Le cessez-le-feu n’a duré que cinq (5) mois entre le gouvernement central éthiopien et les rebelles du Tigré. En fin août dernier, les deux parties se sont accusées mutuellement d’être responsables de la reprise des hostilités le 24 août 2022. Au même moment, des combats opposant les forces loyalistes et les rebelles du Tigré ont été signalés à la frontière sud du Tigré, où il jouxte l’État voisin d’Amhara dans la ville de Kobo. En effet, ce mardi 12 octobre, six pays de l’Occident, notamment les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas ont invité les deux parties à entamer des pourparlers de paix sous l’égide de l’organisation continentale. Cela, pour parvenir à une « paix durable » dans ce pays en proie à la guerre depuis deux ans.
Dans leur communiqué, ces les pays déclarent : « Ndemandons aux parties de reconnaitre qu’il n’y a aucune solution militaire à ce conflit ». Par ailleurs, ces pays se disent « profondément préoccupés » par l’évolution de la situation depuis la violation du cessez-le-feu. D’après le communiqué, la reprise des combats dans le nord de l’Ethiopie « présente un haut risque de nouvelles violations des droits humains et d’abus ».
«Crimes de guerre… »
Dans un rapport publié sur son site officiel, le 22 septembre dernier, l’ONU révèle que des experts indépendants de l’organisation mondiale ont indiqué qu’il y avait des motifs raisonnables de croire que des « crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » avaient été commis par le gouvernement éthiopien dans la région du Tigré, avertissant que la reprise du conflit dans cette région augmentait le risque de « nouveaux crimes atroces ».
Les violences meurtrières qui durent depuis près de deux ans ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes. Cette guerre oubliée a été marquée par de multiples exactions, massacres, viols et tortures − commises par « toutes les parties », selon une enquête conjointe de l’ONU et de la Commission éthiopienne des droits de l’Homme. Le conflit a eu des conséquences « énormes » sur les civils selon Amnesty international. Des centaines de milliers de personnes se trouvent aujourd’hui dans des conditions proches de la famine. Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, originaire de la région du Tigré, parle de « la pire catastrophe dans le monde », rapporte franceinfo.
L’espoir est permis
Les rebelles éthiopiens ont annoncé, en mi-septembre dernier, qu’ils étaient prêts à participer à un « processus de paix robuste » sous l’égide de l’Union africaine (UA), destinés à mettre fin à près de deux ans de conflit armé dans cette région nord de l’Ethiopie.
« Nous sommes prêts à respecter une cessation des hostilités immédiate et mutuellement acceptée, afin de créer une atmosphère propice », indique un communiqué des autorités de la région rebelle.
Quant au gouvernement central éthiopien, il insistait depuis longtemps sur le fait que tout processus de paix devait être négocié sous l’égide de l’UA, dont le siège est à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Cependant, le Front populaire de libération du Tigré (Tplf) avait jusqu’alors toujours rejeté la médiation de l’envoyé spécial de l’UA dans la Corne de l’Afrique, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, dénonçant sa « proximité » avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a salué une « opportunité unique » de mettre fin à près de deux ans de guerre, et appelé « les deux parties à œuvrer urgemment à la mise en place d’un cessez-le-feu, à s’engager dans des négociations directes, dans le cadre d’un processus sous l’égide de l’UA, incluant des partenaires internationaux mutuellement agréés ».
Notons que la guerre a commencé en novembre 2020 par une offensive lancée par le gouvernement central pour renverser les autorités rebelles du Tigré, issues du Front de libération du peuple du Tigré (Tplf). Le parti qui dirige la région autonome a été accusé d’avoir attaqué des bases de l’armée fédérale au Tigré. Mais le conflit remonte à 2018 avec l’arrivée du nouveau Premier ministre Abiy Ahmed, d’origine oromo, l’ethnie la plus importante du pays. Ce dernier a écarté progressivement du pouvoir fédéral le Front de libération du peuple du Tigré (Tplf) qui était une force politique majeure en Éthiopie depuis 1991.
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS