Hier, dimanche 10 février 2019, le Président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), Imam Mahmoud Dicko a organisé un grand meeting au stade du 26 mars de Bamako. Outre la prière pour la paix et la stabilité au Mali, ledit meeting a été une occasion pour interpeller les autorités maliennes sur la situation difficile que traverse le Mali. D’ailleurs, le Chérif de Nioro du Sahel, Mohamédou Ould Cheickna Hamahoula dit Bouyé Haïdara, représenté par un de ses disciples, Ousmane Sanogo, aussi bien que le Président du Haut Conseil Islamique du Mali, Imam Mahmoud Dicko ont tous invité le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à limoger le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. A défaut, les religieux menacent d’entreprendre des actions plus rigoureuses. Au cours de ce meeting, l’imam Dicko a déploré le fait que les autorités maliennes avaient l’intention d’introduire l’éducation homosexuelle au Mali. « Si les autorités maliennes ne fassent pas attention, s’ils ne fassent pas preuve de sagesse, on va leur dire de dégager », a-t-il dit.
Le stade du 26 mars de Bamako, le plus grand stade du Mali était plein à craquer hier matin. La plupart des leaders religieux du Mali étaient présent à ce meeting. Les familles fondatrices de Bamako (Niaré, Touré et Dravé) ont également pris part au meeting. Le stade était tellement rempli de monde que les forces de l’ordre, dépassées quelques moment par la masse, ont fermé la porte du stade aux environs de 10h 20 minutes avant même le démarrage officiel du meeting. Un slogan était sur les lèvres : « Boubèye dégage ». Ainsi, les travaux de ce meeting ont réellement commencé à 10h35 par la lecture du coran par Mahamane Maïga. Il sera suivi de Fodé Cissé, vice-président du HCIM qui a souhaité la bienvenue à tout le monde. Avant de souhaiter la paix au Mali. Pour sa part, Mohamed Traoré, membre du HCIM a évoqué 12 propositions faites par les leaders religieux du Mali. Parmi ces propositions, on peut citer l’application de la peine de mort au Mali, l’adoption d’un texte interdisant l’homosexualité au Mali. En outre, Mohamed Traoré a déploré l’insécurité, l’injustice, la délinquance financière, la mauvaise gouvernance au Mali. Face à cette situation chaotique que traverse le Mali, dit-il, les leaders religieux ont initié ce meeting pour prier afin que la paix revienne au Mali. « Malgré la présence de Barkhane, du G5 Sahel, de la Minusma, on assiste à des tueries au Mali », a-t-il dit. Il a dénoncé le racisme, le conflit intercommunautaire avec ses effets néfastes. A l’en croire, les autorités maliennes doivent respecter les démarches des musulmans qui composent plus de 90% de la population malienne. En outre, a-t-il ajouté, les musulmans pensent qu’ils ont leurs mots à dire dans la gouvernance politique du Pays. Quant à Aboubacar Doucouré qui a parlé au nom des jeunes musulmans du Mali, il a fait savoir que la force d’un pays est son unité. Il a souhaité une jeunesse responsable et consciente au Mali. Pour lui, la colonne vertébrale d’un pays, c’est sa jeunesse. A ses dires, il y a un complot fomenté contre la jeunesse malienne. Pour pouvoir sortir de ce complot, dit-il, il a souhaité le réveil de conscience de la jeunesse malienne. Il a déploré l’assassinat des leaders religieux dont l’assassinat de l’imam Yattabaré. Par ailleurs, le jeune Doucouré a mis l’accent sur la création de la plateforme des jeunes musulmans et patriotes du Mali. Pour lui, le défi de la jeunesse malienne d’aujourd’hui est l’épanouissement de la religion islamique. Il a invité les autorités musulmanes à respecter l’avis des leaders religieux. Pour sa part, la présidente de l’Union nationale des femmes musulmanes du Mali (UNAFEM), Mme Kadidia Togola a félicité les femmes musulmanes qui ont effectué le déplacement en grand nombre. Elle a déploré l’instabilité au Mali. Ensuite, elle invita les jeunes à ne pas prendre de l’alcool. Elle a également dénoncé l’homosexualité. Enfin, la présidente de l’UNAFEM a souhaité à ce que le Mali puisse sortir de l’abîme. L’imam Kassim, quelque peu hué par les manifestants, a au nom de Chérif Ousmane Madani Haïdara salué tout le monde. Avant d’ajouter que le Guide Chérif Ousmane Madani Haïdara n’a pas pu prendre part à ce meeting parce qu’il est hors du pays.
