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GOUVERNANCE : Ces sinistres records battus sous IBK

Le Mali sous IBK présente des signes d’inquiétude qui font redouter une aggravation de la crise actuelle, voire un effondrement des fragiles piliers qui soutiennent encore la vie institutionnelle. La magistrature suprême d’Ibrahim Boubacar Keita offre ainsi le paradoxe d’offrir de sinistres records en matière de gouvernance, qu’elles soient sécuritaire, politique ou sociales.

 

En effet, la situation s’est détériorée sur le plan social. Le pays n’est pas stabilisé. Pire, il va beaucoup plus mal que lors de sa prise de fonction, l’insécurité a augmenté sur toute la partie septentrionale mais également sur la partie intérieure. Le président IBK a échoué. Il a atteint toutes ses limites. Ses échecs ? Ils s’illustrent dans plusieurs domaines.

Aussi, alors que le pays s’enlise dans une crise sécuritaire, politique et sociale, on est depuis près de trois semaines sans gouvernement. Signe d’une instabilité chronique au plus haut sommet de l’Etat.

Ainsi, après un premier quinquennat et deux ans (second mandat) à la magistrature suprême du pays, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a battu tous les records en matière d’instabilité gouvernementale. Sept Premier ministres, près d’une centaine de ministres, un nombre incalculable de conseillers et de chargés de mission se sont succédé dans le gouvernement et départements ministériels. Pour quel résultat ? Les tâtonnements et les improvisations sont les caraterististiques principales de la gouvernance instaurée par Ibrahim Boubacar Keita depuis son accession au pouvoir. Entre le 8 septembre 2013 et le 11 juin 2020 avril 2019, soit l’espace de plus 80 mois, le président IBK aura expérimenté 7 Premier ministres : Oumar Tatam Ly (5 septembre 2013 – 5 avril 2014), Moussa Mara (5 avril 2015 – 9 janvier 2015), Modibo Keïta (9 janvier 2015 – 10 avril 2017), Abdoulaye Idrissa Maïga (10 avril 2017 – 31 décembre 2017), Soumeylou Boubeye Maïga (31 décembre 2017 – 23 avril 2019) et Boubou Cissé depuis le 23 avril 2020, puis reconduit le 11 juin 2020 . Conséquence : cerégime bat tous les records de l’instabilité gouvernementale, sans vraiment faire face, réellement, aux préoccupations des Maliens : insécurité généralisée (Nord, Centre…), blocage dans la mise en œuvre de l’Accord de paix (signé depuis mai 2015), mauvaise gouvernance, front social en perpétuelle ébullition.

Malaise social permanent

Tout au long des mandats d’IBK, les conflits sociaux se sont multipliés ces dernières années, alimentées surtout par les conséquences de la mauvaise gouvernance. Dans un pays en crise, le pouvoir a du mal à faire passer le message du sacrifice nécessaire parce que les gouvernants peinent à donner l’exemple d’un État modeste. Ainsi, le Mali a vécu il y a 3 ans la grève la plus longue du secteur de la santé dans son histoire. En effet, Les mouvements syndicaux du secteur de la santé avaient observé un peu plus d’un mois de grève. Les fonctionnaires du corps médical réclamaient, entre autres, une prime spéciale de fonction, une prime de garde et l’intégration de certains contractuels.

Les magistrats ont aussi observé des jours de grève. Après plus de 3 mois d’interruption de travail, les syndicats ont décidé de suspendre leur mot d’ordre. Ils réclamaient plus de sécurité dans les tribunaux pour les personnels de justice et une augmentation de salaire.

Autre mouvement social qui aura marqué le mandat d’IBK, la grève de la faim des travailleurs des chemins de fer. Les cheminots n’étant pas payés depuis 9 mois. Pour protester, une partie d’entre eux avaient entamé une longue grève de la faim. Cette grève a fait plusieurs victimes (grévistes, membres de la famille des cheminots).

Autre record ? C’est la crise scolaire qui a paralysé l’école. En effet, depuis la rentrée d’octobre dernier, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), ont observé des débrayages pendant des mois.Le principal point de blocage entre les deuxparties était la mise en œuvre de l’article 39 portant sur le statut du statut général des fonctionnaires. Finalement, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a annoncé le mardi, 16 juin dernier, l’application de l’article 39.

Jamais dans l’histoire du pays, un président de la République n’aura installé sa famille au centre des institutions. Un fils n’ayant aucune expérience politique et administrative est élu député et propulsé à la tête de la Commission Défense et Sécurité de l’assemblée nationale dans un pays en guerre. Pas moins de 4 neveux, beau-frère ou fils d’amis sont nommés au gouvernement. Les cabinets (Présidence et Ministères) obéissent à la même configuration. La conséquence immédiate a été le discrédit du Président et de l’action publique.

Au plan international, le Mali a atteint le fond de 2013 à maintenant. En effet, sous le magistère d’IBK, le Mali aura aussi connu l’humiliation de voir son droit de vote suspendu aux Nations-Unies. Le gouvernement malien n’avait pas payé ses cotisations d’État membre depuis au moins deux ans, ce qui représentait un montant d’au moins 200 millions de F CFA. Pour la mémoire de Maliens, c’était la toute première fois qu’une telle situation se présente, qui écorné l’image du Mali, depuis son indépendance.

 Que de morts !

Au fil des jours, que de cris de douleur ! Que de motifs d’indignation! Que d’actes du déshonneur ! Que des morts au quotidien ! Bref, la mère-patrie est en danger. Le 4 septembre 2018, fraîchement réélu, le président IBK a juré de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national…

Au-delà des paroles dont le pays est régulièrement abreuvé, l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national restent des vœux pieux. De toute évidence, le garant constitutionnel de l’unité nationale a échoué dans sa tentative de restaurer la paix et la stabilité. Outre le Nord, où la souveraineté de l’État reste contestée par divers groupes armés malgré la signature de l’accord de paix qui peine à s’appliquer.

Le Centre du pays s’est embrasé. La situation explosive dans la région de Mopti n’a pas reçu l’attention nécessaire et le traitement adéquat du pouvoir en place. De la première attaque contre Nampala en janvier 2015 s’est succédée une longue liste d’attaques aussi bien contre les militaires que des civils.

Pendant les mandats du président, il y a eu plus de morts au Mali du fait du conflit que pendant les 59 années précédentes, de 1960 à 2019. En effet, la comptabilité macabre donne des frissons : 115 morts de septembre à décembre 2013 ; 306 morts de janvier à décembre 2014 ; 538 morts de janvier à décembre 2015 ; 352 morts de janvier au 15 septembre 2016 ; et plus de 2000 morts de janvier 2017 à nos jours. Au total, au moins 9000 civils, militaires maliens et étrangers ont perdu la vie dans notre pays.

Autant de maux et d’actes qui démontrent à suffisance que le Mali se dirige inexorablement vers des lendemains incertains, avec à sa tête un président carrément coupé des réalités du pays. 

Mémé Sanogo

L’AUBE

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