Il faut bien en convenir. C’est valorisant de détenir le pouvoir, ou même d’être simplement au pouvoir, faire partie de ceux qui l’exercent et participent à la gestion de la chose publique par simple procuration ou transfert de compétences ! Cela confère ainsi un semblant de puissance du fait des parcelles de pouvoir de décision que l’on s’attribue ou que vous confient ceux que vous êtes censés gouverner par le biais de la force de la loi et du droit !
Cette magie de la puissance suprême vous ouvre instantanément toutes les portes qui vous étaient jusqu’ici insoupçonnées, des palais des grands personnages des notables de votre environnement immédiat jusqu’aux grands empires étrangers qui vous déroulent leur tapis rouge selon leurs usages. Ils vous accueillent à bras ouverts avec tambours et trompettes, ils vous embrassent avec des effusions souvent feintes parce que purement protocolaires, débordants d’une affection de circonstances selon que vous servez leurs intérêts avec la déférence qui sied à votre rang d’obligé !
Ces hôtes – là donnent un sens à votre vie et sont convaincus de devoir vous soutenir, ils vous protègent contre toute forme d’agression à la mesure de la sauvegarde de leurs intérêts que vous assurez, et de votre soumission à leurs désirs et ordres, alors que naguère vous n’étiez que quantité insignifiante et négligeable ! Hélas, si une contestation populaire ou quelque émeutes menacent de vous déstabiliser et de compromettre leurs investissements, ceux- là même qui vous couvraient de tous les honneurs, seront les premiers à contribuer à votre déchéance, ils vous tourneront le dos et vous oublieront inexorablement à la fin de votre règne, s’ils ne la précipitent pas eux-mêmes au profit d’un autre plus en odeur de sainteté avec les administrés !
Certes le pouvoir est grisant, il vous insuffle cette euphorie de l’attribution de la suprématie sur toute une nation qui vous adule tel un roi ; l’on vous laisse jouir de tous les honneurs que vous autorise votre statut de chef suprême. Toutes les joies d’ici-bas vous sont admises et autorisées avec les caisses noires bien fournies en billets de banque et des chéquiers à l’usage et jouissance libres, sans aucun contrôle, vous profitez allègrement de la bonne chair et des attributs des jeunes filles nubiles, que quelques maquereaux et autres entremetteurs très discrets au risque de leur vie, dans l’exécution de leur basse besogne, s’ingénient à vous aménager dans des séances d’alcôves bien concoctées, en échange bien évidemment de quelques bons procédés, de passe-droits et autres gros prébendes que vous ne pouvez leur refuser. Nous connaissons tous le pouvoir de l’argent et la force qu’il confère, mais aussi les dégâts sur les valeurs morales qu’il peut susciter en chacun de nous.
Oui, Il est grisant le pouvoir au point qu’il vous monte à la tête quelque solide qu’elle puisse être, et aucun humain ne peut jurer de rien tant qu’il n’est pas encore à ce niveau de responsabilité; mais hélas c’est une denrée si éphémère et versatile; il dure le temps de l’illusion de la toute-puissance que d’aucuns utilisent pour vous encenser selon leurs intérêts et pour vous convaincre d’une certaine immortalité, ils en arrivent à vous faire accroire que vous ne le devez qu’à la réalité de la dévolution divine du pouvoir qui n’était destiné qu’à vous seul et tous les autres ont le devoir impérieux de vous obéir;
Et ces gens ne reculeront devant rien, pas une seule parabole dithyrambique ne leur échappe pour vous louer et vous attribuer des valeurs et autres qualités angéliques insoupçonnées, même si vous devenez, à l’usage un prévaricateur, un voleur, ou pis un criminel de la pire espèce qui assassine ou fait disparaitre tout intellectuel-écrivain, tout journaliste, tout opposant politique qui tentent de vous contester votre comportement malsain, non républicain, et surtout ceux qui légitimement osent prétendre briguer votre pouvoir! Cependant, plus vous durez dans l’exercice du pouvoir, plus les administrés finissent par se lasser de vous, vous abhorrent en découvrant vos insuffisances éthiques et morales, vos faiblesses les plus honteuses, vos tares les plus sordides qui ne tardent pas à apparaître au grand jour, vos passions intimes et vos travers, votre immoralité.
En somme tout ce qui fait de vous un être, simple mortel dans toute son humanité mais aussi son inhumanité. Et quand le mythe s’effondre brutalement du fait du désaveu populaire, du désamour que vous suscitez, même autour de vos proches du fait de l’ennui, de la lassitude et de la morosité ambiante à cause de la longévité de votre présence omnipotente, tout semble donc comploter à précipiter votre déchéance et vous arracher de votre trône qui avait fait de vous un roi ; Aujourd’hui, honni, abandonné, déconstruit, contraint à un exil sans gloire, vous devenez un apatride misérable, oublié de tous, loin des oriflammes, des fanfares, des applaudissements, des caméras et des flashs qui immortalisaient chacune de vos apparitions. Mêmes vos zélateurs et laudateurs attitrés finissent par vous ignorer et transfèrent leur compétence vers d’autres cieux plus cléments et vous abandonnent à votre amertume comme tout le monde sait, et c’est ainsi que tout s’éteint désormais, jusqu’à votre nom !
Gens de pouvoir, Méditez cela donc ! Sachez que vous n’êtes ni Dieu, ni des Anges, mais des humains simples hommes- politiques, à qui un peuple a confié une parcelle de responsabilité, n’usez, ni n’abusez de la responsabilité des forces armées de la République *dont vous êtes, c’est certain selon les lois républicaines, le chef suprême*, comme complices de vos exactions sur les administrés que rien ne vous autorise, n’appauvrissez pas votre nation en pillant les ressources nationales. Tous ceux qui s’y sont essayés l’ont tous regretté amèrement quelles que furent les richesses et les fortunes diverses qu’ils en ont tirées, et la plupart en sont morts tristement ! Revisitez toute l’Histoire de l’humanité depuis des millénaires, il n’est aucun pharaon, Tsar, Empereur, Roi, ou Président-dictateur qui a fini sa vie dans une retraite tranquille.
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate