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Gouvernance : Le Mali souffre d’un mal profond !

Mon pays, le Mali, souffre d’un malaise très profond, après avoir été affecté par cette crise socio-sécuritaire qui embrase l’ensemble du pays. L’insécurité, qui avait droit de cité seulement au nord du pays, a conquis progressivement le centre devenu le théâtre idéal d’opérations pour les terroristes et le terreau fertile au développement d’affrontements intercommunautaires. Le tissu social du Mali, avait avoir pris de sérieux coups, est finalement en lambeaux. Ces plaies qui peinent à cicatriser sont rendues béantes par une crise postélectorale qui vient s’y ajouter. Mais force est de constater que la crise malienne n’a pas surgi du néant. Loin s’en faut !

Elle est la conséquence d’une succession d’actes qui ont été posés devant nos regards complaisants, depuis les évènements de Mars 2012 et bien avant même. Avec l’avènement du multipartisme, le Mali compte aujourd’hui plus de 150 partis politiques et plus de 2000 associations pour seulement 8 millions d’électeurs potentiels. Les raisons de la multiplication des formations politiques sont de plusieurs ordres, dont l’environnement juridique : en instituant le multipartisme sans restriction, disons sans garde-fou, la Constitution du 12 Janvier 1992 donnait la possibilité à tout citoyen ou groupe de citoyens ayant des ambitions politiques de créer sa propre formation politique. Cette opportunité a été surexploité avec notamment une éclosion d’ambitions politiques personnelles exacerbées, posant du coup un problème sérieux de leadership au sein des partis politiques. Une analyse du contexte de la multiplication des partis politiques nous permet d’affirmer que le phénomène est plus porté par des ambitions personnelles que par un réel dynamisme politique.

Du coup, on constate que la démocratie est devenue, en plein midi, un véritable festival des brigands où l’intérêt personnel prime sur l’intérêt général. Dans ce cas, comment voulons-nous un changement ?

Le véritable problème du Mali, c’est le Malien lui-même car dans un pays où le système éducatif n’inculque rien de ses valeurs aux enfants qui sont censés être l’avenir du pays, pour pouvoir être de bons politiciens qui aiment vraiment leur pays, comme MAO l’a fait en Chine, le Mali ne sortira jamais de ce trou dans lequel des politiciens de luxe, des arrivistes, une horde de voleurs à col blanc l’on plongé. Le Mali ne présente, en rien, la face d’un pays qui prétend vouloir sortir de l’ornière.

Je suis désolé de l’affirmer haut et fort, mais c’est une vérité qui s’impose à nous : le Mali qui souffre, est en train d’être gangrené par un mal très profond causé par un groupuscule, mais qui se trouve cautionné par un peuple endormi par l’ignorance. En effet, tant que les intellectuels resteront muets face à la corruption, l’impunité, l’injustice dans un pays aussi faible que le Mali, il n’y aura jamais le Mali prospère et performant que nous désirons tant.

Il est tant d’assumer la responsabilité collective de la situation nationale qui va de mal en pis car plusieurs mauvais actes posés par les gouvernants successifs ont contribué à cette crise multidimensionnelle que nous vivons. Une réalité dont les uns et les autres se sont accommodée. Mais pour sortir de la crise actuelle, il faut absolument crever l’abcès pour vider le pus qui y reste accumulé. En termes prosaïques, disons qu’il faut en finir avec la mystification du peuple, lui donner l’information vraie et globale pour qu’il assume, en toute liberté, exerçant ainsi pleinement et librement sa souveraineté. Il y a des moments exceptionnels dans l’évolution des sociétés où les peuples se trouvent face à la responsabilité de leur destinée. De la qualité de leurs meneurs dépend l’option finale. Aucune tentative de falsification de l’histoire ne résiste au temps.

En faisant un parfait diagnostic de la situation actuelle du pays, on constate que le suffrage universel direct est un luxe pour un peuple aussi ignorant, façonné comme tel par les politiques pour le garder passif et résigné face à l’inacceptable. C’est tellement vrai que ce peuple ne parvient même pas à mesurer le sens véritable d’un scrutin présidentiel. C’est pourquoi, le philosophe Platon, dans sa conception politique était contre la démocratie car celle-ci suppose un Peuple éduqué, informé et consciencieux. Le Peuple malien est complice de son propre malheur. Et pour que notre pays sorte du malaise profond auquel il est plongé, il faudra obligatoirement un sursaut patriotique. Ce salut viendra par la volonté des Maliens eux-mêmes. Qu’ils arrêtent de gober les discours de lamentation et de fausses professions de foi de nos dirigeants car on ne guérit pas des maux par des mots. Et c’est à ce sujet qu’il faut rendre hommage à Thomas Sankara qui a laissé un enseignement éternel : « Un esclave qui ne médite pas sur son sort, ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort ».

A.Touré    

Source: Le Démocrate
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