Le 18 septembre dernier, à New York, tous les chefs d’Etat du G5 Sahel (G5S) se sont rassemblés autour du président français Emmanuel Macron et du président de l’Union africaine Alpha Condé. Tous, sauf Idriss Déby, qui a souhaité par ce geste politique fort montrer que le Tchad ne se paierait pas de mots. L’enjeu de la réunion était en effet de trouver les modalités du déploiement de la force conjointe du G5S, qui reste cruellement sous-financée en l’état. Et le résultat n’a pas été entièrement convaincant : la question du financement (seuls 50 millions d’euros sur un budget de 450 millions ont été engagés) a été reportée à une conférence des donateurs prévue pour la mi-décembre à Bruxelles.
Rétrospectivement, la position d’Idriss Déby apparaît totalement justifiée, et ses homologues du G5S ont probablement quitté New York déçus. Mais ce résultat en demi-teinte aura eu l’utilité de remobiliser l’ensemble des cinq gouvernements vers leur objectif commun. L’allocution à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies du ministre nigérien des Affaires étrangères, Ibrahim Yacoubou, était centrée sur l’impérieuse nécessité de financer cette force, mettant notamment en garde contre le risque de détérioration de la situation au Mali. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, est allé dans le même sens. Il a également souligné le rôle crucial joué par le Tchad aussi bien au Nord-Mali que dans toute la région. Le 2 octobre, c’était au tour de la Mauritanie d’en appeler aux partenaires des cinq Etats, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Khadijetou Mbareck Fall : « Je saisis cette occasion pour exhorter nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à apporter leur appui à la force conjointe du G5 Sahel », a-t-il déclaré.
L’enjeu n’est pas mince. Le président tchadien l’a rappelé à plusieurs reprises, l’effort financier d’entretien d’une force de 5.000 hommes ne peut pas peser exclusivement sur le budget de ces Etats du Sahel, qui connaissent en outre des difficultés économiques conjoncturelles importantes. Or la situation sécuritaire est critique : un récent rapport remis au Secrétaire général des Nations unies souligne sans équivoque la dégradation générale de la situation au Nord-Mali, laissant planer le risque d’une reprise des hostilités. Et le 4 octobre, un groupe terroriste a tendu une embuscade meurtrière à l’armée nigérienne, faisant 8 morts, dont trois militaires américains qui encadraient leurs homologues, ainsi que de nombreux blessés. Peut-être cette nouvelle tragédie permettra-t-elle d’accélérer le financement, et donc le déploiement, de la force conjointe du G5 Sahel.
Source: mediapart