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Gouvernance a l’ère IBK : Comment Boubou Cissé et son Club Privé managent les mines du Mali

Le département des mines et les affaires minières sont actuellement dominés par un véritable club privé dont l’âme est le ministre Boubou Cissé. Voici comment les membres du club privé peuvent avoir leurs conventions d’établissement et «Arrêtés” d’attribution de permis de recherche sur une base accélérée, sans recours ou approbation d’une réunion de la commission interministérielle et sans avoir suivi le processus d’attribution déterminé par le code minier en vigueur.

La gestion du club

Boubou Cissé ministre mine

Juste après sa nomination comme nouveau ministre des mines du premier gouvernement de Tatam LY, Boubou Cissé a déclaré à l’opinion nationale et internationale qu’il procèdera à un nettoyage de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines et à la révision des contrats miniers.

Le ministre des mines a ensuite annoncé l’annulation de 139 titres miniers pour les raisons suivantes : « Expiration, abandon sans notification ou n’ayant fait pas l’objet de travaux conséquents depuis leurs acquisitions. De nouveaux investisseurs et les sociétés minières pourront, selon la règle normale, demander ces permis libres de nouveau. Cela permettra la découverte de nouveau gisements, pour contribuer au développement par l’apport considérable à l’économie nationale et la création d’emplois ».

Cette annonce faite en Août 2014 a été accueillie avec joie par tous les opérateurs miniers ainsi que les compagnies minières privées du monde entier. Les nouveaux investisseurs étaient déjà intéressés et attendaient avec impatience les nouveaux permis libres pour commencer à travailler. Après une longue attente inattendue, les permis ont été enfin libérés à la fin Novembre 2014 ; mais pas selon la procédure  normale du code minier.

Donc, qu’est-ce qui est arrivé? Qu’est-ce qui a occasionné l’arrêt de la procédure de dépôt de demande de dossiers à la DNGM? Qui sont les coupables? Pourquoi certaines demandes de permis ont été acceptées sans passer par les procédures formelles? Pourquoi les autres demandes qui ont suivi les procédures normales ne sont pas traitées?

En effet, certaines demandes ont été rapidement traitées et les permis attribués sans avoir été approuvés par la commission interministérielle. Parmi les compagnies autorisées à investir, certaines d’entre elles ne sont même pas de droit malien ni enregistrées au Registre de Commerce et du Crédit Mobilier au Mali ; de sorte qu’elles n’ont ni de bureau fixe ni de personnel. Elles ne sont même pas tenues de soumettre tous les documents requis au moment de la soumission de dossier. De plus, elles sont autorisées à sauter la procédure normale de demande avant la file d’attente d’autres investisseurs, qui ont soumis leurs demandes et ont même été enregistrés.

Ceci est l’autre procédure du processus informel. Tout opérateur, qui ne suit pas les consignes de ce que nous appelons le «le Club privé du Ministre”, ne peut pas bénéficier des avantages d’attribution des titres miniers, en tenant compte du code minier en vigueur. Voici comment certains des membres du club agissent :

Le Chargé de mission-Mohamed Diarra

Son rôle est d’aborder certains investisseurs potentiels, leur demander de payer des frais d’adhésion au Club, choisir les titres miniers souhaités pour l’obtention des permis et payer la redevance de réussite d’adhésion au Club privé. Une fois ces Sociétés intégrées dans ce Club, elles bénéficient spécialement des Conventions et «Arrêtés” signés sans avoir à fournir tous les documents requis au moment de la demande. Par la suite, ces sociétés du club peuvent engager leurs demandes sans même fournir les pièces justificatives accompagnant leurs dossiers, tels que : La capacité technique et financière, le statut et la carte d’identification de registre de commerce, qui sont généralement demandées au cours des commissions interministérielles.

Le Directeur Finances et Matériels (DFM) -Mohamed Lamine Coulibaly

Son rôle consiste à travailler avec Mohamed Diarra, le chargé de mission, à recruter des nouveaux  membres du Club privé. Ils recueillent les frais d’adhésion à l’avance, puis le Secrétaire Général, la Directrice de la DNGM, Son Directeur adjoint de la DNGM, vont travailler et organiser la paperasserie pour faciliter les Conventions et les «Arrêtés» d’attribution de permis de recherche des ressources minérales.

Ils sont également en charge de la collecte des fonds, de réunir des avantages, organiser le nécessaire, tels que les billets d’avion pour des grandes conférences et les évènements organisés à l’extérieur du pays, les frais d’hôtels au cours de séjour de la délégation et les vacances spéciales.

