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François Hollande en visite au Mali, pays toujours convalescent

Seule la saison des pluies pourrait éventuellement gâcher la fête. François Hollande se rend à Bamako, jeudi 19 septembre, pour la cérémonie d’investiture du président malien Ibrahim Boubacar Keita, surnommé « IBK » dans son pays, élu le 28 juillet, où il fera figure d’invité d’honneur. Le discours d’une dizaine de minutes qu’il prononcera au Stade du 26-Mars, avant celui d’IBK et après le défilé des troupes maliennes, tchadiennes et françaises, devant des dizaines de milliers de Bamakois, s’annonce déjà comme un triomphe.

Au Mali, le président de la République jouit d’une popularité record, loin des tréfonds dans laquelle elle se traîne en France. Pour le chef de l’Etat, la visite se présente comme l’occasion de mettre en scène le succès de l’opération militaire et de la transition politique qui l’a aussitôt suivie. « Une page se tourne au Mali, et aussi dans la relation avec la France. Nous avons un peu le sentiment du devoir accompli », indique Hélène Le Gal, conseillère Afrique du président, qui devait aussi rencontrer des personnels du dispositif Serval.

 

Après les déconvenues essuyées sur le dossier syrien, le voyage fournit au chef de l’Etat l’occasion de regonfler son capital diplomatique avant de s’envoler pour l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, mardi 24 septembre. Le message vaut pour la Syrie comme pour le Mali : « La France prend ses responsabilités dans le monde. Elle reste une puissance engagée, une puissance repère », indique-t-on à l’Elysée.

 

ENTAMER DES POURPARLERS AVEC LES GROUPES REBELLES

Si le Mali a réussi la première étape de sa transition politique avec la tenue pacifiée d’une élection présidentielle, c’est néanmoins dans un pays convalescent qu’atterrira M. Hollande. Une grande partie des maux qui ont favorisé l’écroulement de l’Etat malien en 2012 demeurent. Le premier chantier du gouvernement IBK est celui de la réconciliation nationale. Dès son entrée en fonctions, le 4 septembre, le nouveau chef de l’Etat a vouluenvoyer plusieurs signes forts. Un ministère de la « réconciliation et du développement des régions du Nord » a été créé. Celui des affaires étrangères a été confié à un ancien rebelle arabe, originaire du Nord, Zahaby Ould Sidi Mohamed.

 

IBK a également annoncé l’organisation d’« assises nationales du nord » censées mettre un terme « définitif » aux rébellions touareg qui ont traversé l’histoire du Mali depuis son indépendance. Mais tout reste à faire.

 

L’accord de Ouagadougou, signé en juin avec les Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad, a certes permis la tenue de la présidentielle sur l’ensemble du territoire. Selon l’accord, le nouveau gouvernement doit maintenant entamer des pourparlers avec les groupes rebelles dans un délai de soixante jours. Or la situation reste tendue sur le terrain. Le 12 septembre, un accrochage, le premier depuis juin, a opposé des soldats maliens et des membres du MNLA, autour de Léré (Nord-Ouest). Le 15, c’est le convoi de trois ministres, en visite à Kidal, fief touareg, qui a été caillassé.

 

PRÉPARER LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

Sur le plan sécuritaire, toujours, les groupes djihadistes qui avaient pris le contrôle du Nord en 2012 ont été délogés par l’opération militaire franco-tchadienne. Mais la situation demeure fragile dans cette zone immense, ouverte aux trafics. Récemment, les soldats français ont découvert un véhicule contenant près d’une tonne d’explosifs près d’Anéfis, à l’extrême nord-ouest. Et l’armée malienne est encore loin d’être opérationnelle. L’EUTM, la mission européenne chargée de la remettre sur pied, vient de former un deuxième bataillon de 700 hommes. Cette mission doit s’achever en mars 2014, mais le général Bruno Guibert, qui la commande, a appelé, mardi, à la prolonger d’un an.

 

La formation de huit bataillons – 5 000 à 6 000 hommes – « me semble le minimum souhaitable », a-t-il prévenu. La force française Serval doit, selon Paris, être réduite de 3 200 à 1 000 hommes d’ici à la fin de l’année. Encore faut-il que la force de l’ONU, la Minusma, puisse prendre le relais. Celle-ci ne compte actuellement que 5 000 hommes sur les 12 000 annoncés initialement.

 

Le président IBK, élu avec près de 80 % des suffrages, jouit d’une forte légitimité. Il doit maintenant préparer des élections législatives qui s’annoncent délicates. Leur organisation sera du ressort du ministre de l’administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, que l’opposition avait mis en cause lors de la présidentielle. Assurer la légitimité de ce scrutin nécessite aussi de régler les problèmes logistiques alors rencontrés. La grande majorité des déplacés, chassés du Nord par la guerre, n’avaient pas pu voter.

 

Dernier chantier en suspens pour le Mali : celui du développement économique. La communauté internationale a promis 3,2 milliards d’euros en deux ans au pays, l’un des plus pauvres d’Afrique. Jusqu’ici, 150 millions ont été décaissés, dont 18 millions par la France. A Paris, où l’on porte un regard « positif » sur les premiers gestes d’IBK, l’on assure que la France sera « aux côtés du Mali sur tous ces chantiers ». Le nombre de chefs d’Etat africains présents à Bamako ce jeudi indique que le Mali compte aussi sur tous ses amis du continent.

Source: Le Monde.fr

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