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Gao : l’appel des populations

Alors que de vives tensions persistaient depuis le 30 décembre 2014 dans différentes localités du septentrion, et qu’Aroudeiny Ag Hamatou, maire de la commune d’Aderanboukane, avait succombé aux blessures subies lors de l’embuscade dans laquelle il était tombé sur une route près de Ménaka, un forum, intitulé «Rencontre de Gao», a eu lieu du 2 au 4 janvier 2015 dans la Cité des Askia, à l’initiative de 3 députés du cercle de Gao, autour des thèmes de la paix, de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.

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Environ 300 personnes, venues des 7 communes du cercle, y ont participé, en présence de représentants du ministère de la Réconciliation nationale et du ministre de l’Eau et de l’Assainissement. Avaient répondu présent, le Gouverneur, les Préfets, des représentants du Conseil régional, le maire de la commune de Gao et ceux des 7 communes du cercle, les chefs de villages et chefs coutumiers des fractions et communes sédentaires et nomades et les représentants des religieux, des femmes, des jeunes et des services techniques.

Répartis en 3 sous-commissions, les participants ont échangé sur les questions relatives à la sécurité et à la défense, sur celles liées à la réconciliation et enfin, sur celles déterminantes pour le développement. Ceux venus de Bamako ont écouté les échanges, mais ce sont les représentants des populations du cercle de Gao qui ont dressé la liste des recommandations.

Ce sont eux évidemment qui doivent maintenant assurer localement la restitution de la rencontre. Cette liste, intitulée «l’appel des populations de Gao», a été lue dans la salle de réunion en fin de rencontre, comme chacun a pu brièvement le voir à l’Ortm. Le texte n’a pas encore été rendu public à l’heure de la mise sous presse de Le Reporter. Des participants n’ont cependant pas hésité à entrer dans le détail de certains points qui leur sont chers.

Les notables doivent sensibiliser les jeunes qui ont pris les armes pour qu’ils les déposent afin d’entrer dans la logique de la paix. Le gouvernement doit réhabiliter les chefs traditionnels. Toutes les écoles doivent être rouvertes. Les populations ont exprimé leur exigence qu’aucune réintégration de déserteurs ne doit être prévue dans les futurs accords d’Alger. Elles recommandent l’organisation de fora dans tous les villages, quartiers et communes pour réinstaurer le dialogue, mais aussi pour que ceux qui ont commis des actes répréhensibles, entendent ce qui leur est reproché, jusqu’à quel degré, et vis-à-vis de qui.

Dans le cadre de la justice traditionnelle, ceux qui ont été victimes pardonneront, s’ils le peuvent. Ce premier pas franchi n’exclut aucunement que les responsables des groupes armés soient jugés par la justice nationale ou internationale, car personne n’acceptera que l’impunité perdure. Etant donné que c’était la première fois que participaient à ce type de rencontre des responsables de communes et fractions, dont celles occupées actuellement par les indépendantistes, les populations espèrent que leurs recommandations seront suivies d’effets bénéfiques et que ce ne sera pas un forum de plus, classé sans suite.

Les participants ont pris l’engagement de contacter, dès leur retour, tous les déplacés et réfugiés de leur localité afin de les informer de la tenue et du contenu de cette rencontre, afin de les encourager à revenir sans crainte chez eux. Cette rencontre autour des questions relatives à la sécurité, la défense, la réconciliation et le développement a eu lieu dans un contexte qui va au-delà des relations intercommunautaires, puisque de nombreux actes «terroristes» sont posés régulièrement dans le septentrion depuis un certain temps. Les populations craignent que tous ces actes qui sèment la terreur ne soient perpétrés que dans l’unique but d’empêcher les pourparlers d’Alger d’aboutir à la paix.

Cependant, elles se veulent optimistes car elles ne souhaitent qu’une chose : la PAIX.  Elles attendent le redéploiement de l’armée malienne et le retour de l’état de droit sur l’ensemble du territoire. Elles attendent que justice soit enfin rendue, afin que les plaies ouvertes commencent à se cicatriser. Les populations comptent sur la signature des accords, car ensuite, si les agressions perdurent, il sera aisé de repérer ceux qui les commettent, et s’ils sont parmi les signataires de ces accords, il ne restera plus qu’à les classer comme terroristes et ennemis de la paix. La justice sera alors en mesure de les juger comme tels.

 

Françoise WASSERVOGEL

Source: Le Reporter

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