La Directrice de la DNGM et son Adjoint

Leur travail consiste à saisir instantanément à réserver les titres des membres du  Club dans le cadastre minier, avant même que toute procédure de demande soit introduite. Le Segal du Ministre pour sa part, force les agents de la DNGM à faire ce qu’on leur dit de faire et arranger toutes les demandes des membres du Club. Si ces agents n’obéissent pas aux recommandations dictées par leur hiérarchie, ils seront menacés de perdre leur poste ou leur place. Alors que la Directrice et son Adjoint gèrent et assurent la sécurité des titres des membres du Club Privé du Ministre des Mines.

Le Ségal

Son travail consiste à veiller en sorte que tous les membres du club jouent parfaitement leur rôle. Il les aide également en amont en fournissant toute la documentation, les conventions d’établissement établies au sein de la DNGM et présentées au ministre des mines pour signature. Le ministre des mines s’assure que ceux-ci ont rapidement fournis les dossiers incomplets, qui ne seront pas présentés à la commission interministérielle pour contrôle et approbation. Le Segal est aussi l’homme qui doit répondre aux questions éventuelles, en cas de litige ou de demande de renseignements provenant des membres étrangers au Club Privé ; de donner l’information aux opérateurs miniers dans l’illusion que tout fonctionne dans le cadre du processus normal d’attribution des titres miniers.

On comprend donc facilement pourquoi le ministre des mines et sa famille sont allés faire leurs vacances d’été dans un hôtel super luxueux 5 Etoiles « Sheraton » en Afrique du Sud. Tous les frais étaient à la charge de l’une des sociétés membres du club privé.

Plusieurs curieux se posent les questions sur les voitures de luxe, les nouvelles villas et les vacances du ministre et de son club privé du département. Ses propres agents ne comprennent pas comment l’or qui contribue jusqu’à 13% du PIB ne peut pas briller pour eux et pour le peuple.

Comment est-il possible que le Malien lambda ne puisse pas bénéficier de ces retombées ? En fait chaque jour et de plus en plus, les Maliens sont en train de perdre leurs emplois. L’économie se ralentit, il y a très peu d’embauche au sein des compagnies minières privées et la population des zones des placers subit toute sorte d’exactions.

Les ressources du pays appartiennent au peuple du Mali. Les responsables gouvernementaux sont nommés pour en prendre soin et permettre de fructifier ces ressources pour l’épanouissement de toute la nation. Le ministre des mines et son Club, pendant un long moment, se sont sentis évidemment à l’aise pour changer les règles, une très lucrative pour leurs riches complices et le reste pour les opérateurs miniers honnêtes.

Il est possible de freiner et de stopper la corruption au ministère des mines et la fuite en avant du Ministre Boubou Cissé. Il adore apparaitre et s’expliquer à la télévision, mais pas dans un débat contradictoire avec les acteurs miniers et les spécialistes de la question. Il serait idéal de convier d’autres personnes, des professionnels indépendants et la presse privée pour lui porter la contradiction. Ainsi en lui posant des questions, en examinant ses actions, en précisant si les choses qu’il fait, sont dans l’intérêt du pays ou de son Club Privé, son bilan apparaitra en pleine lumière.

Nous invitons le ministre des mines Boubou Cissé et son équipe de gestion à un débat ouvert pour répondre à ces allégations.

Il y a beaucoup d’autres questions qui doivent être répondues.

Le Président de la République a confirmé le rapport du Vérificateur Général en annonçant à la télévision nationale qu’il y a eu 153 milliards de manque à gagner au Trésor Public en 2 ans. A ques montants et quel pourcentage se chiffrent les prédations du club privé du ministre des mines dans ce manque à gagner ?

Certes, si ces gens veulent être très riches, ils doivent travailler dur et honnêtement comme tout le monde. La fonction publique en général et le ministère des mines en particulier ne sont pas des endroits pour s’enrichir au détriment du pays et du peuple malien.

Nous nous demandons si le ministre des mines, son équipe et les spéculateurs avec lesquels ils travaillent, savent bien que les avantages qu’ils apprécient sont au détriment du peuple. Ce peuple du Mali, dont beaucoup sont en train de  perdre leur emploi, sont incapables de trouver un nouvel emploi et souffrent de la faim.

La nouvelle gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta doit prendre précautionneusement en compte les paramètres d’une bonne gestion de la RES publica, la Chose publique, si elle veut répondre enfin aux promesses de campagne et aux aspirations du peuple qui l’a plébiscité avec confiance. Ce gouvernement n’a que faire d’un Boubou Cissé, prototype achevé du haut cadre qu’il ne faut pas à la place qu’il faut.

Oumar Coulibaly

Source: Politicien

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