitoyablement léonine des États-Unis sur l’OPEP, empêcha à partir de 1975 les Européens et les Japonais de tenter d’acheter du pétrole avec leurs propres devises, qui disposaient pourtant d’un certain crédit. Jamais cette opposition de l’OPEP à toute devise autre que le dollar ne fut remise en cause, malgré les grandes instabilités du dollar à partir des années 19708. Le monde fut donc forcé d’acheter en permanence d’énormes quantités de dollars, afin d’acquérir les approvisionnements en pétrole indispensables pour leurs économies. Cet arrangement s’avéra fabuleusement profitable pour le dollar américain, pour les institutions financières de New York, mais aussi pour la City de Londres qui profitait déjà du dollar par des exemptions occultes, lui permettant de régner sur le marché des eurodollars9.

On a donc encouragé les chocs pétroliers, pour organiser ensuite le recyclage des pétrodollars, au bénéfice avant tout des mégabanques anglo-américaines ? Comment cela s’est-il passé ?

C’était bien plus pour servir les intérêts de ses mégabanques plutôt que celui des États-Unis ou du Royaume-Uni. Contre les intérêts stratégiques de leurs propres États, dont les économies avaient besoin d’investissements productifs, la seule préoccupation des mégabanques anglo-américaines de l’époque, qui dominaient le monde financier, ne fut donc pas de lutter contre cette hausse soudaine des prix pétroliers, mais d’organiser le « recyclage » des excédents en dollars américains des pays pétroliers de l’OPEP.

Ce fut le cas, notamment grâce à des accords secrets qui furent négociés entre 1973 et 1975, avec l’Agence monétaire saoudienne (SAMA), aboutissant en février 1975 à un accord de réinvestissement des gigantesques revenus pétroliers saoudiens pour financer les déficits du gouvernement américain. Ce fut une entente financière anglo-américaine, ou plutôt entre Wall Street et la City (qui était déjà la plaque tournante du marché des euro-obligations, ou eurodollars), sous l’égide de David Mulford : un banquier de Wall Street disposant de solides connexions à la City, qui fut envoyé en Arabie saoudite comme principal « conseiller en investissements » de la SAMA. Ceci, afin de « guider » le réinvestissement des pétrodollars saoudiens vers les « bonnes » banques, naturellement anglo-américaine, qui bénéficièrent d’au moins 60% de ces réinvestissements…

Ces banques s’empressèrent ensuite de généraliser la logique préalable des eurodollars, en prêtant à nouveau ces excédents en dollars aux pays émergents les plus durement frappés par la crise. Ceci, tandis qu’était organisée par les cartels bancaires, la baisse du prix des matières premières au détriment de ces pays émergeant, pudiquement appelé la « dégradation des termes de l’échange », avant les chocs monétaires de l’ère Thatcher-Volcker, au tournant des années 1980. Cet « effet de ciseaux » engendra une crise de l’endettement terrible pour les pays émergents10.

De fait, l’or fut remplacé par le pétrole. Les excédents en pétrodollars revenaient vers les banques anglo-américaines, qui les prêtaient de nouveau aux pays victimes de la crise pour les endetter sans aucun espoir de sortir de cette spirale infernale de l’endettement. Cet « Empire informel » de nature financière, généralisait au monde de l’ancienne logique de l’Empire britannique, par l’assassinat économique de pays entiers11. Régnant par un endettement sans fin, c’est cet « Empire de la honte » anglo-américain, qui généra « la haine de l’Occident », comme le remarqua doublement Jean Ziegler12 alors que cette réalité financière mondialiste demeure encore aujourd’hui cachée aux yeux des peuples occidentaux qui n’en furent en réalité jamais vraiment informés…

On a donc organisé la domination financière des banques anglo-américaines, mais officiellement, tout ceci était de la « faute des Arabes » ?

La conséquence de toutes ces intrigues financières, fut en effet de renforcer une domination économique et financière écrasante des États-Unis et du Royaume-Uni, ou plutôt de Wall Street et de la City, sur le monde entier. Le pétrole devint ainsi l’accélérateur d’un « Nouvel Ordre Mondial », d’inspiration mondialiste, au détriment de tous les autres pays du monde. De fait, les accords financiers de Bretton-Woods (1944) basés sur le dollar-or, furent remplacés par un étalon-pétrole : le pétrodollar, contrôlé par la finance américaine alliée à la finance britannique…

Il faut être bien naïf pour penser que l’OPEP fut la réelle responsable de cette situation. Car si l’enjeu pétrolier avait été une réelle nécessité vitale pour les anglo-américains, ils auraient organisé un changement de régime ou une guerre dans l’heure. Pour des raisons de domination financière mondiale, Wall Street et la City désiraient en réalité des prix élevés du pétrole, pour décupler leurs capacités d’action et endetter le monde entier. Mais ce fut la seule OPEP qui en supporta l’opprobre, officiellement.

