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Gambie: décès d’un 3e manifestant, cinq autres remis en liberté

Un jeune Gambien blessé lundi par la police lors d’une manifestation contre une pollution industrielle a succombé mercredi à ses blessures, portant à trois le nombre de morts, et cinq autres manifestants ont été remis en liberté, a-t-on appris auprès d’un responsable local.

Amadou Nyang, un étudiant de 24 ans, « est décédé tôt mercredi » à l’hôpital de Banjul où il avait été admis « après avoir été blessé par balle » par la police, a déclaré à l’AFP Pa Jobe, qui dirige le comité villageois de Faraba Banta.

Tôt lundi matin, les unités d’intervention de la police (PIU) étaient intervenues dans cette localité de l’ouest du pays, où les habitants protestent depuis des semaines contre l’exploitation d’un site d’extraction de sable servant à la construction, qui, selon eux, pollue les rizières de cette région bordant le fleuve Gambie.

Deux jeunes hommes étaient morts sur place. Six civils et 16 policiers avaient été blessés, selon un bilan officiel.

Six manifestants avaient été interpellés lors de la manifestation, au cours de laquelle des engins de chantier et des bâtiments, dont un poste de police, avaient été incendiés.

« Cinq des manifestants arrêtés par la police ont été remis en liberté sans condition. Nous les accompagnerons demain (jeudi) à l’hôpital pour des examens car certains ont été blessés », a indiqué mercredi soir M. Jobe, dont le comité a été au coeur de la contestation à Faraba Banta. Les résultats de l’autopsie des corps des trois victimes seront communiqués jeudi aux familles.

Après l’opération à Faraba Banta, cinq officiers de police ont été placés en détention et les activités d’extraction de sable suspendues jusqu’à nouvel ordre.

« J’ai donné des instructions pour qu’une enquête complète soit menée afin de répondre à la situation et empêcher sa répétition à quelque endroit que ce soit dans le pays », avait déclaré mardi soir dans une intervention télévisée le chef de l’Etat gambien, Adama Barrow, arrivé au pouvoir dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest en janvier 2017.

Le successeur de Yahya Jammeh, qui a dirigé le pays pendant 22 ans, a affirmé que les forces de sécurité « ne devraient en aucune circonstance faire usage de balles réelles contre des citoyens non armés et sans défense ».

Il a aussi promis des « mesures pratiques et législatives » pour éviter de telles violences, ajoutant : « Dans la nouvelle Gambie, nous sommes déterminés à sauvegarder notre liberté et notre démocratie ».

« Cela fait remonter des souvenirs douloureux d’un passé récent », a relevé dans un communiqué une chercheuse d’Amnesty International chargée de l’Afrique de l’Ouest, Sabrina Mahtani. « Les Unités d’intervention de la police ont un historique d’un usage excessif de la force sous le règne violent de l’ancien président Jammeh », a ajouté son collègue de Human Rights Watch, Jim Wormington, cité dans le même communiqué conjoint.

Saluant l’annonce « positive » d’une enquête approfondie, les deux ONG réclament une « accélération » des réformes de la police.

AFP

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