En 1970, date de sa création à Niamey (Niger), l’ACCT (Agence pour la Coopération Technique et Culturelle) devenue l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) en 1995, avait comme cœur de métier, la promotion de la Diversité linguistique et culturelle, en faisant de telle sorte que l’Humanité ne bascule pas d’une Mondialisation qui fait la part belle aux Diversités, vers une Globalisation qui est en cours et qui impose un universalisme dominant (une dictature linguistique, culturelle, juridique, sécuritaire et économico-financier).
En 1997, à Hanoï (Vietnam), soit 27 ans après sa création, la Francophonie allait faire sa première Renaissance, en complétant à sa mission première et fondamentale (la promotion des diversités Linguistiques et Culturelles de l’Humanité), la prise en charge de la Politique (Gouvernance, Droits Humains) et du Sécuritaire (les menaces globales »irrédentisme religieux, environnement, développement durable… »).
En 2014, à Dakar (Sénégal), soit 17 ans après sa première Renaissance, la Francophonie va faire sa deuxième Renaissance, en se mettant en phase avec la marche du monde, parce qu’elle prendra à-bras-le corps, la question du Marché et de l’économie globalisée. La Francophonie va ainsi devenir, une organisation « sociale totale » pour parler comme le sociologue Marcel Mauss. Parce qu’elle, la Francophonie, aura désormais, un agenda à la fois Culturel, Linguistique, Politique, Sécuritaire mais surtout Economique.
C’est aussi tout l’enjeu de ce sommet de Dakar, du 29 au 30 Novembre 2014 dont le défi (de la Francophonie), sera éminemment économique. Le modèle anglo-saxon a très tôt compris que pour dominer le monde dans la durée et dans la perspective, il faut aussi investir dans les deux ‘’E’’: l’Economie (le Marché et la Monnaie) et les Ecrans (l’Information et la Communication).
Seulement, là où la Francophonie (issu du modèle gréco-germano-latin) est en avance sur le modèle anglo-saxon, c’est au niveau de sa fondation et de sa structuration, parce qu’en termes de dissémination, les forces sont en égalité parce que le français et l’anglais sont les deux seules langues au monde qui sont parlées sur les cinq continents.
Au niveau de la fondation, l’avantage comparatif et distinctif de l’OIF sur le Commonwealth est le fait que la Francophonie est bâtie et construite sur une fondation solide: la Culture. Alors que le Commonwealth est bâti et construit sur une fondation mouvante: l’Economie de Marché, avec sa volatilité et ses dérives.
Au niveau de la structuration, la Francophonie est bien présente et vivante aussi bien qu’au niveau des institutions culturelles qu’au niveau des institutions linguistiques, académiques, universitaires, environnementales, sportives etc… Ce qui fait que la Francophonie a déjà réglé et a déjà tissé le Lien. Elle lui reste à aller à la conquête du Bien. Et dans le nouveau business model géoéconomique (Economie des Services à la personne) en ligne de mire, il faudra tisser et nourrir le Lien pour accéder et conquérir le Bien.
Parce que la Culture précède l’Economie (de Marché), d’où tout l’intérêt et l’urgence pour la Francophonie, de s’insérer dans la Mondialisation en l’attaquant et en le rentrant du bon bout: l’Economie réelle (Economie agissante) plutôt que la Financiarisation de l’Economie (la Bourse).
La séduisante candidature de Jean Claude de l’Estrac
Et pour cette mission commando pour la Francophonie, le profil du nouveau Secrétaire général sera déterminant et sera la clé de voute. D’où après une lecture lucide et une analyse dépassionnée et minutieuse, la plus pertinente, séduisante et porteur d’espérance collective pour porter à-bras-le corps cette Renaissance tant voulue et attendue de la Francophonie, c’est la candidature de Jean Claude de l’Estrac.
La plus-value de la candidature du mauricien Jean Claude de l’Estrac, tient à la place qu’elle accorde à la dimension économique de la Francophonie. Surtout que Jean Claude de l’Estrac estime que la gestion réussie des diversités culturelles (mission première de l’OIF) est le préalable indispensable à la croissance économique et à l’emploi. Et l’Ile Maurice, nation multilinguistique, économie émergente et la plus compétitive en Afrique en 2014, en est un exemple patent. Mais aussi, l’Ile Maurice est un véritable‘’laboratoire de la diversité’’.
Le projet de Jean Claude de l’Estrac pour la Francophonie, fait la part belle à l’Economie tout en se proposant de consolider « le magistère d’influence » culturel et politique de l’organisation, notamment par la création d’une Agence Francophone de Promotion de l’Industrialisation qui sera comme le dit lui-même Jean Claude de l’Estrac, une arme de construction massive. Mais aussi, par la mise en place d’unObservatoire des Diversités Culturelles.
Ensuite, l’expérience mauricienne, celle du vivre ensemble et du développement économique, est de nature à inspirer et à mobiliser les Etats francophones d’Afrique autour du projet que propose Jean Claude de l’Estrac. L’expérience de l’Ile Maurice pourrait être une boussole pour toute la francophonie, non seulement du point de vue de la gestion réussie des diversités culturelles, mais aussi, du développement économique. Les deux étant intimement liés.
Le gentleman agreement
L’OIF, c’est un peu à l’image du gentleman agreement passé entre Occidentaux s’agissant des institutions de Bretton Woods, qui veut que la Banque mondiale soit toujours présidée par un américain et le FMI, par un européen. Même si les Américains manœuvrent et veulent maintenant ‘’récupérer’’ le FMI. Depuis, le sommet de la Francophonie à Hanoï (Vietnam) en 1997, un pacte tacite veut que l’Administrateur général de l’OIF soit un ressortissant du Nord et le Secrétaire Général de la Francophonie, un ressortissant du Sud. Et comme l’actuel Administrateur général de l’OIF, Michel Duhaime, est un canadien et a vu son mandat renouvelé jusqu’en 2018, d’où toutes les chances de Jean Claude de l’Estrac, de devenir le successeur d’Abdou Diouf, à la tête de la Francophonie.
D’autant plus l’ex-premier ministre du Québec, Bernard Landry estime que la nomination de la canadienne Michaëlle Jean qui est le challenger du favori Jean Claude de l’Estrac à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie, enverrait un très mauvais message en ce sens qu’à titre de gouverneure générale du Canada, de 2005 à 2010, «elle a été la représentante de la reine d’Angleterre». «Passer de ce statut au personnage le plus important de la francophonie ne me paraît pas convenable. Ça m’apparaît être une mauvaise symbolique», confie Bernard Landry en entrevue avec Le Soleil. Ensuite, Bernard Landry relève que Michaëlle Jean «a renoncé à sa citoyenneté française pour pouvoir accéder, selon son ambition personnelle – et c’est légitime -, au poste de chef de l’État du Canada». A l’instar de l’ex-chef péquiste, plusieurs souverainistes québécois voient d’un très mauvais œil la candidature de l’ex-gouverneure générale du Canada.
Siré SY
CEO Africa WorldWide Group
Géostratégie & Géoéconomie
Dakar- Casablanca