En réalité, ce fut une manipulation de l’économie mondiale d’une ampleur si terrifiante qu’elle créa un transfert sans précédent des richesses à l’échelle de la planète, vers une petite minorité de financiers internationalistes. La soi-disant « main invisible » du marché de Adam Smith13 Les pétrodollars ne servirent plus alors qu’à refinancer des déficits artificiellement créés, plutôt qu’à financer le nécessaire développement du monde entier. Indice d’une intention occulte, des institutions idéologiques du mondialisme comme le CFR, purent évoquer alors un certain degré de « désintégration contrôlée » de l’économie mondiale comme constituant un objectif « légitime » pour les années 198014.

Le résultat fut en effet une démolition en règle du développement économique mondial, dans ce qu’il pouvait avoir de vertueux après la Seconde Guerre mondiale15. Mais tout ceci, officiellement, par la « faute des Arabes », alors que l’Arabie était en réalité sous la domination totale des grandes compagnies pétrolières américaines et de la finance anglo-américaine… L’assassinat du vertueux roi d’Arabie Fayçal en 1975, témoigna de ce que l’Arabie était en réalité l’otage de la géopolitique pétrolière léonine anglo-américaine.

Et jusqu’à nos jours, ceci n’avait pas réellement changé. On le vit encore lorsque l’Arabie fut poussée à soutenir un aventurisme dangereux en Syrie et au Yémen à partir de 2011, voulu par les anglo-américano-israéliens au gré d’une stratégie de l’époque Obama qui n’était bonne pour personne, pas même pour Israël sur le long-terme. L’Arabie fut la prisonnière de luttes d’influence extérieures, et se retrouva elle-même comme une victime potentielle à venir d’un État islamique dont les initiés connaissent parfaitement les origines artificielles… La France avait déjà remarqué la création ex nihilo de ce terrorisme artificiel, par les Britanniques, dès 193016. Tout était prêt pour que ces nouvelles crises puissent être attribuées, une nouvelle fois, en exclusivité « aux Arabes ».

Pourtant, un virage historique avait été pris par l’Arabie, durant le mandat du président Trump, qu’en est-il aujourd’hui ?

En effet, cette un virage historique pour l’Arabie qui a été permis par l’ère Trump, et plus globalement par l’émergence d’une nouvelle multipolarité. Nous l’avions déjà annoncé, il y a deux ans : un autre Ordre Mondial imprévu émergeait, dans lequel l’Arabie de Mohammed ben Salmane semblait en passe de réussir un virage qui devenait enfin possible17.

En effet, deux grands événements eurent pour effet de modifier en profondeur la situation au Moyen-Orient, suscitant un nouvel espoir : d’une part, l’intervention russe en Syrie depuis septembre 2015, et d’autre part, la victoire du président Trump aux élections présidentielles américaines, en novembre 2016.

D’un côté, la Russie et plus discrètement, la Chine, se trouvaient forcées de s’impliquer au Moyen-Orient, plutôt que d’assister à une situation qui allait projeter des conséquences terroristes jusqu’en Asie centrale, en Russie et en Chine.

De l’autre, des intérêts patriotiques américains, profondément écœurés par le bellicisme imprudent de l’État profond américain, tentèrent de reprendre en main l’appareil d’État américain autant qu’il le purent en 2016-2020. Cet État profond, constitué de l’alliance historiquement documentée entre les mégabanques, les compagnies pétrolières le complexe militaro-industriel américain18, étant lourdement influencé par une certaine vision des intérêts israéliens, professée par une partie de la communauté juive américaine jouant avec le feu, et insouciante à l’idée de faire prendre des risques inutiles aux Sabras (les juifs nés en Israël)19.

Ce sont ces patriotes américains qui tentèrent d’impulser une autre politique étrangère américaine durant les quatre années de présidence du président Trump. Notamment pour le Moyen-Orient, en renouant des liens plus sains avec l’Arabie saoudite, alors que l’ancienne présidence Obama avait au contraire, fait pression sur l’Arabie saoudite pour qu’elle soutienne un aventurisme belliciste, en réalité conçu à Washington et Tel-Aviv bien plus qu’à Riyad.

