Un article à charge contre l’Afrique francophone et ses hommes d’affaires
Dans les allégations portées contre Sidi Kagnassi, un avocat français parle d’une instrumentalisation possible de la justice « par des concurrents souhaitant évincer son client de certains marchés publics ». Le soupçon est grave, mais n’est-il pas crédible? Ne vise-t-elle pas la presse elle-même, à son tour instrumentalisée pour faire enfler une rumeur et donner à l’enquête préliminaire visant Sidi Kagnassi le caractère du « sensationnel », de l’ « exclusif ».
Dans les allégations portées contre Sidi Kagnassi, un avocat français parle d’une instrumentalisation possible de la justice « par des concurrents souhaitant évincer son client de certains marchés publics ». Le soupçon est grave, mais n’est-il pas crédible? Ne vise-t-elle pas la presse elle-même, à son tour instrumentalisée pour faire enfler une rumeur et donner à l’enquête préliminaire visant Sidi Kagnassi le caractère du « sensationnel », de l’ « exclusif ».
Blanchiment d’argent ou biens mais acquis ? De quoi s’agit-il exactement ? Difficile de le dire après la lecture de l’article de notre confrère de Challenge.fr, article estampillé avec la mention « Exclusif ». Ce qui est « exclusif » pour un magazine français ne l’est assurément pas dans notre espace sahélo-sahélien, puisqu’il est évident que les montants en jeu (10 millions d’euros) sont faibles par rapport aux contrats obtenus par les différents consortiums ou entreprises que dirige Sidi Kagnassi, dont les affaires, en plus de la Côte d’Ivoire et du Mali, s’étendent à des pays comme le Kenya.
L’achat de propriétés et des biens mentionnés n’est pas un fait nouveau. Ce n’est pas non plus un fait nouveau que de dire la famille Kagnassi brasse des milliards depuis une quarantaine d’années. Le père, Mohamed Kagnassi, a déjà fait l’objet de plusieurs contrôles, partout dans le monde. Les affaires du fils lui-même ont été souvent passées à la loupe. Au Mali, dans une affaire d’armes, la Cour suprême l’a blanchi. Une enquête préliminaire n’est pas un fait exclusif, ou sensationnel. Qui a donné un caractère exclusif à la garde à vue du grand patron français Bolloré, et aux révélations qui ont suivi?
Selon d’autres informations recueillies, la famille Kagnassi a déjà eu à faire face à une dizaine de contrôles et d’investigations de ce type. Rappelons qu’une « enquête préliminaire » n’est pas une mise en examen, ni une inculpation, ni une preuve de culpabilité. La présomption d’innocence existe. Il est normal que certains se posent des questions. Et que la transparence entoure de plus en plus le monde des affaires, d’autant plus que Monsieur Sidi Kagnassi n’a rien à cacher. Ses biens ne sont pas « mal acquis », et sa fortune n’est pas le résultat d’un quelconque blanchiment. Aujourd’hui, Nous constatons que la mode est à une justice-spectacle qui s’en prend aux dirigeants politiques, et aux champions nationaux et africains. Pour le journaliste d’investigation occidental, Sidi Kagnassi est doublement coupable, même s’il n’existe aucune preuve : 1) c’est un acteur politique 2) il est issu d’une famille fortunée. La rumeur enfle : biens mal acquis, blanchiment, dit-on ? Or, 10 millions d’euros, c’est une somme bien dérisoire au regard de ce que pèse la famille Kagnassi. En réalité, ce genre d’article part de l’hypothèse suivante : il ne peut pas y avoir en Afrique d’affaires honnêtes, d’hommes d’affaires intègres. Cela pose le problème du prisme avec lequel l’Occident regarde l’Afrique et ses hommes d’affaires. On parle à nouveau de « Françafrique », dans une affaire pourtant simple ; on mêle la politique et les affaires, on ressuscite Focart et les hommes de l’ombre, on convoque tant de clichés pour une simple enquête préliminaire !!!
Si des journalistes africains dénonçaient les entreprises françaises et les hommes d’affaires occidentaux avec les mêmes sous-entendus, on parlerait de chasse aux sorcières contre des entreprises européennes.
Une même tentative ayant été faite, il y a trois ans, pour incriminer Monsieur Kagnassi, les gouvernements africains, mais aussi les opérateurs économiques et les acteurs sociaux du continent, doivent réagir, afin de protéger les champions locaux, dont la réussite dérange, parce qu’ils ont la capacité de créer des richesses et des emplois à travers le secteur privé. L’esprit entrepreneurial se développe en Afrique, avec des créateurs d’entreprises et des dirigeants africains qui apportent des réponses africaines au défi de l’emploi et de la diversification de l’économie. Un avocat français qui affirme que la justice est instrumentalisée, afin de nuire à son client : c’est le signe du danger qui menace tout le secteur privé africain. C’est ce que nous avons voulu dire et écrire, au moment où naissent des champions africains dans l’Afrique francophone. Le monde des affaires de l’Afrique anglophone est moins soupçonné de malversations. Il est vrai que Sidi Kagnassi est présenté comme un millionnaire malien…. Millionnaire en euros. Pour nous Africains , ce n’est pas un millionnaire, mais un milliardaire même si c’est en Francs CFA.
Charles KOUASSI
Source: L’intelligent d’Abidjan