« Contrairement à une forte rumeur qui dit que nous avons suspendu notre grève de la faim parce que le Premier Ministre a décidé de nous payer deux mois de salaire, je voudrais informer le Peuple malien et l’opinion internationale que notre grève de la faim continue. Nous l’avons entamé pour réclamer 9 mois d’arriéré de salaire et non deux mois ». Cette déclaration a été faite par Boly Diandian Keita, Coordinateur traction et Président de la corporation des conducteurs de trains du Mali, que nous avons rencontré sur le lieu de la grève de la faim le 22 décembre 2018, aux environ de 10 heures 30.
« Même si le gouvernement décidait de nous payer 2 mois d’arriéré de salaire que nous n’avons même pas encore vu, nous allons continuer notre grève de la faim, jusqu’à ce qu’on nous paye nos 9 mois que nous considérons comme notre dû », a indiqué Boly Diandian Keita. Il s’inscrit en faux contre la rumeur qui voudrait faire croire que les cheminots maliens ont mis à leur grève de la faim, parce que le Premier ministre aurait promis de payer 2 mois d’arriéré de salaire.
Dans une correspondance adressée au ministre des Transports, les cheminots maliens, sous le couvert du Syndicat des travailleurs du rail l’informaient d’une grève de la faim qui démarrait le mercredi 19 décembre 2018. Effectivement, à cette date, les cheminots maliens, selon Boly Diandian keita, ont entamé une grève de la faim dans toutes les gares de trains au Mali. Selon lui, ils n’ont pas le choix. « L’agonie de nos familles nous oblige à l’abandon de nos foyers pour une grève de la faim », « Mourir pour la survie de nos familles est une mort digne pour un cheminot », sont autant de slogans que l’on peut lire sur les banderoles attachées de façon bien visibles à l’entrée de la gare ferroviaire du côté de la Mairie du District de Bamako.
Selon Boly Diandian Keita, lorsque les cheminots ont entamé leur grève de la faim, les responsables reçus par le ministre Zoumana Mory Coulibaly, ont d’abord eu la ferme promesse du payement d’un mois de salaire. Et, c’est lorsqu’ils sont venus faire le compte rendu à leurs camarades qui avaient déjà entamé la grève de la faim qu’ils ont été rappelés par le ministre pour les informer que le Premier ministre avait décidé qu’on leur paye 2 mois d’arriéré de salaire. « Pour un chef de famille qui n’a pas reçu de salaire depuis 9 mois, croyez-vous que deux mois de salaires peuvent restaurer sa dignité face à ses nombreux créanciers », s’est-t-il interrogé. Avant de révéler qu’il n’y a aucun doute, les deux mois de salaires s’ils étaient payés, allaient rester dans les caisses des différentes banques maliens et les cheminots les plus chanceux vont se retrouver qu’avec seulement 50 000 FCFA, parce que les banques vont prendre d’abord tout ce qu’elles doivent prélever.
« Dans tous les cas, nous avons clairement indiqué aux autorités que nous ne pouvons pas accepter les 2 mois sur les 9 mois que nous attendons », a-t-il précisé. Avant d’ajouter que ce que les 496 cheminots du Mali demandent n’est pas au-delà des moyens de l’Etat malien. « Pour les arriéré de 9 mois de salaire des 496 cheminots, l’Etat doit mobiliser la somme de 1,620 milliards de FCFA. Mais, comme nous sommes dans le besoin, nous allons accepter les deux mois, mais sans mettre faim à notre grève », a-t-il précisé.
Assane Koné
Source: Arc en Ciel