Ce changement fut compréhensible des initiés lors de la visite de Trump en Arabie saoudite, en mai 2017. C’est à partir de ce moment-là, qu’un grand effort fut fait en Arabie saoudite, grâce au prince héritier Mohammed ben Salmane : une énorme opération anticorruption fut organisée, à la fois contre les abus financiers en Arabie saoudite, et contre la corruption de l’Islam par l’idéologie wahhabite. Ce fut un tournant historique majeur pour les États-Unis, depuis que l’influence pétrolière britannique s’était alliée avec le wahhabisme pour contrôler l’Arabie, dans le sillage de la Première Guerre mondiale. Le Renseignement français fut le premier à remarquer, dès 1930, l’analogie entre les wahhabites et les bolcheviques : la façon dont de faux musulmans soutenus par les Britanniques se faisaient passer pour des vrais Musulmans, pour soumettre en réalité les Musulmans d’Arabie et les orienter vers des logiques terroristes, dès cette époque20.

Ce virage idéologique et religieux pris par le prince héritier Mohammed ben Salmane est majeur, qui consiste pour l’Arabie saoudite à revenir au véritable islam. Et non plus à un contre-Islam21 instrumentalisé par les Britanniques puis par les États-Unis jusqu’en Asie centrale, pour alimenter là-bas un terrorisme artificiel, qui n’était plus tolérable : parce qu’il discréditait l’Arabie saoudite au Moyen-Orient, mais surtout, parce que les deux puissances montantes ou plutôt renaissantes que sont la Russie et la Chine, subissaient les conséquences de ce terrorisme artificiel d’origine anglo-américaine, et subsidiairement aussi israélienne. La même lutte d’influence eut lieu parallèlement en Israël, aux États-Unis et en Angleterre : entre les partisans d’un aventurisme sans fin instrumentalisant le terrorisme, et les patriotes plus réalistes, conscients de la nécessité d’apaiser le Moyen-Orient sur le plus long terme.

Pourtant, le président Trump n’est plus aux affaires, aujourd’hui, comment la vie peut-elle maintenant évoluer face aux États-Unis de Joe Biden ?

Disons qu’il y a de nouvelles solutions qui s’offrent à l’Arabie saoudite : une certaine continuité de cette nouvelle multipolarité qui est nécessaire pour l’Arabie, avec la Russie et la Chine.

Malgré le vol frauduleux des élections présidentielles américaines de novembre 2020, ayant conduit à l’éviction du président Trump par un coup d’État subversif inavoué aux États-Unis, le prince héritier Mohammed ben Salmane eut le courage de continuer la politique initiée par les États-Unis du président Trump. Ce dernier, qui devrait toujours être officiellement le président Trump, a résumé la réalité dans son discours du 12 mars 2022 : « Ensemble, nous nous dressons contre certaines des forces les plus sinistres, des intérêts bien ancrés et des adversaires les plus vicieux que notre peuple ait jamais vus. Mais peu importe la taille ou la puissance de ces radicaux corrompus. Vous ne devez jamais oublier que cette nation ne leur appartient pas, cette nation vous appartient. »

C’est une lecture juste et réaliste de cette situation, qui conduit Mohammed ben Salmane à prendre acte des luttes d’influence confuses et dangereuses qui se déroulent aux États-Unis et en Israël, tandis qu’émergeait parallèlement une « nouvelle solution » sino-russe.

C’est en effet la puissance montante eurasiatique de la Chine et de la Russie, qui permet aujourd’hui à l’Arabie saoudite de sortir de son ancienne situation d’« otage » des intrigues pétrolières et financières anglo-américaines, desquelles elle était tenue prisonnière depuis près d’un siècle.

En effet, seuls les initiés avaient déjà pris conscience, depuis 2015, de ce que la Russie avait déjà virtuellement brisé le monopole anglo-américain du pétrodollar : en créant une bourse de Saint-Pétersbourg libellant le pétrole en roubles (et potentiellement en yuans)22. Dans le même temps, entre 2014 et 2022, la Russie et la Chine avaient pris leurs dispositions pour créer un système financier transnational concurrent des systèmes anglo-américains (notamment le système SWIFT). Ceci tant et si bien qu’en 2022, la situation était mûre pour rendre enfin la monnaie de sa pièce au monde financier occidental, devenu anormalement décadent et prédateur, y compris pour l’Occident lui-même.

Dans ce contexte, la guerre d’Ukraine accélère ce processus, et c’est ce qui va permettre l’Arabie de se libérer du pétrodollar ?

Les accords économiques récents de l’Arabie avec la Chine, et surtout les récents accords militaires avec la Russie, avant même la récente opération militaire russe en Ukraine, ont parachevé ce virage qui a une grande signification historique pour l’Arabie saoudite.

En effet, les imprudentes et impudentes sanctions économiques occidentales viennent de tuer à la fois l’euro et le dollar : l’euro, en tant que monnaie de réserve mondiale crédible, et le pétrodollar, en tant que monnaie dominante du monde entier depuis des décennies.

Suite au « gel » de 300 milliards de dollars de réserves russes placées dans les pays occidentaux, Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie a annoncé une mesure de rétorsion sans précédent contre ces actes hostiles contre la Russie : en imposant un paiement en roubles pour les achats d’énergie par ces « pays hostiles », et en renonçant aux règlements dans les devises de ces pays qui ont été compromis. « Désormais, tout le monde sait que les engagements pris en dollars ou en euros peuvent de pas être remplis. Dans ce contexte, livrer nos produits à l’UE et aux USA en étant payés en dollars, en euros ou dans certaines autres devises n’a plus de sens pour nous »23.

Concrètement, désormais, les importations de gaz ou de pétrole russe par les pays occidentaux ne pourront plus être réglées en dollars ou en euros, mais obligatoirement en roubles ou en yuans chinois. Cette décision pourrait être imitée par d’autres pays comme les BRICS ou des pays pétroliers du Golfe, le dollar pourrait perdre sa position dominante mondiale, et l’euro s’effondrerait de lui-même, alors qu’il était déjà soutenu à bout de bras par la Russie et par la Chine depuis 201124

C’est en effet ce qui semblait déjà se dessiner depuis des mois, avec les négociations entre l’Arabie saoudite et la Chine visant à vendre du pétrole en yuans25. La perte sèche d’une telle décision pour les États-Unis serait estimée à 800 milliards de dollars par an. Ceci signifierait mécaniquement la fin des États-Unis subversifs de Biden, de Wall Street et de l’État profond, utilisant l’UE corrompue d’Ursula von der Leyen comme une vassale sacrifiable. En effet, Joe Biden n’en fit pas mystère lorsque, crânement, il annonça que couper le gaz russe allait endommager l’Europe, mais qu’il était « prêt à en payer le prix », en réalité supporté par ses alliés. La « logique Kissinger » revisitée, en quelque sorte : comme prévu, comme ce fut vrai dès les années 1960, c’est bien l’Europe qui est de nouveau sacrifiée et qui payera le prix de la folie des financiers internationalistes26.

Donc, tout ceci est un espoir pour l’Arabie, qui va enfin pouvoir s’émanciper de l’écrasante domination financière anglo-américaine ? Quelle aura été le rôle du prince héritier Mohammed ben Salmane ?

Le rôle de Mohammed ben Salmane aura été crucial, grâce aussi au président Trump.

De fait, ce bouleversement historique signifie la fin de la puissance excessive des États-Unis, et la fin du système financier international hérité de la Seconde Guerre mondiale qui leur donnait une puissance monétaire anormale. Il signifiera aussi l’effondrement de la domination des pays occidentaux sur le monde, et comme conséquence collatérale potentielle : l’effondrement du niveau de vie de leurs habitants au bout du compte.

Cette destruction artificielle du développement économique de l’Occident était déjà ourdie depuis les années 1970, et nous en voyons sous nos yeux l’aboutissement. Pour les peuples occidentaux et même pour les peuples du monde, ce n’est pas positif en soi car les peuples sont tous victimes du même internationalisme financier. Mais l’aveuglement se paye toujours, et c’est tout de même une victoire pour les peuples, que de voir cet internationalisme financier subir une défaite face à un nouvel internationalisme concurrent : un internationalisme eurasiatique, qui s’est bâti en réaction face aux nombreux abus historiques de la finance internationaliste anglo-américaine, épaulée par la partie la plus imprudente des dirigeants israéliens.

Dans ce contexte, l’Arabie saoudite, que l’État profond et les États-Unis de Biden ont tout fait pour brimer et humilier, après qu’elle eut été poussée à des choix imprudents durant l’ère Obama, a bien compris le message27. Face à un Occident dangereusement détourné, le prince héritier Mohammed Ben Salmane a su sceller en temps utile de nouveaux accords de coopération militaires avec la Russie, tout en nouant des relations économiques fortes avec la Chine. C’est un nouvel ordre mondial qui émerge sous nos yeux, porteur d’espoir pour tous les peuples du monde. Et l’Arabie a su prendre le virage à temps, alors que la logique belliciste de l’ère Obama-Biden espérait très vraisemblablement la « sacrifier » à termes.

L’Histoire retiendra que le prince héritier Mohammed ben Salmane aura su ainsi sauver son pays et son peuple, ce qui ouvre de nouvelles possibilités de développements que celles que les anglo-américains n’ont jamais su autoriser à l’Arabie…

Jean-Maxime Corneille

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