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Gilets jaunes à Paris : « C’est David contre Goliath »

Pour l’acte 45 du mouvement, des centaines de manifestants ont tenté de se faire entendre, avant d’être dispersés par un impressionnant dispositif policier.

 

Gilets jaunes, acte 45. Au cri de « Macron, démission ! », quelques centaines de personnes se revendiquant du mouvement tentaient de faire de nouveau résonner samedi leurs slogans dans Paris, quadrillé par des forces de l’ordre cherchant à éviter tout attroupement. D’abord rassemblés autour de la Madeleine puis de la gare Saint-Lazare, de petits groupes se sont rapidement dirigés à pied vers le quartier des Champs-Élysées, déclaré par les autorités zone interdite de manifestation depuis le saccage de l’avenue le 16 mars dernier.

« C’est l’enfer, nous ne sommes même pas une centaine, et la police nous charge, c’est David contre Goliath », témoigne Pierre, « Gilet jaune » arrivé tout juste de Rouen par le train à Saint-Lazare, les yeux rougis par le gaz lacrymogène. « Je reste motivé à manifester toute la journée et à rejoindre la marche climat », ajoute-t-il. Pour la première fois, les manifestants n’avaient pas revêtu leur gilet jaune, signe distinctif de ce mouvement social né le 17 novembre 2018. Ludivine, venue de la région parisienne pour défendre « la convergence des luttes entre la justice sociale et le climat », « n’est pas surprise » : « C’est toujours la même chose, on se regroupe à très peu et ils nous chargent », constate-t-elle.

« On fait quoi ? On se rassemble juste pour dire qu’on n’arrive pas à vivre »

En route vers les Champs-Élysées et dispersés en petits groupes, de nombreux manifestants sont contrôlés par la police et leurs sacs fouillés. Dans une rue voisine, Éric Drouet, l’une des figures du mouvement social, a été verbalisé pour participation à une manifestation non autorisée, selon une source policière. « J’ai été contrôlé cinq fois depuis le bas des Champs… On commence à avoir l’habitude, mais c’est quand même dingue. Du coup, on va voir où on peut se réunir », commente Steve, 37 ans, venu de Compiègne. « C’est ça, la France », soupire une quinquagénaire en sweat à capuche sous le couvert de l’anonymat. « On fait quoi ? On se rassemble juste pour dire qu’on n’arrive pas à vivre », proteste-t-elle.

Depuis la matinée, l’avenue est également régulièrement traversée par des cortèges de voitures, camionnettes et brigades à moto de la police, sirènes hurlantes, sous les huées des manifestants. Quelques commerces ont installé des palissades de protection pour éviter les destructions. Aux « dispersez-vous ! » de la police, criés au mégaphone, certains manifestants répondaient « Cassez-vous ! », suivaient alors des gaz lacrymogènes et des charges policières avec des matraques. Dans ce contexte de tensions sporadiques, quelques touristes interloqués pris dans le flot de la foule sont dirigés par la police hors du périmètre : « Il ne faut pas stagner ici », dit un policier à deux hommes assis sur un banc. Sur la chaussée, un bus à impériale est bloqué par un cordon de policiers. « Les touristes, photographiez ! Regardez la démocratie française », lance une manifestante, tandis que les touristes continuent de photographier l’Arc de Triomphe.

« Je croyais qu’il y avait un attentat »
Vers 14 heures, le calme était revenu sur les Champs-Élysées. De petits groupes de Gilets jaunes étaient assis sur les trottoirs et les rebords de vitrines. Au même moment, le boulevard Haussmann ressemblait à un samedi habituel, avec ses touristes aux bras chargés de sacs et sa circulation dense. Seule une dizaine de camionnettes de gendarmes mobiles garées devant les grands magasins rappelaient les manifestations du matin. « Qu’est-ce qui se passe ? » demande Georgia, une Américaine de 23 ans en vacances à Paris. « Je croyais qu’il y avait un attentat », explique-t-elle, paniquée devant le nombre de camionnettes, en sortant des grands magasins. Plus loin, une file d’attente d’une centaine de personnes attend pour visiter à l’Opéra Garnier.

À 16 heures, 137 personnes avaient été interpellées et 90 placées en garde à vue, selon la préfecture de police de Paris. Des « armes par destination », comme des boules de pétanque ou des marteaux, ont été saisies par les forces de l’ordre.

Le Point.fr

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