« Il faut arrêter ce cirque au centre du Mali »
L’intervention tant entendue a été celle du représentant du Chérif de Nioro du Sahel, Mohamédou Ould Cheickna Hamahoula dit Bouyé Haïdara. D’entrée de jeu, l’imam Ousmane Sanogo a, au nom de Bouyé Haïdara, déploré la mauvaise gouvernance au Mali. Avant d’ajouter que Bouyé est contre le président IBK. Il a également souligné que Bouyé soutient tous ceux qui sont contre le pouvoir IBK. « Le message que Bouyé m’a dit de livrer est ceci : Bouyé invite le président IBK à se protéger et se sécuriser, à protéger et sécuriser le peuple malien et à protéger et sécuriser le Mali. Et selon Bouyé, le sauvetage du Mali ou du moins, la sécurisation et la protection du Mali passe par la démission du Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, chef du gouvernement. Si le président de la République fait cela, ça sera une bonne chose mais dans le cas contraire, tout peut arriver. Après les élections présidentielles de 2013, Bouyé avait demandé au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta à ne pas nommer Soumeylou Boubèye Maïga comme ministre de l’intérieur, comme ministre des Affaires étrangères, comme ministre des finances, et comme Premier ministre », a déclaré l’imam Ousmane Sanogo au nom du chérif de Nioro, Bouyé Haïdara. Par ailleurs, il a fait savoir que l’imam Dicko a refusé les 50 millions de FCFA du chef du gouvernement pour la préparation du meeting. Enfin, il a souhaité la paix au Mali et la prise en compte par les autorités maliennes de l’avis des musulmans qui composent 95% de la population malienne. Le président du Haut conseil islamique du Mali, imam Mahmoud Dicko dit avoir refusé les 50 millions de FCFA de Boubèye tout en acceptant les 50 millions de Bouyé Haïdara pour la préparation de ce meeting. Il a invité le président IBK à limoger Boubèye comme souhaité par le Chérif Bouyé. S’il ne fait pas ça, dit-il, des actions d’envergure surgiront. « L’essentiel, c’est le Mali. Il faut que le peuple soit débout. Pourquoi ce conflit intercommunautaire maintenant ? Parce qu’il y a un complot. Ils veulent nous distraire pour s’occuper de l’essentiel », a-t-il dit. A l’en croire, ce ne pas une question peul mais une guerre contre l’islam. « Il faut arrêter ce cirque au centre du Mali », a souligné Imam Dicko. Il a invité les ethnies maliennes (Peul, Dogon, Bozo, Boua) à savoir raison garder. En outre, Mahmoud Dicko pense que les autorités maliennes ne sont responsables de rien. Il a saisi l’occasion pour régler ses comptes avec la France qui, selon lui, ne doit pas continuer à diriger Mali. Aux dires de Dicko, le temps de la colonisation est révolu. Il a interpellé les autorités maliennes face à leur intention d’introduire l’éducation homosexuelle au Mali. « Si les autorités maliennes ne font pas attention, s’ils ne font pas preuve de sagesse, on va leur dire de dégager », a-t-il dit. L’imam Dicko a souhaité la paix, l’union au Mali. « Il faut resserrer les rangs parce qu’il s’agit de notre patrie. L’union sacrée autour de pays », a souhaité Mahmoud Dicko. Enfin, il a déploré l’assassinat de Abdoul Aziz Yattabari. Lors de ce meeting, une Déclaration du HCIM a été lue par son secrétaire général, Mamadou Diamoutani. « Nous, musulmans du Mali, rassemblés ce jour 10 février 2019 au Stade du 26 Mars à Bamako : Considérant la gravité de la situation sécuritaire depuis un certain temps dans notre pays ; Rappelant que la protection des personnes et de leurs biens fait partie des grandes missions régaliennes de l’Etat ; Constatant avec beaucoup d’amertumes la dégradation du climat de coexistence pacifique qui a toujours prévalu entre différentes communautés partageant le même espace géographique, dégradation marquée, entre autres, par la multiplication des foyers de conflits intercommunautaires avec leur lot quotidien de pertes en vies humaines ; Convaincus de la nécessité du pardon dans tout processus de réconciliation post-crise ; Convaincus également du mérite du repentir en situation difficile, tant individuelle que collective ; Déplorons que l’Etat, en dépit du soutien de la Communauté internationale, peine à apporter une réponse appropriée à la question sécuritaire dans notre pays », a déclaré Diamoutani. Avant d’ajouter que le HCIM dénonce avec la dernière énergie tous ceux qui, de près ou de loin, portent une responsabilité, si minime soit-elle, dans la survenance et/ou l’activation des conflits intercommunautaires. Le HCIM demande aux communautés en conflit, de privilégier les mécanismes de résolution des crises définis par les valeurs sociétales et religieuses. Enfin, le HCIM lance un appel à toutes les Maliennes et à tous les Maliens, de l’intérieur à pardonner, se repentir et à prier pour le Mali. Le meeting a pris fin par la bénédiction de l’imam Hachim Haïdara de Ségou.
Aguibou Sogodogo/ Ousmane Baba Dramé
Le republicain mali